mercredi 27 août 2008

La Newsletter

Ce qu'il y a de fascinant, dans les entreprises modernes, c'est le besoin constant de communication. Déjà, quand j'étais petit, dans mon école d'ingénieurs, notre professeur de communication (qui menait une double vie d'artiste-peintre) nous contait la communication institutionnelle, la publicité, les entretiens d'embauche, nous préparait à ce champ lexical nouveau pour nous, où les mots ne veulent plus dire grand chose (quand ils existent).

Ainsi donc nous trouvons-nous, par la force des choses, dans une période de communication galopante. Ainsi donc recevons-nous régulièrement un rapport sur l'avancement des différentes activités (internes) liées à la fusion imminente de nos activités (internes et externes). Ecrit par notre groupe de chefs eux-même (ou plutôt leur porte-parole). Une délectation littéraire et une fête polychrome en format PDF. Il n'est point besoin de l'imprimer puis de l'essorer pour se rendre compte que cette bafouille numérique suinte la suffisance. Déjà, sur la page de titre, les mousquetaires nous gratifient d'un sourire de jeune mère devant le premier caca visqueux de sa progéniture toute neuve. Et de renchérir sur les actions actuelles, toutes en meilleure voie, toutes sous contrôle.

Un petit jeu participatif fut organisé pour donner un nom à notre élan commun. Deux consultants de Rottenburg-sur-Gerbe on gagné la considération globale avec un slogan/logo formidable et progressiste, que je tairai ici par pudeur et discrétion. La participation s'arrêta là puisqu'après, il fallait créer et peupler pas moins de douze groupes de travail sur des sujets aussi divers que l'organisation, les ressources humaines et l'intégration interculturelle (les indiens parlent aux chinois). La population fut directe et discrète: tout ce que nos quatre entreprises confondues comptent de porteurs de cravates, notre Who's-Who corporate, se retrouve ici. Chacun sa place de parking et son titre, la grande parade des vainqueurs. Et déjà l'on s'autocongratule, alors qu'au vrai travail effectif ne furent consacrées que 90 minutes dans une première journée de réunion fort médiatisée.

L'on tourne cette page électronique avec un sentiment de vacuité bruyante, le client n'attend pas, lui. Il affronte la crise, lui. Il n'a plus de sous et y réfléchit à deux fois, lui. Période sombre de croissance négative alors qu'au loin sourd la récession. Malheureusement, aucun de nos objectifs actuels n'intègre le développement durable. Je crois que nous sommes en train de passer à côté d'une énorme opportunité. Comme on dit ici.


mardi 26 août 2008

Débarras

Je me rends compte que cela fait bien longtemps que j'ai écrit dans ces lignes. Que cela ne m'a pas manqué. Que donc je vais bien, c'est fou. Mais voilà, la première semaine de retour est terminée, le premier week-end intermédiaire est passé. Et puis c'est Munich, les gens sont gros, déplaisants, roulent les R dans une langue étrangère et il n'y a même pas de chocolat à la fleur de sel dans les étals. On recommence.

Différences notables: le bureau est vide, presque. Deux bureaux vides, abandonnés. Des cartons sur les tables, les armoires fermées à clef et des piles de papiers. Girafe raide nous a quittés. Et c'est bien comme ça: elle est maintenant, pour sûr, dans un monde meilleur. Je lui ai piqué sa plante verte, son portemanteaux et deux bouteilles de bon Bordeaux, reliquats de cadeaux de Noël pour nos vénérés clients. Berger allemand nous a quittés. Et c'est bien comme ça. De toute manière, il n'y avait rien à récupérer, chez lui. Et puis il y a Chinchilla chic, notre nouvelle ressource humaine, arrivée après la défection de Belette stylée puis de sa remplaçante temporaire, Fouine albinos. Je n'arrive pas encore à m'habituer. Je dois couver quelque chose.

Ces temps-ci, je partage le bureau avec Louveteau putride et la Hyène rieuse, revenue hier, en pleine forme. Il va falloir, avec son ascension hiérarchique exponentielle. Sinon, la routine, quoi. J'en viens à regretter l'océan et les rillettes de sardine. Soupir.


vendredi 8 août 2008

Nouvelles neuves

De ces quelques semaines en Sarkozie Atlantique, je ne sais trop que retenir. Comme c'est la pause, que tout le monde est en vacances, même le gouvernement, on en profite pour emplir les écrans de bilans et autres analyses rétrospectives, en attendant les JO après le Tour. Moi, ca me laisse froid.

L'été, c'est la saison des catastrophes. Les orages, les montées brusques des eaux, les chutes alpines, les accidents de plaisance et les autoroutes engorgées. On est bien servi, cette année, avec quelques accidents bien glauques et autres meurtres bien sordides. Et puis les résultats de la croissance (ou plutôt de son absence), les hausses prévisionnelles, les hausses correctives, l'inflation, les cotisations, les participations, la rentrée parlementaire, le prix de l'essence et du kilo d'abricots.

Heureusement, Ouest France (le quotidien le plus vendu d'ici) nous rassure dans les pages locales avec des nouvelles empruntes d'une désuétude toute vernaculaire et bien confortable. Concours de pétanque, de lancer de bouses, cinéma de plein air dans un champ, puces, foires, tout est bien, fleure bon le rosé, ah! la Vie et cette ruralitude qui nous échappa si longtemps, citadins ingrats.

Pour me remonter, je regarde, d'un internet sporadique, les nouvelles de là d'où je viens. C'est-à-dire le courrier d'entreprise qui m'atteint toujours, même s'il est automatiquement répondu d'une missive polie et anglophone informant de mon absence prolongée. Et là, vendredi soir, alors que la nuit tombait sur la Bavière insouciante, une nouvelle ébranlait ma boîte aux lettres et sans doute les coeurs de ceux qui sont restés là-bas. Pangolin transparent, bien que vespéral à l'occasion, nous informe: deux personnes, que dis-je, deux piliers nous quittent. Girafe raide s'est choisi un nouveau destin, un nouvel abreuvoir, loin de notre entreprise nourricière. C'est triste, cette personnification de la droiture qui part. Et puis le berger allemand s'est fait virer. Ah non, il est peut-être parti de son plein gré. Bof, qu'est-ce que ca change? Il était quelconque et disputait son insignifiance à la platitude des ses réflexions (pour autant que l'on puisse les décrire ainsi). Du coup, on va avoir plein de place au bureau. Mais je suis méchant. Oui.

Sur cette méchanceté justement et dans un paysage audiovisuel presque aussi sinistré que celui d'où je viens, je me délectai facilement de quelques épisodes de Dr. House. Il est possible que j'aie raté ma vocation. Cet homme admirable, bien que fictif, m'inspire. Si.

Sinon je n'ai rien à dire. Que j'écoute un Best of de Stevie Nicks. Que je travaille à vaincre la peur de l'eau du Petit Coyote (qui est très brave). Que je mange trop, à défaut de boire suffisamment. Que les belettes d'ici me laissent froid et que ca m'inquiète. Que j'ai trouvé une voiture allemande immatriculée en Bavière avec un M devant (localisation indiscutable) juste devant le marché couvert et que je me sens traqué. Que je n'ai plus de coups de soleil. Que je ne suis pas allé chez le coiffeur. Feignasse.

P.S.: au coin de la rue, non loin du marché, je suis tombé sur l'internationale péruvienne. Ils jouaient "Sound of Silence" en playback à la flûte de pan. Les mêmes qu'à Munich, Florence, Venise, Budapest, Paris... Mais ici, quand même...