jeudi 31 janvier 2008

Oh, un robot...

Hier, désœuvré, comme à mon habitude, j'ai regardé Transformers. Et alors que le générique de fin enfin se déroulait après deux heures et demie de torture de plus en plus insupportable, je ne pus réprimer un soupir de soulagement. Certes, j'ai regardé jusqu'à la fin, j'ai lutté contre le sommeil et la thrombose.

Oh, l'auto c'est un robot, oh! Oh, le robot c'est une auto, oh! Les acteurs ne sont pas particulièrement mauvais (il y a même John Turturro, qu'est-ce qu'il avait perdu là?). Mais insignifiants. Les effets spéciaux lassent après le premier robot (c'est dire). Et l'acteur principal se nomme Shia Labeouf, ce qui lui posa sans doute énormément de problèmes lors du marketing francophone. L'actrice principale... je me souviens plus. Moins cruche que dans les productions standard du même acabit. Néanmoins insignifiante et monocorde.

Signe des temps? Les jeunes tourtereaux font preuve de retenue et même dans les scènes trépidantes de fin du monde robotisé tel que nous le connaissons et où nous nous surprenons à trembler à l'idée que les gentils puissent perdre (!) (non, je déconne), où un petit bisou d'adieu ne serait pas déplacé, non, rien, l'aridité des muqueuses. C'est vrai que c'est drôlement sérieux, la fin du monde, quand tout pète et que l'on se sent investi d'une mission hachement importante: sauver l'humanité (voire même plus). L'heure est grave, l'échange de fluides superflu. Bon. Peut-être que j'ai eu une version censurée, on ne sait jamais.

En définitive, ce film, je le déconseille, même à ceux qui aiment le boum-boum-pan-pan américain. C'est plat. Je me suis bien plus amusé avec Petit coyote en retrouvant ma vieille auto qui se transformait en robot et vice-versa. Et dire qu'il y a des gens qui sont prêts à payer un supplément pour voir ce film en HD. Ah non!

mercredi 30 janvier 2008

Networking

Hier soir, dans un hôtel qui aimerait s'appeler "luxe" du quartier de la gare, nous avions tous, nous, employés, que dis-je, frères d'armes ou d'infortune, une rendez-vous très important: la communication de notre stratégie d'entreprise pour l'année qui vient. Une occasion de se voir, de s'écouter et de partager ensemble de grands moments de transparence hypnotique et collégiale.

De l'ensemble des salles de conférences mises à disposition (moyennant obole) par l'hôtel, nous nous retrouvons dans celle du sous-sol, de taille respectable, d'autant plus qu'elle n'est qu'à moitié remplie par les chaises déjà proprement alignées face à l'écran. Les premiers arrivants forment des groupes, spontanément, se parlent, échangent, sur tous les sujets et celui qui nous occupera dans les heures à venir. Le networking a commencé.

Le networking consiste à être poli et intéressé avec des gens que l'on ne connaît pas, à faire des signes approbateurs de la tête, en rythme, donnant une illusion de compréhension, ou encore à discuter sans ambages avec des hiérarchiques supérieurs ou qui aimeraient bien l'être. Le networking est beaucoup plus efficace lorsque suffisamment arrosé de boissons alcoolisées et décoré de petits fours. Dans les milieux hétérogènes, le but est de ramasser le plus de cartes de visite possibles, mais là, dans ce milieu décidément homogène, on se contente de tailler le bout de gras avec le collègue qu'on n'a pas vu depuis longtemps parce qu'il a l'honneur et l'avantage d'effectuer un projet loin, portant haut notre oriflamme en des contrées le plus souvent primitives sinon désertes de joie et de chaleur.

Le networking peut aussi se résumer à parler avec les gens que l'on connaît et ignorer les autres, formant de petits groupes gentils et compacts, à la recherche du point de vue commun ou d'une bonne cuite collégiale, c'est selon. Le networking est le dernier rempart de l'entreprise moderne face à la paupérisation des rapports humains, en cela bien au niveau d'efficacité d'une partouze pour lutter contre la dénatalité. Et le networking annonce aussi la fin, lente et inéluctable, d'un événement récent qui glisse dans le passé et l'oubli, à la vitesse d'un mammouth dans une mare de goudron.

Avant le networking, le festival de la transparence corporatiste, la congratulation facile (moins que lors des réunions de bilan) et cet élan factice vers un avenir qui déjà nous fuit, la grande parade des illusions collectives. Garde la tête froide. Non, ce n'est pas possible, ce n'est plus possible. Le cynisme s'écoule de mes pores, les pensées négatives fulminent, l'ennui l'emporte, encore, toujours. Le foisonnement coloré des slides powerpoint s'estompe, lentement. L'appel de la forêt, derrière, loin. Il faudrait partir. Mais non, les sièges sont alignés, compacts, la foule entoure, la porte est loin, pourrai-je jamais franchir ce large espace à découvert sans encombres? Je ne le franchirai pas, d'abord parce que je suis lâche, ensuite parce que je suis fatigué. Alors pendant le networking, je recours aux artifices faciles d'une bouteille de vin autrichien. Bienvenue, des verres magnifiques.

Le networking s'essouffle, il se fait tard. Dehors, la nuit, les lumières. Encore. Toujours.

mardi 29 janvier 2008

Triste samba

Hier soir, c'était pas cool. D'abord la partenaire d'occasion promise par le prof n'apparut guère. Ensuite il y avait moins de monde que d'habitude, en particulier ni A, ni B, ni C, ni O. Ne restaient que les couples usagés habituels. Bon. Mais on apprend la samba.

