Revenir à Munich en rentrant de vacances, c'est bien, d'habitude. Mais là, non, chaipas. Plutôt pas intéressé ni intéressant. Si ça se trouve, j'en ai marre, d'ici. Ce qui ne serait guère éloigné du fait que dans un mois, je déménage. Finies, les saucisses et la bière. Rien de tel qu'un bon café-crème.
Revenir à Munich en rentrant de vacances, ça permet de retrouver des gens qu'on a pas vus pendant la période susdite. En général, on est content de les retrouver, sinon on n'en aurait rien à battre. Pour les amis de la bolognaise, des films aux dialogues travaillés et du bon vin, pas de problème. Pour les autres, deux catégories: ceux dont on n'a rien à foutre (et n'ont donc rien à chercher ici) et ceux dont on se demande si on en a quelque chose à foutre.
Je rappelle que je suis asocial et que j'ai, suite à plusieurs traumatismes majeurs dans mon enfance aussi bien que dans ma vie adulte, d'énormes difficultés à combattre ma misanthropie et à m'intégrer et à interagir dans un contexte où d'autres êtres humains sont présents.
Alors donc dans cette dernière catégorie, il y a mes collègues allemandes. Comme en définitive je n'avais de contacts professionnels qu'avec elles dans mes derniers temps, je me disais que ce serait mal de partir sans dire au revoir. Tout ces trucs qu'on se dit, de manière classique et presque forcée: "on se reverra", "on reste en contact", "on se fait un resto quand t'es dans les parages", tout ça, tout ça... Et puis, en général: non. Comme là je ne suis pas encore parti, je me suis dit: je vais les voir, tiens. Et puis je vais inviter Suricate Myope au cas où ce serait trop chiant.
Revenir à Munich en rentrant de vacances, ça permet d'inviter des allemandes à manger des crêpes à dîner. Un truc très simple, d'ailleurs, que j'ai déjà utilisé dans le passé. Mais là, non, rien. Elles sont toutes arrivées avec au moins une heure de retard. Elles ont amené leur salade, au cas où ce serait trop lourd, pas assez sain. Elles ont amené leur Nutella, parce que moi, je ne mange pas de ce truc-là. Elles ont amené leur Sekt/Prosecco, parce qu'elles ne boivent que ça.
Grande Belette arrive la dernière, la pauvre: elle avait son cours de tennis. Au moins, je ne peux pas dire qu'elle abuse: elle s'est habillée en soirée, ça lui va bien. Ceci dit, c'est possible que ce soit pour sortir avec ces copines et ses blaireaux après, parce que bon, les français, c'est gentil, mais c'est pas d'ici et manger des crêpes, ça ne remplace pas un cocktail au dernier (ou avant-dernier) bar à la mode. Elle me fait penser à une chanson très précise d'Helmut Fritz, je le lui dis, d'ailleurs, bien qu'elle ne connaisse pas ce dernier. Je ne lui dis pas qu'elle m'énerve, mais je le pense si fort...
Les deux autres, qu'en dire? Marmotte Boulotte a une poitrine énorme et se demande pourquoi elle a mal au dos. Hamster Tasmanien s'habille bizarrement et mange tout ce qui passe à sa proximité. La marmotte mange toutes les sucreries qu'elle a amenées. La Belette refuse de boire du cidre. On leur fait des cocktails Prosecco/Fruits rouges, elles font la grimace. Jamais contentes, juste purement et simplement chiantes. En plus, Grande Belette se fout de ma gueule, elle fait des petites blagues, du sarcastique teuton pas très fin. Quand je pense que c'est elle que je préfère... Comme disait A: je cherche la difficulté, voire l'impossible, pour être sûr de n'avoir rien à me reprocher si ça rate.
Elles ne mangent même pas tout, elles sortent toutes les 20 minutes pour fumer et font le cirque parce qu'elles voudraient bien ne pas sortir (pour fumer). Et puis voilà, elles s'en vont, comme elles sont arrivées, un peu comme un nuage de criquets. Sauf que les criquets, on est vraiment content, quand ils s'en vont. Là, non, un goût d'inachevé, il manque un truc, il y a quelque chose qui fait masse.
A Munich, quelques jours plus tard, la Belette met des photos de la soirée sur Facebook, avec un commentaire obligeant. Et voilà: l'immuable reprend le dessus...