mardi 8 décembre 2009

All that you can't leave behind

J'étais à Munich pour le week-end et les jours suivants afin de parler aux constructeurs de tracteurs (qui sont d'un naturel très inquiet). Outre le fait qu'il y faisait le même temps qu'à Paris, la ville était plongée dans son insouciance villageoise de droite habituelle, d'autant plus marquée en ces temps de courses de Noël. Une tentative de courses avec Suricate Myope se solda par un échec devant la masse et l'inutilité de la tâche. Bref, autant rentrer au chaud et boire. Pas du Glühwein, d'ailleurs (suffisamment d'alcooliques sur les quais du métro en début de soirée).

Squattant honteusement mais confortablement chez Carcajou Philosophe (après un bref passage chez Suricate Myope qui me vira ensuite de son canapé pour me remplacer par sa bavaroise régulière, ce qui est de bonne guerre), je considéra ma vie passée, présente et future. Celle qui fut, celle qui sera, celle qui est, plus mouvante mais semble-t-il toujours instable et encore fidèle à l'une des constatations fondatrices de ce blog "pas là où elle devrait être"...

Le week-end se passa paisiblement, à peine marqué par quelques escarmouches, par exemple sur le pantalon de pyjama scintillant du Suricate, la non-relation officielle de Malinou Emplumé (ou bien est-ce une relation non-officielle?), le couronnement de Diabolo, l'emménagement du Castor et le calme olympien du Carcajou. Munich ou les jours paisibles et la tyrannie du calme détendu. Ma famille, quoi.

Chez les fous, pardon, les constructeurs de tracteurs, le stress pour rien, les paons qui font la roue, les chats sauvages qui feulent pitoyablement, les couloirs gris et les distributeurs de café. Rien, rien, cela n'en valait pas la peine, bah non, pas pour ça, pas pour un workshop comme aux pires heures du passé, pas pour le show pitoyable, la démonstration de force ridicule, non, rien n'a changé: vous êtes minables et pourtant vous vous prenez pour les maîtres du monde. Autant d'argent et si peu de jugement. Triste, sans aucun avantage.

Je parcours les couloirs, je vois des gens connus, je les salue, je continue. Même Cuculidée Malchanceuse, plongée dans une conversation fascinante à son bureau avec un allemand. Elle le regardait avec insistance, comme un allemand, comme à son habitude. Elle est très forte pour faire croire à son intérêt, mais voilà, après, considérons les choses froidement: elle va se plaindre auprès des français locaux que ce gars qu'elle a presque hypnotisé est une buse et qu'elle a perdu son temps à tenter de lui expliquer des choses qu'il est incapable de comprendre. Scène rejouée mille fois. Tout ne peut pas changer, pas si vite. M'en fous, en fait.

Le matin, auparavant, je revois Grande Belette. Ma faiblesse à moi. Qui serais-je pour reprocher au Carcajou de collectionner les points Bio? Moi, je cours La revoir au moindre passage à Munich. Pourtant j'ai tenu parole: j'avais dit que je n'irais pas la voir le week-end. D'abord. Et puis elle était là, ce matin, à la devanture du café. Et j'entendais Stevie Wonder "Isn't she lovely? Isn't she wonderful?". Pourquoi elle? Elle, si "superficielle", me disait-on? Ces choses-là ne s'expliquent pas. Un jour, elle a simplement cessé d'être superficielle. Je suis fier et cassant, je cours parmi les chacals, mais il suffit d'un regard, le sien et je perds le rythme. On se sépare devant le métro, je la laisse sous son parapluie. Dans la rame, je me demande pourquoi j'ai quitté cette ville. Pendant le workshop, je pense à elle.

Ce soir, je suis à nouveau à Paris. Et j'ai un sentiment de vide très marqué. Ma famille allemande et Grande Belette. All that you can't leave behind.

1 commentaire:

achzeb a dit…

Mouais, toujours pas de bisous d'adieu alors. Elle vient quand a Paris ou elle a plutot cours de tennis avec ses cretins?