Comme beaucoup d'autres choses apprises dans ces heures précieuses de lundi soir, ça paraît compliqué au départ et puis non. Il y en a qui ont du mal. Moi pas trop. D'ailleurs, la plupart du temps, elles sont contentes quand elles tombent sur moi lors des changements rotatoires de partenaires. Sauf Gudrun (chaipas comment elle s'appelle pour de vrai, mais je trouve que ça lui va bien comme prénom) qui fait la gueule et regarde son mari Günther (voir commentaire précédent, en changeant de genre) qui raconte des blagues pas trop drôles avec sa moustache.

Et puis il y avait Ulrike, la fausse hispanique, qui me fit irrésistiblement penser à cet objet utilitaire empli d'un liquide et doté d'un bec et d'une anse. Une cruche, quoi. Au détour d'une passe, la créature, suante, me demande si je viens du Luxembourg. Je réponds poliment que non, mais qu'elle n'est pas tombée loin. A son regard interrogatif, je comprends que je dois compléter. Je lui explique que je viens d'un grand pays voisin du Luxembourg, au sud-ouest de celui-ci exactement. A son regard interrogatif, je comprends que je dois compléter. A l'énoncé de la solution, elle dit "Aaah!", comme débarrassée d'une surcharge cérébrale désagréable. Et puis il est temps de continuer la tournante, je passe à la suivante, ah non, merdalors, je suis de nouveau tout seul.

Bref, hier soir, j'ai appris les rudiments de la samba. Ce qui me confronta, une fois rentré chez moi, au dilemme habituel. Personne avec qui m'entraîner pendant l'inter-temps. Et surtout, avec quelle musique? Je pourrais travailler mes pas tout seul sur mon parquet luisant, mais sur quelle bande son? Samba, ça peut encore se trouver, je dois bien avoir un best of de Patato Valdès quelque part, mais par exemple, jive? Quid? Et de constater que je ne sais toujours pas quel type de danse passe au mieux sur Alan Braxe. Je survivrai.

Je regarde ma carte de membre et constate avec effroi qu'il ne me reste plus qu'une séance, enfer et damnation. Discofox. Qu'est-ce donc que le discofox? La réponse dans deux semaines, puisque ces fainéants font une pause lundi prochain, pour cause de carnaval ou d'un truc approchant (moi, les us et coutumes vernaculaires...).

lundi 28 janvier 2008

Pour gagner des sous?

Ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas intéressé dans cette colonne à ma vie corporate. C'est donc que tout doit aller bien, si je ne m'abuse. Et pourtant, ce petit arrière-goût, cette petite résistance étrange, pas insurmontable, mais sensible. J'ai oublié de desserrer le frein à main.

Il y a des moments où je me suis demandé si ma seule motivation à aller au bureau tous les matins n'était pas belette stylée. Je sais, ce n'est pas très constructif de la part d'un gars qui a plein de diplômes et est censé être intelligent, positif et professionnel. Mais honnêtement, depuis la fin de mon dernier projet tellement-bien-qu'on-en-a-
parlé-dans-la-newsletter, je n'ai pas (re)trouvé de marques, à part ce bureau sans âme que je m'arrogeai par l'apposition subreptice et lâche de ma carte de visite dans le petit cadre informatif extérieur. Un espace qui est mien par contumace, donc, avant de retomber dans l'escarcelle de ceux qui ont le droit de porter une cravate tous les jours, les plus beaux, les plus forts que moi. Qu'on dit.

Le prochain candidat à ce bureau, je l'ai déjà vu. Il s'était glissé dans notre célébration bavaroise, la dernière fois, à la brasserie. Une chose est sûre: il a une belle tête de vainqueur. Avec lui, on ne va pas s'embêter. Je crois qu'il aura le bureau du fond, lui, pas le mien. Ce serait trop loin du pangolin transparent, qui devra garder un œil sur lui.

Les derniers temps corporate furent consacrés à l'absorption d'alcool en quantités variées. Jamais vu ça. Si, dans ma période chez les fabricants de tracteurs, le département comptait dans les 100 personnes, alors on avait des anniversaires souvent. Mais au petit bureau du centre de Munich, il y a beaucoup moins de monde, une douzaine à tout casser. Et pourtant. Le berger allemand est devenu père, déjà séparé de la mère de son fils (tiens, ça me rappelle presque quelque chose). Notre ancienne secrétaire (pardon, assistante d'équipe) nous présente le fruit de ses entrailles et de celles d'un policier local (je sais, ça ne sonne pas très ragoûtant, mais en fait, c'était une petite fille). L'anniversaire de belette stylée (où je dus sortir de ma réserve de coyote, mais ça ne vous regarde pas). Et puis le workshop décisif et décisionnaire pour savoir où est-ce que l'on devrait se développer dans les temps qui viennent pour être cumulativement plus forts (si). Tout ça, pouf, occasion pour s'enfiler des verres de liquide pétillant de plus ou moins bonne origine.

Sinon, on travaille, hein, faudrait pas croire... La transparence a encore gagné, cette année. Cela m'étonne (ironiquement) que l'on puisse aller beaucoup plus loin. Et puis on me cherche une occupation. Un focal point qui s'ennuie, ça fait mauvais genre. Alors pouf, tout le monde hérite d'une task force. On pourrait dire "groupe de travail", mais ça pète moins. J'ai limité les dégâts, je n'en ai pas tant que ça. Mais peut-être qu'un jour ça va finir par se voir, que je n'ai plus envie.

