mercredi 23 décembre 2009

Dernières nouvelles du front

(Je pense honnêtement que c'est le titre parfait après le post précédent)
Paris s'assoupit dans l'humeur des fêtes, les embouteillages et les lumières pâles et bleues des LEDs citadines. On va bientôt fermer, c'est pas trop tôt. Alors je vais prendre le TGV et partir bien loin, si, là-bas vers la côte, où le temps est autre et où Petit Coyote est déjà.
On referme donc cette page 2009 avec soulagement, on fera les bilans et les tirages de leçons plus tard, là non: on dort et on récupère.
Si j'avais su... :)

dimanche 13 décembre 2009

Tiré par les cheveux

Comme me disait certaine la semaine dernière: "Y a pas de coiffeur à Paris ou bien c'est la coupe parisien sauvage?". Des remarques comme celle-ci, j'ai bien dû en entendre des tonnes, amusant que ce soit celle-ci qui me reste. Je passe sous silence les regards de mes collègues de travail et d'infortune commerciale (ben oui, si encore on pouvait choisir ses clients). Et puis bon, comme c'est bientôt Noël et qu'il va falloir faire joli sous le sapin avec Petit Coyote, je me suis laissé influencer.

Saisi donc d'un côté par un sens du devoir très profond et de l'autre par la nécessité, je parcourais la rue attenante et fourmillant de coiffeurs, coiffeuses, soin du cheveu tout ça tout ça. Pour faire jaser Suricate Myope, exprès, je suis allé chez Franck Provost... Après, parcourant la ville autour de cette rue, je me suis rendu compte que c'était une chaîne, avec un design, une identité, que dis-je: une philosophie? Dedans, c'est propre, mais j'ai pas trop compris. Ils tenaient absolument à me faire boire quelque chose. Pas trop à me couper les cheveux, apparemment. Finalement, la coiffeuse artisanale de ma rue à Munich, c'était aussi bien.

Là, le coiffeur (car il a fallu que je tombe sur le seul coiffeur) me ciseauta approximativement un petit quart d'heure et puis il me dit que comme je n'avais pas trop de cheveux, il valait mieux en rester là. Non mais... je rêve ou quoi? Me faire insulter? "Pas trop de cheveux"? Et puis quoi encore? Il croit que ça me fait plaisir de retrouver des cheveux plein ma baignoire, agressé par la pollution, les shampooings approximatifs, l'absence des 5 fruits et 5 légumes et la vie salariée malsaine rythmée seulement par les transports en commun? Il ciseaute un peu et puis voilà, c'est fini. Il n'essaye même pas de me vendre le shampooing régénérateur à la gelée royale ou je ne sais quoi: il s'en fout. Au suivant!

Deux chaises plus loin, un Roger se fait biseauter par une coiffeuse au physique munichois (mais en 4/3). A qui il explique qu'il va faire du bateau avec sa femme et qu'elle en est drôlement contente. L'homme libre chérira toujours la mer. La bourgeoise aussi, apparemment. Lui, il a un café. Autant il est malsain de se balader en ville sans les écouteurs blancs d'une certaine marque californienne, autant un magasin ne s'entend plus sans sa cafetière design étincelante et la petite étagère à côté pour ranger les sachets/patchs/gobelets individuels, invention d'un génie du marketing: comment vendre plus cher des quantités inférieures? Bref, je suis content de ressortir, avec presque toujours autant de cheveux (c'est-à-dire moins?). Merde, il fait froid. A Paris aussi, la neige s'approche. Enfin, ce qu'il en reste.

Ce blog n'était pas sponsorisé par St-Algue. Non, il ne l'était pas... pas besoin!

jeudi 10 décembre 2009

Alcoolique

Ce soir, après une journée particulièrement pourrie, je suis allé boire avec des collègues. De fil en aiguille, à enchaîner les caipirinha, je me suis rendu compte qu'en fait, eux aussi. Les mêmes questions que moi, un peu différentes, certes. Suffisamment, de quoi s'abrutir un mercredi soir. C'est triste, si.

Oui, je suis encore dans mon trip de me dire que j'aurais pas dû partir pour finalement si peu, une ville étrangère et une grande blonde inaccessible, encore plus. Je rentre chez moi après le taxi sous la pluis, ils sont deux dans la cuisine et me dévisagent. 39m² hors de prix et une famille de cafards très résistants. Tout ca pour ca. Bravo, grand Coyote, bravo...


mardi 8 décembre 2009

All that you can't leave behind

J'étais à Munich pour le week-end et les jours suivants afin de parler aux constructeurs de tracteurs (qui sont d'un naturel très inquiet). Outre le fait qu'il y faisait le même temps qu'à Paris, la ville était plongée dans son insouciance villageoise de droite habituelle, d'autant plus marquée en ces temps de courses de Noël. Une tentative de courses avec Suricate Myope se solda par un échec devant la masse et l'inutilité de la tâche. Bref, autant rentrer au chaud et boire. Pas du Glühwein, d'ailleurs (suffisamment d'alcooliques sur les quais du métro en début de soirée).

