vendredi 16 janvier 2009

Trop bu

Ce soir, j'ai trop bu. Je le sais bien, le clavier virevolte, je ne sais plus où donner de la tête, en AZERTY ou QWERTY. J'ai bu, trop, mais relativement pas assez, c'est le paradoxe. Les glandes cérébrales se mettent en marche, mais sont encore trop inhibée. Encore plus d'alcool et c'est la reflux gastrique et rédhibitoire. Pas bien.

Alors je fais avec, je vais vite fait au McDo du coin pour engouffrer un menu avec des grosses frites, augmenter la quantité de gras et réduire la vitesse d'assimilation de l'alcool dans mon sang à moi, sans garantie de succès. C'est triste. J'ai un délai dans la stéréo et cette page demande tout de même toute ma concentration. Pas bon signe.

Vous me direz: j'aurais pu ne pas boire. Certes. Si vous croyez que c'est facile... Parfois, trois verres, c'est plus que l'on ne croit. Moins aussi, mais ici n'est pas le sujet. Mais avec l'alcool ressortent les dilemmes. Elle, pas elle. Là, pas là. Maintenant, pas maintenant. Tout ces choses justement inhibées pour ne pas avoir mal à la tête, qui en profitent lâchement.
Au McDo, il n'y a presque personne, elle me refile la tasse bonus du mois dans la couleur la moins populaire, celle qui reste. Il est minuit et je m'en fous, mais comment lui faire comprendre? Elle a un contrat pour vendre des hamburgers à des pas nets imbibés jusqu'à 2h du matin alors quelle différence fais-je ici? Valeur ajoutée? Point. Too bad. La tasse orange, celle que personne ne veut, la couleur orpheline, celle des perdants et des nocturnes.

Devant l'absurdité solitaire nocturne, je me retrouve ici. Et voilà: le sens de la vie après 30. Unique et inflexible, solitaire mais léger. Les trentenaires ne sont pas une classe favorisée, ils se bornent à chercher, peut-être avec un peu plus de coeur au ventre, ce que tous les autres cherchent. Pas d'exclusivité ni de prééminence, juste la musique répétitive et morne que tous entendent. On se bat, ce n'est pas tout, mais c'est beaucoup. Bref. Je retrouve le clavier, blanc sur fond noir. Et demain est déjà aujourd'hui et aujourd'hui, j'aurai mal à la tête.

Hier, j'ai appris que Belette stylée s'était mariée, au Monsieur de chez Peugeot, celui avec lequel elle vivait depuis longtemps, allemand lui aussi. On a beau être habitué, cela fait un choc, quand même. Une de moins, une de plus et voilà... Mais ce n'est pas à cause d'elle que j'ai bu, non. Désoeuvrement et nécessité sociale furent les mots-clés précédents, l'on me les pardonnera. Je ne sais même plus si j'ai réussi à dire les choses sensées que je voulais dire...


mercredi 7 janvier 2009

Reprise (des hostilités)

Au bureau, ce matin, tout le monde était drôlement content de se retrouver. A midi, on a bien mangé, tous contents. Et même au deuxième, elles étaient contentes de me revoir (ce qui fait toujours plaisir). Notre grand Pangolin était un peu tendu et très occupé, mais c'est la rançon du succès. Question productivité, par contre... Mais bon, on a encore 50 bonnes semaines de productivité devant nous. Ce qu'il en adviendra, well... let's see!

En ce qui concerne la vie sentimentale, en fait et contrairement aux bons vœux de l'horoscope automatique de mon Yahoo!: pas terrible. Autant que ça arrive au début de l'année. Comme disait l'autre à mon égard la Saint-Sylvestre à 23h45: "Marié ou pendu dans l'année". C'est malin... Alors ce soir, après ce que j'appellerai un bon vent (le pire, c'est qu'elle l'a fait partant d'un bon sentiment), j'ai fait appel à un vieil ami: le Blue Devil...
  • 1/2 volume de Rhum
  • 1/2 volume de Tequila
  • 1/2 volume de Gin
  • 1/2 volume de Vodka (au congélateur, la vodka, naturellement)
  • 1/2 volume de Grand Marnier (remplacé avantageusement par du Cointreau)
  • 1/2 volume de Curaçao
  • 3 volumes de jus d'ananas
  • glaçons, shaker, paille, tout ça...
A boire avec l'ambiance, svp. Qui a dit que 2009 serait une année saine?


dimanche 4 janvier 2009

Sociologie d'entresol

Hier soir, je suis sorti. Oui, je sais, ça peut paraître étonnant, surtout un samedi soir. Mais bon, c'était pour la bonne cause. Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais il y a un mois, j'étais (un peu) amoureux d'une allemande. Hier, c'était son anniversaire. L'occasion de vérifier si je n'avais pas perdu mes quelques notions d'allemand au cours de ces dernières vacances.