Samedi, dans le métro, à Budapest, je me suis retrouvé en face d'un décideur, chacal tonigencyl avec la gourmette, le costume, le pardessus et la sacoche pour le laptop. Un instant, j'ai envié cette chatoyance vestimentaire factice. Et puis non. Il est parti, une station avant moi, vers son destin en technicolor. Je m'étais dit en ce début d'année, tiens, il serait temps d'investir dans un nouveau costume. Renouveler le cadre (ah ah). Et puis non, la flemme et M qui ne m'a pas aidée, parce qu'on ne s'aime pas. Il va falloir que j'improvise, le vieux costume, mon vieux costume, une première historique, m'horripile de plus en plus. Peut-être belette stylée pourrait m'aider.

Et ça continue, encore et encore. Du Powerpoint pour boucher les trous, remplacer le vide cru par un autre vide, mais emballé. Parfois, je me demande pourquoi je fais tout ça.

mardi 22 janvier 2008

Le Jive

Prononcez: dja-hi-veuh. Hier soir, je fus quelque peu surpris de constater que le cours du soir n'avait pas pour sujet la samba, comme j'en étais persuadé, mais le jive. Le jive qui pour moi jusqu'à présent n'évoquait qu'une marque de dentifrice contre la parodontose. Comme je me trompais...

La deuxième nouvelle du soir suivit la première de peu et s'écrasa comme un truc mou lâché d'un étage supérieur: Z n'est pas là. Le prof s'approche de moi et me demande: "Elle n'est pas là, ta vieille?" (traduction littérale, les allemands aiment bien dire "vieille" au lieu de "partenaire", sauf que dans ce cas précis, il avait raison). Je lui explique que ce n'est pas "ma" vieille et que non, je ne sais pas si elle vient ou pas, on n'est pas intimes. Je l'ai peut-être un peu vexé parce qu'il se replie vers son pupitre de DJ. Bon. Observons la situation.

Il y a B,C, les autres standard, une nouvelle allemande entre deux âges, le modèle solitaire usagé et une des hispaniques de la dernière fois (la mieux). Toutes avec partenaire. Quoiqu'il soit parfois difficile de savoir à quel niveau ce sont des partenaires. Ennuyeux. Je commence le jive tout seul et au moment où il faut saisir sa partenaire, je demande au prof s'il n'aurait pas une pièce de rechange, des fois. Il me dit que non, mais que je ne dois pas m'inquiéter, il fera tourner. Le brave homme, effectivement, il le fit. Première rotation.

Je me retrouve avec l'hispanique susdite. Je suis gêné, parce qu'elle est très jolie et tout à fait mon type. Je me méfie, parce que la dernière fois que je me suis attaqué à une présumée hispanique qui était mon type, elle est devenue la mère de mon fils. Ça porte à penser. Mais non, là, je dois dire qu'elle, elle remporte tous les suffrages dans ce cours. Oubliée, A. Trop allemande, trop standard munichois. Elle, l'hispanique, il faut que je lui trouve une lettre. Disons O. Comme ça, je ne vous raconterai pas d'histoire. O sourit, parce qu'elle est étrangère. Elle a un accent chantant. Son allemand observe, un peu énervé, du canapé où il a atterri (oui, qui dit rotation, dit qu'il y en a toujours un qui se retrouve tout seul). Pas grave, elle a un charme fou. Elle est fine et légère. Ahem. Déjà, il faut se quitter, la prochaine attend, le prochain attend.

Je la retrouve une rotation plus tard et c'est encore mieux. Meilleure technique, meilleur feeling. Il faut que j'arrête. Entre-temps j'ai retrouvé B et C. Et puis un allemand me prête la sienne pour la passe suivante, parce que lui, il connaît déjà les mouvements. Je suis gêné. Allons, tant pis, s'il ne veut pas, moi je suis là pour apprendre. Alors j'apprends. Le chafouin derrière les commandes augmente la vitesse du morceau. Ça devient physique. La plupart sont en sueur. Un allemand quelconque (O', je crois) a l'idée de génie d'ouvrir la fenêtre en grand, histoire qu'on attrape tous bien la crève. Manque de bol, moi, je l'ai déjà. Je rends son allemande à son allemand, je les laisse batifoler un peu en couples légitimes, j'attends mon tour, patiemment.

Dernière rotation. Je retrouve O la première. Je me sens une petite faiblesse cardiovasculaire, passagère. C'est la combinaison complète, avec spin et retour. Le premier retour ne fonctionne pas bien, je n'ai pas pu essayer plus tôt, faute de partenaire. Je me concentre, ce serait bête de devoir passer à la suivante sans avoir réussi avec O. Pas de base. Deux fois. Je la fais tourner, passage latéral, mouvement latéral. Maintenant la rotation inverse, elle doit revenir dans mes bras et en rythme. Woh. Let's go. Et ça marche... Encore une fois. Ça marche. Elle est toute contente. Le prof corrige les autres. Nous, non. Un dernier instant je goûte la joie coupable de tenir la femme d'un autre dans mes bras. Un peu, pas trop. Allons, les autres attendent, encore. Toujours.

Fin de rotation, dernier passage. Et puis reformation des couples légitimes pour le dernier morceau. Un qui va vite. Je préfère ne pas regarder O et son allemand. Je glandouille, mais je ne m'assieds pas sur le canapé, non, ce serait renoncer. Et puis B m'attrape, tandis que B' s'écroule, lui, épuisé, sur le canapé. Ah. Alors je finis l'heure avec B, enfin, les 5 dernière minutes. Sportives. B est très vivace. Elle est toujours habillée bizarrement, enfin, ça doit être de la mode, je crois. Mais il manque des morceaux, à son gilet. Je ne veux pas lui faire remarquer. Pfff... ça va vite. Tellement vite que euh... lors de la rotation de retour, je lui effleure le sein gauche. Pas ma faute, pas prémédité. Mais gênant, bouh, terriblement gênant. A deux reprises... Il faut dire qu'elle tourne comme une folle, c'est marrant, c'est la musique. C'est le jive.

