25/12/07 21:27, Les Sables-d'Olonne, France
Noël, c’est bien, à part ce qu’il y a autour, c'est-à-dire : tout. Décorum capitaliste de société de consommation, as-tu acheté tes cadeaux ? Mes cadeaux sont venus séparément et statistiquement, je suis juste passé à côté de la catastrophe en me fiant aux recommandations d’Amazon.fr dans "ma page à mon image". Forcément, à part commander des bandes dessinées, sur Amazon.fr, je ne fais pas grand-chose. Alors ils ne me proposent que des bandes dessinées, attendant avidement que j’achète quelque chose d’autre pour me ressortir tout leur catalogue. Effectivement. Passons. Moi, je m’en fous, j’ai eu ce que je voulais pour Noël, c’est-à-dire: rien. D’accord, si, une petite surprise, ce qui est beaucoup mieux que les cadeaux téléphonés du best of des ventes en ligne. Et puis le Petit a eu ce que je voulais (pour lui), donc c’est bien aussi.
L’image idyllique d’une patrie parfaite dans des rêves embrumés de vapeurs d’alcools munichois s’estompe. Ici, c’est comme partout. Les vieux agressifs, emprunts de leur fierté locale futile et souvent usurpée, chevauchent des 4x4 énormes pour parcourir les 200m qui les séparent de la boulangerie. La petite vieille chenue, au cabas grinçant, les parcourt, elle aussi, bravement. Mais face aux monstres d’acier climatophages, elle semble minoritaire. Petits bourgeois locaux, ils s’affichent au sortir de leur tracteur avec des couvre-chefs dignes d’une croisette beaucoup plus au sud, seulement ici, l’Atlantique est moins clément. Le vent du large est froid, raison de plus pour chauffer l’air conditionné derrière les vitres teintées. Notables, potentats régnant sur quelques mètres carrés de cabinet de notaire ou de pharmacie, le regard froid, plus froid même que certains d’outre-Rhin, écrasant de leur mépris ceux qui ne sont pas de leur monde. Il y a des coups de latte qui se perdent.
Repu d’un premier réveillon, une aube de compréhension m’éclaire lentement. En fait, je n’aime pas trop être ici. Sujet difficilement exposable en public ici, encore moins dans le cercle familial. La famille, pour un coyote, qu’est-ce que c’est ? Des souvenirs et des chaînes. Dans le cadre de mes investigations actuelles, je n’ai que faire des uns et je suis allergique aux autres. Difficile. Etre ingrat et foncièrement mauvais, que fais-tu alors ici, au terrier familial ? As-tu perdu ton chemin ? En quelque sorte… Je revois la vieille meute, avec plaisir. Mais je me rends compte que j’en suis parti et que je n’y retournerai jamais autrement que temporairement. Temporaire, un show futile et absorbé par les heures. Les vieux coyotes ne sont pas si vieux aux échelles d’aujourd’hui, mais ils n’en sont pas moins plus tous jeunes. Je me prends à regretter ma vie factice et artificielle, là-bas, à l’est.
Il y a peu de belettes, ici. Dans l’avion non plus. Le hasard fit que je me retrouvai, avec le Petit, à côté d’un japonais apparemment égaré, mais très (extrêmement) poli et puis d’un enfant non accompagné, qui lisait sagement « Kid Paddle Magazine ». Si, la fille du stand de taxis, en arrivant à Budapest, avait quelque chose. Et puis le Petit a une technique terrible pour faire rire les filles. Mais il n’y avait personne à charmer. Alors on a parcouru le magazine d’Air France, en attendant la collation frugale qui souleva très peu d’enthousiasme, en particulier chez le Petit. Ici, sur le remblai, on en croise, mais elles sont toujours accompagnées, au pire d’un clone rasé de clip de hip-hop, au mieux d’une famille couvrant plusieurs générations, pub vivante pour la crème de nuit anti-âge. On se regarde. Elle tient le bras de sa grand-mère, je tiens la main du Petit. Sourire fugitif et puis on se croise, voilà, c’est tout. Frustrant. Même le manège du bout est fermé. Il m’a fallu recourir à des trésors enfouis de rhétorique pour justifier ce manque.
Depuis que je lui ai expliqué le cycle de l’eau, Petit coyote essaye de voir la mer à travers l’écoulement de la baignoire. Apparemment, il faut que je calibre mes explications.
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