Squattant honteusement mais confortablement chez Carcajou Philosophe (après un bref passage chez Suricate Myope qui me vira ensuite de son canapé pour me remplacer par sa bavaroise régulière, ce qui est de bonne guerre), je considéra ma vie passée, présente et future. Celle qui fut, celle qui sera, celle qui est, plus mouvante mais semble-t-il toujours instable et encore fidèle à l'une des constatations fondatrices de ce blog "pas là où elle devrait être"...

Le week-end se passa paisiblement, à peine marqué par quelques escarmouches, par exemple sur le pantalon de pyjama scintillant du Suricate, la non-relation officielle de Malinou Emplumé (ou bien est-ce une relation non-officielle?), le couronnement de Diabolo, l'emménagement du Castor et le calme olympien du Carcajou. Munich ou les jours paisibles et la tyrannie du calme détendu. Ma famille, quoi.

Chez les fous, pardon, les constructeurs de tracteurs, le stress pour rien, les paons qui font la roue, les chats sauvages qui feulent pitoyablement, les couloirs gris et les distributeurs de café. Rien, rien, cela n'en valait pas la peine, bah non, pas pour ça, pas pour un workshop comme aux pires heures du passé, pas pour le show pitoyable, la démonstration de force ridicule, non, rien n'a changé: vous êtes minables et pourtant vous vous prenez pour les maîtres du monde. Autant d'argent et si peu de jugement. Triste, sans aucun avantage.

Je parcours les couloirs, je vois des gens connus, je les salue, je continue. Même Cuculidée Malchanceuse, plongée dans une conversation fascinante à son bureau avec un allemand. Elle le regardait avec insistance, comme un allemand, comme à son habitude. Elle est très forte pour faire croire à son intérêt, mais voilà, après, considérons les choses froidement: elle va se plaindre auprès des français locaux que ce gars qu'elle a presque hypnotisé est une buse et qu'elle a perdu son temps à tenter de lui expliquer des choses qu'il est incapable de comprendre. Scène rejouée mille fois. Tout ne peut pas changer, pas si vite. M'en fous, en fait.

Le matin, auparavant, je revois Grande Belette. Ma faiblesse à moi. Qui serais-je pour reprocher au Carcajou de collectionner les points Bio? Moi, je cours La revoir au moindre passage à Munich. Pourtant j'ai tenu parole: j'avais dit que je n'irais pas la voir le week-end. D'abord. Et puis elle était là, ce matin, à la devanture du café. Et j'entendais Stevie Wonder "Isn't she lovely? Isn't she wonderful?". Pourquoi elle? Elle, si "superficielle", me disait-on? Ces choses-là ne s'expliquent pas. Un jour, elle a simplement cessé d'être superficielle. Je suis fier et cassant, je cours parmi les chacals, mais il suffit d'un regard, le sien et je perds le rythme. On se sépare devant le métro, je la laisse sous son parapluie. Dans la rame, je me demande pourquoi j'ai quitté cette ville. Pendant le workshop, je pense à elle.

Ce soir, je suis à nouveau à Paris. Et j'ai un sentiment de vide très marqué. Ma famille allemande et Grande Belette. All that you can't leave behind.

mardi 1 décembre 2009

Amabilités

Vendredi soir, après le RER, l'attente au terminal 2D, l'avion en retard et deux hordes de blaireaux dont l'une en enterrement de vie de garçon, le sandwich ridicule, le gars du siège du milieu qui avait besoin de place et voulait aller faire pipi, l'atterrissage et finalement le reflux vers l'arrière de l'avion pour descendre parce que devant, ils n'arrivaient pas à amarrer le truc, le taxi qui sentait le nettoyant WC, j'arrive en bas de chez la mère de mon fils. Je tape le code, je monte, je rentre. En trois minutes de transfert, la première chose qu'elle trouve à me dire: "Holà, t'as vraiment une sale gueule". Je lui réponds: "Tu n'es pas terrible non plus". Et puis elle me demande combien d'heures je travaille par semaine.

Ben je travaille, quoi. C'est vrai que je pourrais optimiser, pour ne pas avoir le sentiment de vivre n'importe où, bercé seulement par les translations souterraines quotidiennes. C'est vrai que je pourrais aller voir la Tour (Montparnasse ou Eiffel, qu'importe) pour me souvenir que je suis ici, par opposition à mon vieux là-bas, celui où maintenant ça sent le Glühwein et toute cette sorte de choses. Et puis non, je l'emmerde, avec ses questions. Voilà, 50h, sans nul doute, mais quoi d'autre? Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre?

Dans la chambre, Petit Coyote dort. J'aime ce moment du vendredi soir où je sens enfin le week-end commencer, quand je pénètre dans cette oasis de calme. Le silence, non, juste un léger ronflement, une respiration régulière, la lumière de la veilleuse. On est bien. Je pourrais rester des heures à le regarder dormir. D'ailleurs je dors aussi.

Dimanche soir, encore le même cirque, le taxi fan de musique irlandaise épique (des histoires de gars qui prennent leurs épées, embrassent leurs femmes et remettent leur âme à dieu), l'avion en retard (il fallait changer les pneus), le sandwich minable, la voisine qui s'est collé une tonne de parfum kipu, le bus à CDG qui ne laisse sortir que par l'avant, le terminal vide, le RER avec les gars qui dorment sur les banquettes et qui vomissent entre la Courneuve et gare du Nord, Denfert-Rochereau et le soir calme, aussi, moins bien forcément, mais acceptable.

Et on recommence…