Fin du cours, je la relâche, essoufflée, je la remercie et je m'esquive. Un des gars de l'administration, gentil et sûrement homosexuel, me demande si ma partenaire ordinaire est Z. J'opine. Il me dit qu'elle a appelé, qu'elle s'excuse, qu'elle est malade et qu'elle ne viendra pas non plus la semaine prochaine. Alors je retourne voir le prof, vite fait, pour lui demander s'il n'y aurait pas moyen d'organiser une partenaire pour moi pour la semaine prochaine. Il me dit qu'il va voir ce qu'il peut faire et que sinon, ben on fera comme aujourd'hui, on tournera... Je l'aime bien, lui.

mercredi 16 janvier 2008

Fais une galette, tiens...

Dans le cadre du développement aussi bien en long qu'en large de ce blog, aujourd'hui: intermède cuisine. Comme beaucoup l'auront remarqué il y a peu (peut-être encore), les galettes des rois envahissaient les étals des supermarchés et des boulangeries françaises. Ici, non.

L'allemand, créature frustre et culinairement peu inspirée (surtout niveau desserts), ignore la galette des rois. Au point qu'il faut que je leur explique à chaque fois ce que c'est et que ça commence à me courir. Alors plutôt que de manger encore du strudel fourré à n'importe quoi (surtout des trucs pas bons) ou des gâteaux à la crème insipide (mais presque), illumination étrangère: cuisinons!

La concurrence sur le marché du blog culinaire n'est plus à démontrer ni à effaroucher. Peu de chances, donc, mais comme auj
ourd'hui je m'ennuie et que j'ai des belles photos, tant pis pour vous. Donc considérons l'objet du désir: une galette. On rationalise: de la pâte feuilletée avec un fourrage aux amandes et un objet suffisamment petit dedans pour ne pas être avalé facilement, mais presque. Le choix se porta donc sur les ingrédients suivants:
  • 120g de sucre en poudre (sans fioritures)
  • 150g de beurre (de normandie, irlandais ou hollandais, tant que c'est jaune et à peu près gras)
  • 150g de poudre d'amandes (soit un paquet et demi de la marque choisie, si je tenais le boulet du packaging...)
  • 3 œufs (quelle chance, il vous restera juste un blanc après pour gober ou autre chose, à vous de voir)
  • 1 sachet de sucre vanillé (pas trouvé de jus de vanille concentré dans les réserves)
  • 2 pâtes feuilletées toutes prêtes (on va pas se fatiguer trop non plus)
  • 1 pièce de 1 Forint (monnaie hongroise, bande d'incultes)
  • 1 four préchauffé à 180°C (si)
  • l'amour des choses bien faites et délectables
  • l'album "Alive 2007" de Daft Punk (édition deluxe si possible pour l'encore du deuxième CD)
La préparation est simple. Faites bouillir la pièce de 1 Forint pour l'évacuer de tous miasmes malvenus. Faites fondre le beurre dans un bain-marie complémentaire (ou alors un micronde si vous y tenez). Versez tous les composants en poudre dans un saladier, ajoutez le beurre entre-temps fondu (ou alors vous vous y êtes mal pris) et deux oeufs sans coquille. Remuez énergiquement (ou chargez Philou de le faire), le temps que l'ensemble prenne une consistance idoine de crème ni trop liquide, ni trop solide. Voilà, ce qui n'est pas une vraie frangipane (faute de crème pâtissière supplémentaire) mais en tiendra lieu tout de même est prêt!

A ce point, vous devriez entendre Touch it/Technologic (Track 2). Etalez vaillamment sur un plaque du four (préalablement retirée du chaud) une feuille de papier cuisson et immédiatement au-dessus une pâte feuilletée toute prête. Le modèle allemand que j'acquis en double s'avéra rectangulaire. Bon. On fait avec. On y fait plein de petits trous à l'aide d'une fourchette. Fonctionnel, pas artistique, personne n'ira voir sous la galette après. On y dépose au centre la crème précédente que l'on étale de manière égale en préservant 2cm du bord de la pâte. Ce pourtour sera ensuite soigneusement humecté avec de l'eau plate, en vue d'une adhésion à la partie supérieure de la galette qui va bientôt entrer en jeu, d'ailleurs la voilà. Appliquer en couvercle sur l'ensemble précédent et presser sur tout le pourtour, éventuellement avec une fourchette, pour la forme, les petits dessins. Mélanger un jaune d'œuf avec une cuillère à soupe d'eau plate, étaler avec les moyens du bord sur le dessus de la galette, pour que ça dore bien.

Si tout va bien, vous devriez entendre Too Long/Steam Machine (Track 4). Enfourner dans la partie supérieure du four, puis descendre après 5 minutes. Observer souvent et écouter son instinct. Connaître son four. En gros 20 minutes,
quoi (Track 9: Aerodynamic Beats/Forget about the World). Doré dessus et pas mou dessous. Si une fuite de crème devait survenir, ne pas s'inquiéter. Quand le sentiment est bon, retirer et laisser refroidir un peu. Pas trop, il y en a qui aiment fa faud, même fi fa peu furprendre un peu.

Servir. Celui/celle qui a la pièce de 1 Forint dans sa part a le droit de faire la vaisselle (merci, panda facétieux). On peu aussi faire fondre du chocolat pour napper. En reprendre s'il en reste et si l'on s'en sent la force. Offrir aux collègues de bureau le lendemain comme élargissement de leur horizon culturel.

mardi 15 janvier 2008

A la limite

Lundi soir: cha-cha-cha. Le prof commence en disant que le cha-cha-cha a de nombreux points communs avec la rumba. Bon. Donc on refait un peu de rumba. Et puis cha-cha-cha. Au regard de la population du cours, sans cesse augmentant, je me dis que me trimbaler Z, c'était vraiment pas de chance. Mais les autres sont tous en couples.

