lundi 30 juin 2008

La solitude du pangolin

Oui, le pangolin est bien seul. Nous nous en rendîmes compte, Suricate myope et moi, lors d'un workshop haletant (avec un grand H), ce dernier vendredi. L'idée de départ n'était pas foncièrement mauvaise. Mais le déroulement, les participants, la fatigue de fin de mois et de fin de semaine aidant (n'aidant pas), il n'en resta qu'un petit monticule insignifiant et puant, échappé au contrôle, diarrhée corporate non retenue et déplorable.

Tout avait bien commencé. On était même content d'être là, en quelque sorte, pour la dernière apparition publique de Belette stylée, pour les gâteaux fourrés fournis et l'eau ferrugineuse sagement alignée par bouteilles de 10 cm³ tous les mètres, sur l'assemblage de tables circulaire. La constatation liminaire et calculée, que tout est bien et que l'on performe complètement. Les performeurs sont là, d'ailleurs, par exemple notre modèle à tous, aujourd'hui sans cravate hypnotique, un soulagement pour les yeux (les oreilles devront encore attendre).

Et puis, lentement mais sûrement, on dérape dans une mélasse plus épaisse et plus collante que l'on ne croyait, on s'enfonce dans des sables mouvants et grand Pangolin, même lui, a du mal. Triste réalité, tellement prévisible, néanmoins. Quelques-uns croient encore pouvoir influencer le destin, mais non. Il y a ceux qui n'ont pas fait leurs devoirs, ceux qui n'ont rien compris, ceux qui n'écoutent pas ou prennent des poses inspirées en pensant à leur Blackberry. La Hyène rieuse bat des records. Les autres brillent par leur insignifiance posée.

Grand Pangolin s'énerve un peu, sobrement, quand il se rend compte que les invités lui présentent des compte-rendus pipeau parce qu'en vrai ils n'ont rien fait de ces six derniers mois sur les tâches prévues. En lieu de saine colère hiérarchique, non, il se renfrogne. Le coup qui aurait pu être de grâce, ce fut la démission prématurée de la remplaçante de Belette stylée, avant même d'avoir vraiment commencé. Mais pic, cap, péninsule, le Pangolin tint bon. Alors sur ce workshop, bref, beaucoup de bruit pour pas grand chose, je pars prendre l'avion avant la fin. Les résultats et décisions, communiqués plus tard, demeurent un cocktail peu subtil de réchauffé et d'innovation incongrue. Je me félicite de constater, par exemple, que l'on a décidé de se diversifier avant même d'avoir consolidé le reste, mais plus rien ne devrait m'étonner...


lundi 23 juin 2008

...va falloir y aller...

C'est lundi et comme tous les lundis, c'est réunion au sommet (qui se résume donc au 6ème étage dans la nomenclature corporate). On cause, on cause, de choses pas intéressantes, mais alors pas du tout. Par exemple, Pangolin transparent, apparemment pas dans un de ses meilleurs jours, s'étonne que l'on lui fasse remarquer qu'il serait avantageux d'augmenter la qualité du suivi des besoins par une méthode audacieuse: documenter les besoins dans une liste commune faisant état de leur statut (i.e. nouveau, vieux, a pus), de leur origine (tracteurs ou bombardiers), de leur responsable (la hyène, la girafe...), etc. C'est vrai: on n'en a jamais eu besoin auparavant, alors pourquoi maintenant?

Il nous annonce que bientôt arrive le rendez-vous trimestriel de point sur les activités stratégique: le workshop Q2. Et il est content parce que nos résultats sont bons. Taquin, je lui demande si la corrélation entre ces améliorations et les actions entreprises a été prouvée. Il élude. J'insiste: en effet, si ces améliorations sont objectives, il nous appartient de nous assurer qu'elles ne sont pas dûes au hasard ou à une conjoncture propice pour au mieux les capitaliser et en assurer la reproductibilité. Il élude encore. Je lis dans son regard qu'il a déjà compris que cette journée sera longue.

Après, ça pipeaute. Fait étrange, je ne me souviens plus bien des détails des discussions. J'étais trop occupé à trier mes e-mails. Et Belette Stylée, du siège à côté, m'envoie un e-mail triomphant: c'est sa dernière réunion de ce type. Le temps passe. Et puis il est midi. L'heure à laquelle notre entreprise nous gratifie d'une communication exceptionnelle sur la stratégie des deux années à venir. Le Berger Allemand (qui grisonne, soit dit en passant) vient me chercher: présence requise dans la salle de réunion pour regarder du Powerpoint en gros sur le mur, avec le son de la conférence sur les hauts-parleurs crachotants du portable de Pangolin Transparent. Au bout de 5 minutes, même lui, pourtant toujours si exemplaire, trifouille son Blackberry et bientôt partout dans la salle, surgissent ces terminaux. Même le mien. Le Berger Allemand joue à un casse-briques ou approchant, regarde parfois anxieusement par-dessus son épaule (donc vers moi), pour ensuite corriger l'angle de son écran, s'assurant ainsi que je ne saisisse pas le contenu de son activité. Les autres font de même. Belette Stylée a pris son portable sur ses genoux et paraît très concentrée. Louveteau Putride ne fait aucun effort pour me cacher qu'il est sur G-Mail et consulte aussi les offres d'embauche sur les pages web de nos concurrents.

