Lors de mon périple outre-atlantique, je suis allé au cinéma. Si. Pour y voir dans leur grandeur originelle des films locaux (enfin, plus pour longtemps). Des films dont les noms chantent aux oreilles des connaisseurs et résonnent aux confins les plus reculés de la planète, là même où la main de l'homme n'a jamais mis le pied (pour paraphraser le maire de Champignac, un grand homme). Des films donc, dont l'énoncé du titre suffirait à faire rougir un imbécile choisi au hasard et qui longtemps, bien longtemps, encore après nous, pauvres poussières infinitésimales, luiront au firmament des étoiles immortelles et inoubliables. J'ai nommé: Wolverine et Star Trek.
L'idiot se gaussera facilement, je le sais, je n'en attends pas moins de lui, le pauvre. Tant de médiocrité crasseuse et toujours ce semblant trompeur d'humanité: je ne lui en veux pas. Il se rit, dans son petit monde obscurantiste, fermé à la beauté grandiose des choses créées, que dis-je, de l'Art. Mais je me disperse.
Wolverine raconte l'histoire d'un gars qui, quand il s'énerve, a des griffes qui lui sortent des jointures des doigts. Ca fait mal et rien que pour ça, il inspire le respect. Il a un frère qui grimpe aux murs et a des ongles très longs et très sales. De ce fait frustré, il compense son handicap par une violence bestiale et le plus souvent déplacée. Ils décident tous deux de ne pas faire de rééducation et c'est mieux ainsi, sinon il n'y aurait pas de film. Le film est quelconque, tourné sans trop d'intérêt pour la chose, de la main gauche. Les dialogues sont navrants, mais les gens applaudissent. C'est vrai qu'il s'agit de leurs légendes à eux, pas des nôtres. Alors au bout de deux heures passablement pyrotechniques, on est bien content que ça finisse et on s'en va avant qu'ils ne nous ressortent une de ces scènes crispantes incrustées au milieu des noms qui défilent, à la fin.
On est content de sortir. D'ailleurs, dans ce cinéma, ca sent le beurre frit, ce qui est mauvais signe. Plus tard, en regardant Star Trek, j'étais à côté d'une future petite grosse qui y travaillait avec un acharnement presque admirable, en grignotant bruyamment ses deux kilos de pop-corns au beurre et sirotant régulièrement avec grand bruit et satisfaction son bidon de soda sucré, collant et calorique. La petit truie. Les autres, affalés dans leur bonhomie placide bien que profondément adipeuse, scrutent l'écran d'yeux avides et éructent leur satisfaction facile lors de plus grandes scènes – celles ou Roger le pilote ou Günther le médecin disent des trucs très vite en anglais que je comprends à peine mais qui doivent être loin de l'insignifiance au vu des réactions.
Star Trek, j'ai jamais vraiment accroché. C'est bien dommage, j'ai eu cette impression fugitive et profondément frustrante de ne pas faire partie de cette foule derrière moi dans la salle qui était, elle passionnée et drôlement contente. Un histoire invraisemblable, capillotractée, qui saurait à peine prétendre à un prix littéraire au festival du Navet de Panaris-les-bains. Mais les gens sont contents, parce qu'ils revoient des héros longtemps disparus dans des situations nouvelles, parfois drôles, enfin ils semblent y croire. D'humour, point trop. Des références qui m'échappent, des vaisseaux moins bien que dans la guerre des étoiles et des costumes dignes d'un symposium de gymnastique russe (pour l'aspect sportif, moulant et ordonné). J'ai pas aimé, mais est-ce bien la peine de le spécifier plus avant?
En-dehors de toute polémique critique, le cinéma était bien. D'ailleurs en face du cinéma, il y a le Bellevue Parlor qui est un billard très potable, bien équipé (aussi bien matériel que personnel) où on est retourné plusieurs fois. C'est bête, on a pas revu la serveuse sympa demi-native de Poitiers. Heather? Josiane? Chaipus. Sûrement pas Josiane, en fait...
P.S.: Tiffany!