Il y a A, B, C. Deux de la semaine dernière. Et deux nouveaux couples. Des brunes, type hispanique (enfin, pas trop). Et puis Z, qui m'énerve. En particulier aujourd'hui. Elle fait chier. Elle traîne, elle perd le rythme, regarde ses pieds tout le temps, regarde les autres pour se repérer, alors que nous sommes décalés dans les figures après redémarrage, vire vers la droite, systématiquement. Bref: l'enfer. J'apprécie tout particulièrement la rotation traditionnelle des partenaires. Les deux nouvelles sont bien.

Z s'énerve, perd le rythme encore une fois. On recommence. Je lui explique qu'elle doit tourner plus vite. Je lui explique que nous ne devons pas tourner maintenant, mais dans deux mesures, que les autres tournent déjà, mais nous non, parce que nous avons recommencé et avons donc deux mesures de décalage, ce qui n'est pas grave, tant que nous sommes en rythme. Alors elle bougonne: "Menez, si vous y tenez". Ben je fais que ça depuis le début du cours. C'est pas ma faute si tu atteins tes limites. Mais je souris, calme: tout va bien.

La première de type hispanique est vraiment de type hispanique. Etonnant, non? Je ne comprends pas son prénom (Christina?). Dommage. La deuxième de type hispanique s'appelle Ulrike, ce qui en déconcerterait plus d'un s'il n'avait mon bagage germanique. Et elle s'étonne que tout d'un coup, hop, on se m
ette à tourner. Bah oui. Elle rigole, c'est détendu, c'est sympa. Les deux autres restantes regardent toujours avec anxiété leur mari danser avec une autre, la tête sur le côté, pas concentrées.

Bref. Je rate un échange de partenaire parce que je dois expliquer à Z, encore une fois, comment elle rentre dans le rythme. Ça me frustre. Quand c'est fini, je disparais en coup de vent. Pas que ça à foutre.

Je retrouve la rue telle que je l'aime, me dirige vers le carrefour où j'atteindrai le métro. Aujourd'hui, non. Des clignotements bleus insistants et un homme en vert imposant m'arrêtent. "On ne passe pas". Ben voyons. "Et pour quelle raison s'il-vous-plaît?". "On a trouvé une bombe, tout le quartier est bouclé". Un truc de la dernière guerre mondiale au fond d'un chantier. Grmbl. Je retourne à la gare. Le métro ne circule pas sur cette ligne. Alors je prends le S-Bahn, détour nécessaire. Je regarde dans les nouvelles plus tard: 250kg, tout le quartier évacué. Je suis content qu'ils ne fassent pas de trous par chez moi.

jeudi 10 janvier 2008

Le retour de la rumba

Lundi soir, soirée fatidique. La pensée de me faire tripoter par Z m'est désagréable. Du coup, j'arrive en retard, juste ce qu'il faut. Ce soir, c'est rumba.

Il y a plein de gens, dans la salle, beaucoup plus qu'avant Noël. Et il y a Z, qui me repère d'un coup d'œil et déjà me souhaite une bonne année et s'exclame qu'elle a eu peur que je ne revienne jamais de France. Je lui réponds que le risque était effectivement non négligeable. Et puis j'observe les alentours. Ce soir, c'est rumba.

Il y a B et B', mais pas de A. Il y a des nouveaux, aussi, D et D'. Et puis des modèles plus avancés, 3 paires, dont C-C'. Arrive aussi une allemande niveau Z, seule. Grande, sèche, cheveux blonds courts, sans âge. Allemande, quoi. Un instant je me dis qu'à choisir, Z n'est pas plus mal. Mais A n'est pas là. Diantre. Je n'ai pas le temps d'y penser, il faut que je rattrape le fil. Ce soir, c'est rumba.

Finalement, la rumba, ce n'est pas si compliqué. Facile, même. On complique un peu, ça suit, ça va. Et puis le prof décide que c'est le moment du changement de partenaire. Aujourd'hui, il y a de quoi faire 7 rotations successives (je ne parle pas du nombre de permutations, beaucoup plus élevé). N°1: elle est bizarre, elle n'arrête pas de regarder son mari (ou accompagnateur temporaire). N°2: D, petite et un peu arrogante, mais danse très mal, un peu crispée. N°3: B, qui a visiblement plus d'expérience et en profite pour me glisser: "C'est rare, un homme qui vient seul à un cours de danse". "Mmm... Ah? Moi, c'est un cadeau et comme je suis divorcé (ou quasi comme)...". Petit gloussement compréhensif de sa part, mais c'est déjà la rotation suivante. Ce soir, c'est rumba.

N°4: l'allemande usagée solitaire. Petite blague pour dédramatiser la situation. Elle comprend la blague. Dingue. Il faut trouver le temps tout seul. OK, pas dur, mais l'intro est trop obscure. Elle m'interroge du regard. Je réponds que je commencerai à danser quand ce sera un rythme clair de rumba, pas une intro copiée/collée de clip de hip-hop. Alors elle me dis "Paß auf", genre: moi, je vais te montrer. Ah non. Peut-être que je raconte des blagues pour donner le change, mais je suis le rythme quand même. Et toc, je commence, parfaitement dans le rythme, alors qu'elle cherchait toujours mentalement la mesure. Elle ne dit plus rien. Tant mieux. Ce soir, c'est rumba.