Je ne conterai pas en ces lignes les summums de rhétorique d'entreprise que nous entendîmes alors. Rien de bien inattendu en définitive. Martre Incorrigible s'énerverait encore, comme toujours, à leur énoncé. J'épargnerai ainsi un coup de sang à tout le monde en me taisant, mais en n'en pensant pas moins. Juste qu'il y aura encore plus de task forces (en anglais dans le texte) que d'habitude. Je redoute déjà les prochaines présentations de l'autre buse, celle qui colle toujours un joueur de fléchettes sur une page pour symboliser nos buts (véridique).

Ce qui m'amena, dans l'après-midi, à accomplir ma première tâche utile depuis des lustres: planifier mes grandes vacances d'été avec Petit Coyote, le seul, le vrai, l'unique, l'indispensable. C'est bête, j'y pense: je vais rater le début des nouveaux workshops et cetaera. Je serai sur la plage, à faire du Knowledge Management de la seule manière qui soit vraiment honorable et utile. Réviser mes vieilles terreurs, revoir mes vieilles amies: résistance des matériaux, mécanique des fluides, mécanique générale, littérature contemporaine ou classiques. Allez, on se casse, là où il y a la mer. Bientôt, très bientôt...


dimanche 22 juin 2008

Heureux au jeu

Par la force des choses et aussi l'entremise de Renard Crispant, je me suis retrouvé au McDonalds. Donc pour manger des hamburgers ou des choses approchantes. Le marketing implacable de l'entreprise susnommée nous gratifie en ce moment et depuis un bon mois sans doute d'un jeu concours grattage pour gagner des tickets pour la coupe d'Europe (c'était bien la peine).

La semaine dernière, je gratte les trois tickets. Je gagne (dans le désordre): un hamburger, une boisson gazeuse de 25cl et une glace. Vendredi, je n'ai qu'un ticket à gratter: je gagne une glace. Par esprit d'expérience, je propose à Renard Crispant de gratter ses deux tickets, puisqu'il semble que j'aie un don. Pas manqué: un capuccino et encore une glace. La caissière à qui je présente deux bons gagnants pour une glace semble étonnée de ma chance. Bah ouais mais: heureux au jeu...

vendredi 20 juin 2008

25% de quart de finale

Et crotte, voilà, ils ont gagné. Déjà qu'ils nous tannent quotidiennement en ce moment avec leurs commentaires et leurs drapeaux en plastique sommairement fixés à leurs tracteurs. On va encore pas pouvoir travailler pendant une semaine. Et tous avec leurs sourires narquois...

Mais comme disait Carcajou Philosophe, autant en profiter. Au moins, comme ça, il n'est pas question ni du Tour de France, ni des J.O.. De deux maux, il faut savoir choisir le moindre. Sinon? Bah rien. La routine, quoi...

lundi 16 juin 2008

Nocturne et la fin qui s'approche

Vendredi soir en rentrant de nuit, forcément éméché, d'un grand moment de rigolade (i.e. France-Hollande ou plutôt Hollande-France), j'ai rencontré une créature elle aussi nocturne, farouche et imprévisible: une belette. Non, une vraie. De là à dire si c'était vraiment une belette ou une autre sorte de mustélidé, mes connaissances des vertébrés homéothermes sont trop sommaires. Notre rencontre fut fortuite et brève, au détour d'une haie. Un éclair brun, une longue queue soyeuse et touffue, voilà... La vie insoupçonnée des villes, pas un bête chat, non, un furet peut-être, un putois sans doute, une créature frêle mais combative, pas encore abandonnée à l'adversité, un prédateur de la nuit. Une leçon de vie, comme dirait l'autre.

Ce week-end fut aussi riche en enseignements puisqu'il releva un pan de rideau sur le mystère de la démographie teutonne. Effectivement: les allemands ne se reproduisent pas ou peu, en tout cas moins que nous et les autres (sauf peut-être les japonais). Pourquoi? Une théorie séduisante, reportée indirectement par un allemand: la responsabilité des commerces (et du capitalisme, somme toute). En effet, jusqu'à il n'y a encore pas si longtemps, le samedi, les magasins fermaient strictement à 16h. Après 16h, il n'y avait plus rien à faire. Alors on s'occupait comme on pouvait. Et puis les lobbies commerçants et un gouvernement (à posteriori) irresponsable rallongèrent les horaires d'ouvertures des magasins le samedi jusqu'à 20h (une heure normale, somme toute). Ils ne se doutaient pas qu'ils allaient ainsi participer au déclin de leur belle nation (formule toute rhétorique). Ils ne manquerait plus que, dans le cadre de la crise énergétique mondiale, les fournisseurs en énergie suppriment les heures creuses (Desproges: "quand on baise avec la lumière allumée") pour porter ainsi un coup fatal à une pyramide des âges déjà bien anorexique. Moi, en ce qui me concerne, j'en suis toujours à un enfant par femme et ça me suffit pour l'instant.

