lundi 28 janvier 2008

Pour gagner des sous?

Ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas intéressé dans cette colonne à ma vie corporate. C'est donc que tout doit aller bien, si je ne m'abuse. Et pourtant, ce petit arrière-goût, cette petite résistance étrange, pas insurmontable, mais sensible. J'ai oublié de desserrer le frein à main.

Il y a des moments où je me suis demandé si ma seule motivation à aller au bureau tous les matins n'était pas belette stylée. Je sais, ce n'est pas très constructif de la part d'un gars qui a plein de diplômes et est censé être intelligent, positif et professionnel. Mais honnêtement, depuis la fin de mon dernier projet tellement-bien-qu'on-en-a-
parlé-dans-la-newsletter, je n'ai pas (re)trouvé de marques, à part ce bureau sans âme que je m'arrogeai par l'apposition subreptice et lâche de ma carte de visite dans le petit cadre informatif extérieur. Un espace qui est mien par contumace, donc, avant de retomber dans l'escarcelle de ceux qui ont le droit de porter une cravate tous les jours, les plus beaux, les plus forts que moi. Qu'on dit.

Le prochain candidat à ce bureau, je l'ai déjà vu. Il s'était glissé dans notre célébration bavaroise, la dernière fois, à la brasserie. Une chose est sûre: il a une belle tête de vainqueur. Avec lui, on ne va pas s'embêter. Je crois qu'il aura le bureau du fond, lui, pas le mien. Ce serait trop loin du pangolin transparent, qui devra garder un œil sur lui.

Les derniers temps corporate furent consacrés à l'absorption d'alcool en quantités variées. Jamais vu ça. Si, dans ma période chez les fabricants de tracteurs, le département comptait dans les 100 personnes, alors on avait des anniversaires souvent. Mais au petit bureau du centre de Munich, il y a beaucoup moins de monde, une douzaine à tout casser. Et pourtant. Le berger allemand est devenu père, déjà séparé de la mère de son fils (tiens, ça me rappelle presque quelque chose). Notre ancienne secrétaire (pardon, assistante d'équipe) nous présente le fruit de ses entrailles et de celles d'un policier local (je sais, ça ne sonne pas très ragoûtant, mais en fait, c'était une petite fille). L'anniversaire de belette stylée (où je dus sortir de ma réserve de coyote, mais ça ne vous regarde pas). Et puis le workshop décisif et décisionnaire pour savoir où est-ce que l'on devrait se développer dans les temps qui viennent pour être cumulativement plus forts (si). Tout ça, pouf, occasion pour s'enfiler des verres de liquide pétillant de plus ou moins bonne origine.

Sinon, on travaille, hein, faudrait pas croire... La transparence a encore gagné, cette année. Cela m'étonne (ironiquement) que l'on puisse aller beaucoup plus loin. Et puis on me cherche une occupation. Un focal point qui s'ennuie, ça fait mauvais genre. Alors pouf, tout le monde hérite d'une task force. On pourrait dire "groupe de travail", mais ça pète moins. J'ai limité les dégâts, je n'en ai pas tant que ça. Mais peut-être qu'un jour ça va finir par se voir, que je n'ai plus envie.

Samedi, dans le métro, à Budapest, je me suis retrouvé en face d'un décideur, chacal tonigencyl avec la gourmette, le costume, le pardessus et la sacoche pour le laptop. Un instant, j'ai envié cette chatoyance vestimentaire factice. Et puis non. Il est parti, une station avant moi, vers son destin en technicolor. Je m'étais dit en ce début d'année, tiens, il serait temps d'investir dans un nouveau costume. Renouveler le cadre (ah ah). Et puis non, la flemme et M qui ne m'a pas aidée, parce qu'on ne s'aime pas. Il va falloir que j'improvise, le vieux costume, mon vieux costume, une première historique, m'horripile de plus en plus. Peut-être belette stylée pourrait m'aider.

Et ça continue, encore et encore. Du Powerpoint pour boucher les trous, remplacer le vide cru par un autre vide, mais emballé. Parfois, je me demande pourquoi je fais tout ça.

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