N°5: C. Au moins, elle est sympa. Elle me parle en français et m'assure que ma rumba est bien meilleure que mon tango. Je lui dis que je ne vois pas à quoi elle fait allusion, non, vraiment. N°6: bah elle est où? Elle est contre le mur et signifie qu'elle ne souhaite pas changer de partenaire parce qu'elle est fatiguée. Son mari tourne, lui. OK, je retrouve donc Z. Je positive: ce soir, c'est rumba.

Bref, on enchaîne, on apprend des trucs, on n'échange plus, mais c'est paisible quand même, surtout que Z ne me colle pas trop. Du coup: plus détendu et plus efficace. D-D' sont lamentables, le prof est sans cesse dans leur coin. Mais comme tout marche bien globalement, il rajoute encore une passe. Et puis il est 9h. Voilà: ce soir, c'était rumba.

Alors je me défile, vite, vite, vers le vestiaire, pour remettre les pneus neige. B me dit au revoir sur le chemin et je retrouve la rue nocturne et pluvieuse, comme je l'aime à cette heure-là. Apparemment, Z a mis moins de parfum cette fois-ci, je note à peine l'infection de ma main droite, mais je prends tout de même une bonne douche décontaminante. On ne sait jamais. Lundi soir prochain, ce sera cha-cha-cha.

mardi 8 janvier 2008

La T³

27/12/07 21:01, Les Sables-d'Olonne, France


Ici comme ailleurs, elle est encore là, toujours présente, dans les recoins les plus inattendus. Ces lieux plus ou moins désertés par l’hiver, mais sauvés par le magnétisme océanique devraient, en ces temps ordinaires, plutôt faire l’apologie de la charentaise rembourrée que du porte-jarretelles affriolant. Les maillots de bain échancrés attendent sagement leur tour improbable, ici, ce n’est pas Miami. Pourtant ici, comme partout ailleurs dans le monde, règne la Tyrannie du Téton Turgescent (T³ pour les intimes).

Ce phénomène m’apparut plus clairement cette année, en compagnie de renard crispant. Deviser le long des rues de Munich est une activité contraignante et comme nous ne sommes que des canidés, notre attention se laisse parfois distraire par des choses plus terre-à-terre, les vitrines des magasins et les lumières de la ville (je tairai, par pudeur, le regard des belettes éparses). Une activité purement intellectuelle et contemplative, admirable comme tant d’autres. Et puis devant les magasins de mode adolescente (tant par le public visé que par l’avancement de leur contenu), cette révélation de mannequins plastiques. Car tous féminins, quelle que soit leur matière, leur couleur, leur taille, leur coupe, tous, je vous le dis, ont en commun ce trait fascinant: les tétons turgescents. Erotisme de bazar pointant au travers des pulls de laine, pornographie légère sous les étoffes lascives, révélation troublante sous les chemises de soie.

Ceci ne se limite pas aux magasins « tendance » ou aux boutiques de lingerie fine. Au vu et su de tous, dans les magasins les plus respectables (Leclerc!), des générations de mannequins moulés, taillés de la main perverse d’un esthète libidineux, cachent cet hymne indécent et succulent à la femme fantasmatique. Le bling pour adolescentes, le décolleté de bourgeoise fitness, le tailleur de business woman ou la toile cirée de future grabataire. Ici et là-bas. Sans doute pas à Dubai (qui sait?), mais atlantique ou alpine, parisienne ou bavaroise, toujours se dressera cette extrémité, incongrue et déplacée, étrangère et fascinante.

Les raisons de cette raideur furent discutées, demeurèrent irrésolues. Trop froid lors du moulage? Comment expliquer cette similitude sur des multitudes de modèles différents? Excitation hors de propos? Non plus. A la femme moderne, apparemment, en sus d’une sexualité débridée prônée par Sex & the City et ses pairs, libérée et égale, est conseillé, consciemment ou en-dessus, de se payer le luxe d’une séduction facile et à tous égards diantrement efficace. Pourquoi cette liberté en temps de contradiction puritaine, d’intégrisme et de repli? Peuplades européennes décadentes, votre heure va sonner. Bientôt, oui, bientôt. En attendant cette chute longue et dure, recueillons-nous un instant à cette pensée séduisante car effectivement, si certains vêtements sont beaucoup plus intéressants à défaire, autant s’en faire une idée dès l’achat.

Les mannequins masculins, eux, n’arborent en aucun endroit indiqué une grosseur ostentatoire. Peut-être que pour l’égalité, ce ne serait pas plus mal. En tout cas, j’aimerais avoir un avis féminin et autorisé sur ce phénomène.

lundi 7 janvier 2008

Noël captif

25/12/07 21:27, Les Sables-d'Olonne, France


Noël, c’est bien, à part ce qu’il y a autour, c'est-à-dire : tout. Décorum capitaliste de société de consommation, as-tu acheté tes cadeaux ? Mes cadeaux sont venus séparément et statistiquement, je suis juste passé à côté de la catastrophe en me fiant aux recommandations d’Amazon.fr dans "ma page à mon image". Forcément, à part commander des bandes dessinées, sur Amazon.fr, je ne fais pas grand-chose. Alors ils ne me proposent que des bandes dessinées, attendant avidement que j’achète quelque chose d’autre pour me ressortir tout leur catalogue. Effectivement. Passons. Moi, je m’en fous, j’ai eu ce que je voulais pour Noël, c’est-à-dire: rien. D’accord, si, une petite surprise, ce qui est beaucoup mieux que les cadeaux téléphonés du best of des ventes en ligne. Et puis le Petit a eu ce que je voulais (pour lui), donc c’est bien aussi.