Je me trouve donc à 22h devant un des hauts lieux des soirées munichoises, au cœur de Schwabing, le quartier central et préféré des gens biens qui se la pètent un peu (il faut bien le dire). Sur internet, on m'a confirmé que c'est un bar pour gens qui se la pètent, genre riche, local et heureux de l'être. Mais ce n'est pas grave, ce soir, j'ai mon camouflage. Je peux très bien faire le gars qui se la pète (faire le local, non, ils me repèrent tout de suite, chaipas pourquoi). Non pas que j'y aie recours souvent...

La belle est là, un fond d'une cave/entresol, entourée exclusivement d'hommes grands, beaux (adjectif discutable, mais c'est surtout pour l'image) et allemands. Il n'y a pas à dire, elle est magnifique et ça, c'est indiscutable. Arrivé avec un retard calculé, je me retrouve donc en bout de table, avec tout plein d'obstacles entre elle et moi. Alors je cause avec mon voisin, qui fait semblant de ne pas se la péter en m'annonçant qu'il bosse dans l'immobilier. Moi je bosse dans l'agriculture et j'ai gagné des gros contrats avec un fabricant de tracteurs. Mais la conversation s'enlise... Vite, un miracle. Du bout de la table, elle m'appelle et me fait signe de venir m'asseoir à sa droite. Merci.

Les gens de ce bout de table-ci, comme j'allais m'en rendre compte par la suite, sont beaucoup plus sociables. Elle me demande des nouvelles du Petit Coyote. Et on parle de choses, d'autres, je lui parle à elle, surtout. C'est fou comme je parle bien allemand, pour un gars qui vit ici depuis 9 ans... Il y a un truc qui me chiffonne, c'est ce gars à sa gauche qui profite de la moindre occasion pour la tripoter, genre: "Je cherche mon téléphone portable de l'autre côté de la table". Au point que je me demande si c'est une coutume locale. Mais non, en fait, la vérité est bien plus simple: ce gars un peu massif, une peu rural parvenu aussi, qui a l'air tellement bavarois qu'on a l'impression qu'il porte en permanence une culotte de peau et une chemise à carreaux, c'est le modèle hiver 2008/2009 de la demoiselle. Et je me marre.

Elle le laisse la tripoter avec une distance qui s'apparenterait presque à de la classe, je ne sais pas. Et puis il s'en va, revient, change de place, fait du vent. Moi je suis toujours là, à droite. Et elle me ressert encore du Prosecco et elle me repropose encore une cigarette, parce qu'il est 23h et que le bar s'est changé en bar fumeurs, d'un seul coup, d'une seconde à l'autre. Et le pire, c'est que je fume. C'est bien simple, je ne fume qu'avec elle, ou presque. Et je bois, mais ça, ça n'a rien d'exclusif. Dire que 2009 devait être une année saine...

Bref, le bavarois est parti depuis un moment, mais ce n'est pas un mystère, il est parti s'occuper du gâteau, qui arrive à minuit, annoncé par un subtil changement dans la programmation musicale du DJ. On trinque, le bavarois, très prévenant, lui fait un petit bisou sur la bouche, c'est mignon. Le gâteau, c'est elle-même qui l'a fait. Une sorte de clafoutis. Très bien, son clafoutis, d'ailleurs. Et elle me remet du Prosecco (je ne m'en sortirai jamais). Plus tard, quand l'entourage se sera légèrement clairsemé, elle ouvrira les cadeaux. Elle aime beaucoup le mien, mais ce n'est pas comme si elle avait le choix.

Le bavarois a l'air de s'ennuyer ferme. Il fait des cercles avec sa bière, me parle français. Je lui réponds avec cet accent du sud que je ne parviens toujours pas à m'expliquer. Il la regarde, lui dis deux-trois mots. Elle répond, de loin. Je savais qu'elle était très forte en distance hautaine, un peu Carole Bouquet sur les bords. Un peu plus tard, le bavarois dit qu'il part devant pour la prochaine destination. On se retrouve juste entre gens biens, beaux et intelligents, qui ne se la pètent pas trop. Elle m'avoue qu'elle ne connaissait pas la moitié des gens, parce que ce sont des connaissances à lui.

Il faut y aller. C'est fascinant de sortir avec elle, parce que tous les regards se tournent quand elle passe, altière, se dirige vers l'entrée et reprend son manteau. J'aime. Et puis dehors elle ne me laisse pas le choix, il faut que je suive avec ceux qui restent. On monte dans un taxi pour se retrouver quelques blocs plus loin. Moi, j'ai suffisamment fumé pour ce soir alors en descendant, je lui signifie que je m'en vais. Elle a l'air vexée (ça aussi, elle le fait très bien) alors sans cérémonie, elle me vire de deux bises à la porte du bar suivant. Quand je vous dis qu'elle est très forte...