Ce soir, j'ai trop bu. Je le sais bien, le clavier virevolte, je ne sais plus où donner de la tête, en AZERTY ou QWERTY. J'ai bu, trop, mais relativement pas assez, c'est le paradoxe. Les glandes cérébrales se mettent en marche, mais sont encore trop inhibée. Encore plus d'alcool et c'est la reflux gastrique et rédhibitoire. Pas bien.
Alors je fais avec, je vais vite fait au McDo du coin pour engouffrer un menu avec des grosses frites, augmenter la quantité de gras et réduire la vitesse d'assimilation de l'alcool dans mon sang à moi, sans garantie de succès. C'est triste. J'ai un délai dans la stéréo et cette page demande tout de même toute ma concentration. Pas bon signe.
Vous me direz: j'aurais pu ne pas boire. Certes. Si vous croyez que c'est facile... Parfois, trois verres, c'est plus que l'on ne croit. Moins aussi, mais ici n'est pas le sujet. Mais avec l'alcool ressortent les dilemmes. Elle, pas elle. Là, pas là. Maintenant, pas maintenant. Tout ces choses justement inhibées pour ne pas avoir mal à la tête, qui en profitent lâchement.
Au McDo, il n'y a presque personne, elle me refile la tasse bonus du mois dans la couleur la moins populaire, celle qui reste. Il est minuit et je m'en fous, mais comment lui faire comprendre? Elle a un contrat pour vendre des hamburgers à des pas nets imbibés jusqu'à 2h du matin alors quelle différence fais-je ici? Valeur ajoutée? Point. Too bad. La tasse orange, celle que personne ne veut, la couleur orpheline, celle des perdants et des nocturnes.
Devant l'absurdité solitaire nocturne, je me retrouve ici. Et voilà: le sens de la vie après 30. Unique et inflexible, solitaire mais léger. Les trentenaires ne sont pas une classe favorisée, ils se bornent à chercher, peut-être avec un peu plus de coeur au ventre, ce que tous les autres cherchent. Pas d'exclusivité ni de prééminence, juste la musique répétitive et morne que tous entendent. On se bat, ce n'est pas tout, mais c'est beaucoup. Bref. Je retrouve le clavier, blanc sur fond noir. Et demain est déjà aujourd'hui et aujourd'hui, j'aurai mal à la tête.
Hier, j'ai appris que Belette stylée s'était mariée, au Monsieur de chez Peugeot, celui avec lequel elle vivait depuis longtemps, allemand lui aussi. On a beau être habitué, cela fait un choc, quand même. Une de moins, une de plus et voilà... Mais ce n'est pas à cause d'elle que j'ai bu, non. Désoeuvrement et nécessité sociale furent les mots-clés précédents, l'on me les pardonnera. Je ne sais même plus si j'ai réussi à dire les choses sensées que je voulais dire...