Les stations balnéaires, en hiver, jouissent d’une vie intérieure insoupçonnée, que les négatifs qualifieraient de soubresauts apoplectiques. A part la contemplation du vide, on fait dans la culture locale, hypnose hibernatoire d’un nombril chargé d’histoire, se rassurant du fait que la vie reviendra, sûrement, dans 6 mois, avec les jeunes qui viendront se baigner. Des contemplatifs, en attendant, il y a en a. Plus que l’on ne croirait. C’est bien, il reste quand même de la place pour les péripatéticiens en vacances.

L’image idyllique d’une patrie parfaite dans des rêves embrumés de vapeurs d’alcools munichois s’estompe. Ici, c’est comme partout. Les vieux agressifs, emprunts de leur fierté locale futile et souvent usurpée, chevauchent des 4x4 énormes pour parcourir les 200m qui les séparent de la boulangerie. La petite vieille chenue, au cabas grinçant, les parcourt, elle aussi, bravement. Mais face aux monstres d’acier climatophages, elle semble minoritaire. Petits bourgeois locaux, ils s’affichent au sortir de leur tracteur avec des couvre-chefs dignes d’une croisette beaucoup plus au sud, seulement ici, l’Atlantique est moins clément. Le vent du large est froid, raison de plus pour chauffer l’air conditionné derrière les vitres teintées. Notables, potentats régnant sur quelques mètres carrés de cabinet de notaire ou de pharmacie, le regard froid, plus froid même que certains d’outre-Rhin, écrasant de leur mépris ceux qui ne sont pas de leur monde. Il y a des coups de latte qui se perdent.

Petit coyote est content, chante tout le temps et veut courir sur la plage. Grand bien lui en fasse. Il a hérité de toutes mes petites autos, enfin. Avant de partir, belette stylée me faisait part de son expérience décevante de Barbie avec sa filleule. Pourtant, la veille, elle était encore emplie d’un enthousiasme enfantin à la perspective de ces retrouvailles incongrues avec une partie de son enfance. Et puis non, elle est revenue, après le week-end, déçue, amère et définitive: « Barbie, c’est nul ». Alors elle s’étonnait que moi, un coyote notoire, je me réjouisse à l’idée de déterrer une petite cinquantaine d’autos miniatures hétéroclites pour les mettre à la disposition de mon plus Petit que moi. Je lui révélais que chez le mâle (en particulier du coyote), l’enfant intérieur ne meurt jamais. La vérité est plus subtile: je ne saurais dire, de cet attendrissement paternel, de la douceur de souvenirs lointains ou du pur plaisir du jeu, lequel aura eu le premier mot. Je me surprends à tenir un discours étonnant sur la qualité des petites autos d’alors, roulant toujours plus de vingt ans plus tard, sans une ride, carrosserie en métal produite en Grande-Bretagne. Aujourd’hui tout est plastique et vient de Chine…

Repu d’un premier réveillon, une aube de compréhension m’éclaire lentement. En fait, je n’aime pas trop être ici. Sujet difficilement exposable en public ici, encore moins dans le cercle familial. La famille, pour un coyote, qu’est-ce que c’est ? Des souvenirs et des chaînes. Dans le cadre de mes investigations actuelles, je n’ai que faire des uns et je suis allergique aux autres. Difficile. Etre ingrat et foncièrement mauvais, que fais-tu alors ici, au terrier familial ? As-tu perdu ton chemin ? En quelque sorte… Je revois la vieille meute, avec plaisir. Mais je me rends compte que j’en suis parti et que je n’y retournerai jamais autrement que temporairement. Temporaire, un show futile et absorbé par les heures. Les vieux coyotes ne sont pas si vieux aux échelles d’aujourd’hui, mais ils n’en sont pas moins plus tous jeunes. Je me prends à regretter ma vie factice et artificielle, là-bas, à l’est.

Peut-être que ce ne sont que les ingrédients qui manquent. Une discussion avec la mère de mon Fils sur le chemin de l’aéroport il y a quelques jours me révéla que les choses changent et je n’en suis pas la dernière. Mais ici, c’est la quiétude du définitif, du confortable et cette éternité illusoire, devant les vagues. Des générations pousseront toujours des fauteuils roulants sur le remblai et des yeux sinon éteints s’illumineront temporairement sous la force des éléments. Les coyotes n’aiment pas quand ça sent la mort. N’ayons pas peur du mot. Et moi je suis vivant, en tout cas je fais de mon mieux pour l’être. Heureusement, il y a le Petit, mais il ne s’agit pas de vivre à travers lui, ni par contumace. Il faut qu’on s’occupe.

Il y a peu de belettes, ici. Dans l’avion non plus. Le hasard fit que je me retrouvai, avec le Petit, à côté d’un japonais apparemment égaré, mais très (extrêmement) poli et puis d’un enfant non accompagné, qui lisait sagement « Kid Paddle Magazine ». Si, la fille du stand de taxis, en arrivant à Budapest, avait quelque chose. Et puis le Petit a une technique terrible pour faire rire les filles. Mais il n’y avait personne à charmer. Alors on a parcouru le magazine d’Air France, en attendant la collation frugale qui souleva très peu d’enthousiasme, en particulier chez le Petit. Ici, sur le remblai, on en croise, mais elles sont toujours accompagnées, au pire d’un clone rasé de clip de hip-hop, au mieux d’une famille couvrant plusieurs générations, pub vivante pour la crème de nuit anti-âge. On se regarde. Elle tient le bras de sa grand-mère, je tiens la main du Petit. Sourire fugitif et puis on se croise, voilà, c’est tout. Frustrant. Même le manège du bout est fermé. Il m’a fallu recourir à des trésors enfouis de rhétorique pour justifier ce manque.

