mardi 22 janvier 2008

Le Jive

Prononcez: dja-hi-veuh. Hier soir, je fus quelque peu surpris de constater que le cours du soir n'avait pas pour sujet la samba, comme j'en étais persuadé, mais le jive. Le jive qui pour moi jusqu'à présent n'évoquait qu'une marque de dentifrice contre la parodontose. Comme je me trompais...

La deuxième nouvelle du soir suivit la première de peu et s'écrasa comme un truc mou lâché d'un étage supérieur: Z n'est pas là. Le prof s'approche de moi et me demande: "Elle n'est pas là, ta vieille?" (traduction littérale, les allemands aiment bien dire "vieille" au lieu de "partenaire", sauf que dans ce cas précis, il avait raison). Je lui explique que ce n'est pas "ma" vieille et que non, je ne sais pas si elle vient ou pas, on n'est pas intimes. Je l'ai peut-être un peu vexé parce qu'il se replie vers son pupitre de DJ. Bon. Observons la situation.

Il y a B,C, les autres standard, une nouvelle allemande entre deux âges, le modèle solitaire usagé et une des hispaniques de la dernière fois (la mieux). Toutes avec partenaire. Quoiqu'il soit parfois difficile de savoir à quel niveau ce sont des partenaires. Ennuyeux. Je commence le jive tout seul et au moment où il faut saisir sa partenaire, je demande au prof s'il n'aurait pas une pièce de rechange, des fois. Il me dit que non, mais que je ne dois pas m'inquiéter, il fera tourner. Le brave homme, effectivement, il le fit. Première rotation.

Je me retrouve avec l'hispanique susdite. Je suis gêné, parce qu'elle est très jolie et tout à fait mon type. Je me méfie, parce que la dernière fois que je me suis attaqué à une présumée hispanique qui était mon type, elle est devenue la mère de mon fils. Ça porte à penser. Mais non, là, je dois dire qu'elle, elle remporte tous les suffrages dans ce cours. Oubliée, A. Trop allemande, trop standard munichois. Elle, l'hispanique, il faut que je lui trouve une lettre. Disons O. Comme ça, je ne vous raconterai pas d'histoire. O sourit, parce qu'elle est étrangère. Elle a un accent chantant. Son allemand observe, un peu énervé, du canapé où il a atterri (oui, qui dit rotation, dit qu'il y en a toujours un qui se retrouve tout seul). Pas grave, elle a un charme fou. Elle est fine et légère. Ahem. Déjà, il faut se quitter, la prochaine attend, le prochain attend.

Je la retrouve une rotation plus tard et c'est encore mieux. Meilleure technique, meilleur feeling. Il faut que j'arrête. Entre-temps j'ai retrouvé B et C. Et puis un allemand me prête la sienne pour la passe suivante, parce que lui, il connaît déjà les mouvements. Je suis gêné. Allons, tant pis, s'il ne veut pas, moi je suis là pour apprendre. Alors j'apprends. Le chafouin derrière les commandes augmente la vitesse du morceau. Ça devient physique. La plupart sont en sueur. Un allemand quelconque (O', je crois) a l'idée de génie d'ouvrir la fenêtre en grand, histoire qu'on attrape tous bien la crève. Manque de bol, moi, je l'ai déjà. Je rends son allemande à son allemand, je les laisse batifoler un peu en couples légitimes, j'attends mon tour, patiemment.

Dernière rotation. Je retrouve O la première. Je me sens une petite faiblesse cardiovasculaire, passagère. C'est la combinaison complète, avec spin et retour. Le premier retour ne fonctionne pas bien, je n'ai pas pu essayer plus tôt, faute de partenaire. Je me concentre, ce serait bête de devoir passer à la suivante sans avoir réussi avec O. Pas de base. Deux fois. Je la fais tourner, passage latéral, mouvement latéral. Maintenant la rotation inverse, elle doit revenir dans mes bras et en rythme. Woh. Let's go. Et ça marche... Encore une fois. Ça marche. Elle est toute contente. Le prof corrige les autres. Nous, non. Un dernier instant je goûte la joie coupable de tenir la femme d'un autre dans mes bras. Un peu, pas trop. Allons, les autres attendent, encore. Toujours.

Fin de rotation, dernier passage. Et puis reformation des couples légitimes pour le dernier morceau. Un qui va vite. Je préfère ne pas regarder O et son allemand. Je glandouille, mais je ne m'assieds pas sur le canapé, non, ce serait renoncer. Et puis B m'attrape, tandis que B' s'écroule, lui, épuisé, sur le canapé. Ah. Alors je finis l'heure avec B, enfin, les 5 dernière minutes. Sportives. B est très vivace. Elle est toujours habillée bizarrement, enfin, ça doit être de la mode, je crois. Mais il manque des morceaux, à son gilet. Je ne veux pas lui faire remarquer. Pfff... ça va vite. Tellement vite que euh... lors de la rotation de retour, je lui effleure le sein gauche. Pas ma faute, pas prémédité. Mais gênant, bouh, terriblement gênant. A deux reprises... Il faut dire qu'elle tourne comme une folle, c'est marrant, c'est la musique. C'est le jive.

Fin du cours, je la relâche, essoufflée, je la remercie et je m'esquive. Un des gars de l'administration, gentil et sûrement homosexuel, me demande si ma partenaire ordinaire est Z. J'opine. Il me dit qu'elle a appelé, qu'elle s'excuse, qu'elle est malade et qu'elle ne viendra pas non plus la semaine prochaine. Alors je retourne voir le prof, vite fait, pour lui demander s'il n'y aurait pas moyen d'organiser une partenaire pour moi pour la semaine prochaine. Il me dit qu'il va voir ce qu'il peut faire et que sinon, ben on fera comme aujourd'hui, on tournera... Je l'aime bien, lui.

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