Lundi, c'est l'autre belette qui attend. Dans ces deux dernière semaines, elle va former intensivement sa remplaçante, ici en ce lundi pour la première fois. Il va falloir lui trouver un nom. Jeune, petite, blonde, pas très rassurée ou encore sur la défensive. On ne va pas lui chercher un totem maintenant, c'est trop tôt, on va plutôt occuper ces deux dernières semaines à un deuil plus travaillé de belette stylée, qui nous quitte pour mieux (sinon ce ne serait pas la peine). Snif. Ou presque.

dimanche 8 juin 2008

En attendant

... l'avion. Oui, l'avion. Dimanche soir, j'ai rien d'autre à faire que du Wi-Fi à Ferihegy, en attendant le LH3459 qui a une heure de retard. Non, on ne sait pas pourquoi. Mais ça fait chier, si vous me passez l'expression. Devant moi vient de passer une flopée de français dont le vol pour Paris était lui aussi retardé. Il faut dire que cette après-midi, à Budapest, ça a bien saucé. On avait l'impression de faire du bateau, les voitures prenaient l'eau. Bon ça descend vite de la colline, certes. C'est l'avantage de Buda. 1/2 h plus tard, toute trace du dégât des eaux avait disparu.

Sinon hier soir, par désœuvrement, j'ai cédé aux sirènes du football télévisé. Mais c'était très reposant de regarder Portugal-Turquie commenté en hongrois. Vraiment. Juste à un moment, un peu frustrant, j'ai pas compris pourquoi un turc a eu un carton jaune. Mais comme j'étais pour les portugais... Bien joué les gars, bien joué, surtout le deuxième but à 90"+3. Demain il va falloir que je revête mon patriotisme rond. Sans doute. Il paraît que je vais à Regensburg demain après-midi. C'est joli, Regensburg: une maison, une église, une maison, une église et on recommence. Sinon il y a le Danube, ah ouais. Mais j'y vais pour le business, avec Louveteau Putride. J'espère juste qu'on sera rentrés à temps.

Parfois, je me dis que j'aurais dû demander 20% de plus aux autrichiens et une voiture de fonction et puis y aller quand même. Mais ça, c'est parce que je suis indécis. Ou parce que je n'ai pas touché à la XBox du week-end, d'où crise de lucidité rédhibitoire. Toc. Enfin bon, les autrichiens, ils n'ont pas trop brillé, ce soir. Bon va falloir que je me lève, l'embarquement a changé de porte. Et puis il y a une grosse allemande qui beugle du siège dans mon dos, éructe des banalités en roulant des "R", la pire sorte.

jeudi 5 juin 2008

Résumé

... des épisodes précédents. En fait, il ne s'est rien passé. C'était l'été, puis à nouveau l'automne, un truc entre les deux, il pleut à verses, j'aime bien, j'ouvre la fenêtre du bureau. Voilà.

Sinon, c'était l'été. Oui. L'été. saison ingrate surchargée en stimuli visuels. Ou le décolleté de Belette Stylée. Terrible. Presque traumatisant. Mais il en faut plus pour me décontenancer. Je fus brave, imperturbable, même lorsqu'elle m'a demandé de venir déjeuner avec elle (je n'ai pas dit "non", quand même: asocial, mais pas fou).

Et puis aussi j'ai dit non aux autrichiens. Certes, ils m'auraient donné des sous, Paris aurait été bien, mais après, au bout de 5 mois, me retrouver dans une cave du sud autrichien, non. Je suis contre. Je le leur ai dit, avec des gentils mots bien propres. Du coup je repars à zéro, non, si, presque. Il faut recommencer à chercher. C'est le marché d'été, mais je vais d'abord essayer de planifier mes vacances proprement, avec Petit Coyote.

Et comme je sentais que je replongeais lentement dans une nouvelle phase d'asociabilité, je me suis acheté GTA IV. C'est très mauvais pour moi et mes tendances. Mais je n'ai pas honte, voilà, même si la caissière du Saturn ne me l'a pas emballé dans le sac plastique idoine, sans doute exprès, on ne sait jamais avec les autochtones d'ici, ils ne sont pas comme nous. De toute manière, tant que les arbres se reproduiront en plein air, je ne pourrai pas ressortir, alors autant optimiser. Je hais les tilleuls, en particulier. Pas de bol, c'est ce qu'il y a à profusion dans les environs et même à Verhalom tér avec Petit Coyote. Je serai stoïque, allons.