Depuis que je lui ai expliqué le cycle de l’eau, Petit coyote essaye de voir la mer à travers l’écoulement de la baignoire. Apparemment, il faut que je calibre mes explications.

dimanche 6 janvier 2008

Paris-Dakar

30/12/07 21:00, Les Sables-d'Olonne, France


Sur le remblai, tache bariolée entre les voitures parfois modestes mais toutes mornes et monochromes, un camion énorme. Le camion Mercedes du concessionnaire Toyota (!) qui part faire le Paris-Dakar. Cette année, à en croire les autocollants explicatifs apposés sur le monstre rutilant, le Paris-Dakar part de Lisbonne. On n’en est pas à une incohérence près. Ecologiquement parlant, on n’en est pas non plus à un Grenelle près. Politiquement, géopolitiquement, on n’en est pas à une fracture près. La Mauritanie libère 4000 hommes pour assurer la sécurité du N’importe-où-Dakar 2008 en transit. C’est gentil à eux, quand même.

La bouse polychrome encombre deux créneaux, laissée là, sans un mot d’explication. Peut-être attendent-ils La Vague, celle qui faisait tripper les blonds bronzés californiens et les déchireurs de coraux australiens. Parfois, des gens s’arrêtent, regardent. Le Petit trouve le camion assez gros à son goût, donc il est content. Temps béni de l’enfance… Moi, je ne connais pas les notables locaux, je ne connais pas les noms sur la porte du cockpit. La plupart des autres non plus. Parfois, l’un des badauds reconnaît là un patronyme, qu’il apprécie, d’un ton connaisseur. Désolé, moi… ranafout…

Je me demande pourquoi certain groupe terroriste extrémiste islamiste n’est pas encore venu à l’idée de faire péter un ou deux de ces camions au lance-roquettes, comme ça, pour voir. Je ne cite pas le vrai nom du groupe dans ce blog, j’aurais des ennuis, sûrement, vous savez, avec les paranos transatlantiques. Et puis il n’est pas forcé que les camions susdits soient pilotés au moment fatidique. Bon, ce serait plus intéressant, mais bof, de toute manière, l’exploit sportif… Je suis plus admiratif de quelqu’un comme Sebastien Loeb ou Colin McRae. Une Subaru qui glisse, de travers dans la boue, trajectoire admirable. Mmmm… On dirait que la Xbox me manque...

samedi 5 janvier 2008

Fait chier

04/01/08 16:45, Budapest Ferihegy Airport, Hungary

Je viens de rendre le Petit à sa mère, j’ai encore une heure et demie à attendre ici, mon portable n’arrive pas à se connecter au WLAN de l’aéroport de Budapest et Air France de merde a oublié mes bagages quelque part, bande de larves incompétentes, putrides et cependant narquoises.

Le pire, c’est que l’on devrait toujours écouter ses pressentiments. Je le savais. Rien que la manière insistante dont l’hôtesse à l’enregistrement des bagages à Nantes demandait si nos bagages étaient bien étiquetés et moi qui dit oui. Après, la zone : on est au fond de l’avion avec 3/4h de transit à Roissy et changement de terminal, dont repassage par la case contrôle. Je négocie bien, le chef de cabine nous fait passer à l’avant avant l’atterrissage. On court. On y arrive. A temps. Donc on est contents de s’asseoir, paisibles et sereins.

Sereins mon cul! Les boulets à l’arrivée à Budapest font bien sortir les bagages des pétasses gloussantes de l’équipe de France junior d’escrime je-ne-sais-quoi en priorité, avec des autocollants et tout. Nous, non. Rien. Pas de gros sac noir, pas de petit sac rouge. Josiane Bidet (équivalente hongroise), dépositaire du guichet des bagages-pas-arrivés-qu’on-sait-pas-trop-où-qu’y-sont-mais-avec-le-sourire nous demande juste de décrire les bagages. Le bagage du Petit, c’est facile, c’est une petite valise rouge Samsonite en forme de coccinelle. Elle me demande avec insistance : « Quelle forme? », référant à la table sous mes yeux, où on ne s’y retrouve pas. Je dis un chiffre, pas trop au hasard, mais presque. « Quelle couleur? ». « Ben, une coccinelle, quoi… ». « Oui, mais quelle couleur? ». Argn, pas m’énerver… « Rouge à pois noirs… ». Et puis il faut que je lui explique que moi, je reste pas ici, dans ce pays de sauvage, ni ne retourne dans celui d’où je viens, je pars dans un autre pays de sauvages : l’Allemagne. Et là-bas, la coccinelle est malvenue, puisqu’elle appartient au Petit qui habite chez sa mère, à Budapest, c’est-à-dire ici!

Deux papiers plus tard, elle a compris. La mère du Petit m’engueule, parce qu’ici, il fait -6°C et que j’ai mis le bonnet du Petit dans la coccinelle manquante. Mais comme elle est contente de récupérer le fruit de ses entrailles (et des miennes), ça passe… Et 10 kilos de cadeaux de Noël qui se baladent dans la pampa, les nouveaux Duplo du petit, les chocolats, les caramels et mes nouvelles bandes dessinées. Grmbl. Et mon rasoir électrique qui déchire la gueule et d’autres saloperies dont je me contrefoutrais si ce n’était pour le principe. Et la petite coccinelle fragile et gracile de mon Petit coyote à moi, qui contient un bonnet, des gants et d’autres choses moins graves dont on se rirait si c’était l’été, mais non.

Ai-je déjà évoqué le fait que je sois très mécontent de cet état de fait?