lundi 3 novembre 2008

Ma nuit au Kempinski

Ça avait commencé comme un dimanche normal. Enfin presque. Il fallait que je fasse un aller-retour sur Budapest pour déposer le Petit, le rendre à sa mère et repartir aussi sec. La première partie fut réussie. Alors après avoir accompli ma tâche forcée de père célibataire, voilà que je replonge dans les méandres de Ferihegy, passe les contrôles, remets ma ceinture et trouve une place. Je sors le laptop: que dalle, pas de W-Lan pour toi aujourd'hui (contrairement à ce matin), trop de monde, sans doute. Alors je lis un livre, que dis-je LE livre qui se trouve dans mon sac. Et j'attends.

Sur l'écran plasma suspendu au-dessus du comptoir, l'on nous annonce que le départ est retardé. Et puis on nous amasse quand même dans un autobus qui nous amène tout près d'un avion si minuscule qu'il en serait presque risible, n'était sa tâche ô combien importante de me ramener chez moi. Mais les portes de l'autobus restent closes et l'on constate un certain remue-ménage dans l'avion et autour. Un gars sûrement très important passe son temps ostensiblement au téléphone. Je dis "ostensiblement" car dans sa manière de téléphoner, il ne peut échapper à personne qu'il téléphone, même sans le son (ce qui était le cas, car en-dehors du bus). Dans le bus, maintenant depuis 15 minutes devant le De Havilland 800 et quelques à grosses hélices noires sinon aux couleurs d'Augsburg Airways, la révolte gronde. Une grosse hongroise manque de défaillir, ne serait-ce la présence d'esprit de quelqu'un d'ouvrir un vasistas. Et puis un gros hongrois râle dans l'interphone avec le chauffeur, ce qui a pour effet immédiat d'activer l'air conditionné.

On assiste encore 15 bonnes minutes au ballet empressé des décideurs et techniciens autour de l'avion et non, ca n'a pas l'air bon du tout, puisque le bus redémarre et nous ramène au terminal. Là, dans un hongrois parfait puis dans un anglais approximatif, le gars qui téléphonait avant nous explique que le moteur est (peut-être) cassé et que nous attendons tous sagement la décision de la Lufthansa de réparer et/ou de décoller. 30 minutes plus tard, les dés sont jetés, le petit commandant de bord arrive et dans un allemand parfait nous présente ses excuses et annonce que ce serait réparable, mais que le temps qu'on arrive, l'aéroport de Munich serait fermé et que donc il faudrait se poser à Nuremberg pour attendre éventuellement un transport terrestre. Beuh.

Alors j'écoute mon instinct et je me mêle (pas trop) incognito à une foule de business men qui sont partis comme des flèches. Et je em retrouve au guichet Lufthansa, dans le hall, en 4ème position d'attente de solution. Un petit quart d'huere et je vois tous mes braves co-passagers arriver, la mine défaite et se placer dans une file d'attente longue, mais longue. A n'en plus finir. Et puis c'est mon tour et on me dit qu'un taxi va venir me chercher pour m'emmener au Kempinski. Je sais pas ce que c'est que le Kempinski. Jamèzété. Que là-bas, j'aurai une chambre, un dîner et un petit déjeuner et puis un autre taxi qui m'amènera à ce même terminal, demain matin, pour le vol de 07:05, heure heureuse sinon matinale des transferts intraeuropéens. Alors j'y monte dans son taxi, payé cash par l'hôtesse du guichet Lufthansa et je me retrouve dans une seat qui ne paye pas de mine, mais le chauffeur écoute l'aöbum "Meddle" de Pink Floyd et essaye de me causer un peu en anglais. Donc il est sympathique.

Arrive le Kempinski. Ah ben ca. Un peu luxueux, nonx? Un gars en bleu m'ouvre la porte de mon taxi tout miteux et j'ai soudain un peu honte. Les salauds. Moi qui suis en casual sunday, sans cravate ni Blackberry, avec mes chaussures pour marcher dans la neige... Bref, le gars de la réception tique un peu, mais se reprend très vite et m'indique les formalités. Je me retrouve dans un des restaus du Kempinsi et l'on me sert, à la discrétion de certaine compagnie aérienne susnommée, des spécialités hongroises, dont une soupe au goulash fort honnête, mais trop chaude, mon palais délicat d'européen de l'Ouest (avec un grand O) s'en souvient. Puis je maudis de ne pas avoir de slip de bain (ni de pyjama, d'ailleurs) pasqu'au Kempinski, ya une scipine, pardon, une piscine, spa, tout ca tout ca. Et qu'avec le mal de crâne que je me traîne, ce serait pas mal. Mais bon, je me contente d'une douche stéréo avec le son de la télé, adroitement ajustée sur France 24. On ne se refait pas.

J'ai pas bien dormi. Pas à cause de l'équipement confortable de la chambre à 100.000 Fonrints (soit 387 € au cours actuel). Il y a du pay per view pour adultes et l'on me promet de l'action mammaire comme j'en ai rarement vue, sans tabous ni chichis. OK. Mais moi je veux internet. Et internet, c'est gratuit par W-Lan dans le lobby, mais il faut payer dans les chambres... Et puis j'ai toujours mal au crâne. Un coup d'oeil au mini-bar, puis à la carte des prix, me rafraîchit. Bon allez, soyons fous: Je vais prendre de l'eau gazeuse. Et puis je dors et il est déjà 4h30, soit l'heure de se lever pour prendre un taxi à 5h. En bas, il y a du jus d'orange frais et des croissants quelconques. Le réceptionniste a une grosse moustache et l'air méchant, m'est par conséquent antipathique et c'est réciproque. J'y dis qu'il a qu'à me commander un taxi. Et le taxi arrive.

Le taxi ne fait pas de bruit, sans doute à cause du brouillard épais sur la ville. A l'arrivée, le chauffeur vient avec moi jusqu'au comptoir Lufthansa pour se faire payer. Et moi je repars, dans la queue pour se faire contrôler. Je suis pas réveillé: j'ai tout enlevé, ceinture, montre. Sauf mes clés. Donc ca sonne. Le gars qui me fouille doit avoir l'habitude, il voit ce que c'est, me laisse passer. Je m'assieds, ce coup-ci, c'est bon, j'ai internet. Alors je tape. Un souvenir d'une nuit au Kempinski, d'un lundi matin en fanfare et d'hier soir où, peut-être que c'est bien, je n'ai pas passé d'heures dans le noir à démembrer des nécromorphes. Triste, non?

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