lundi 25 février 2008

Dimanche au soleil

Etonnant. Dimanche, il faisait beau et presque, je n'ose le dire tant cela me semble irréel: chaud. Alors les gens d'ici marchaient dans les rues, court-vêtus, affublés d'un sourire triomphant et de lunettes de soleil. Ils faisaient la queue au coin de ma rue, pour acheter des glaces, une masse compacte d'adorateurs de gelati, obstruant presque l'intersection, sans parler du chaos automobile de ceux qui aimeraient bien se garer vite fait pour prendre une glace en passant et puis repartir, le cabriolet allègre et le nez au vent.

Moi, j'ai fait des photos, mais j'ai oublié de les charger sur l'autre ordinateur, dans mon modeste appartement. Alors pour les voir, ce ne sera pas aujourd'hui. Mais bientôt (quand Internet au bureau fonctionnera de manière constante et fiable).

lundi 18 février 2008

Où va?

Chais pas, mais on y va... La gestion d'entreprise est un sujet trop sérieux pour être confié aux gestionnaires. Sur ce cliché magnifique de bon sens rural, le lundi commence, ou plutôt continue. Et ce lundi est riche en événements et en présences opportunes. Il semble que tout ce qui se fait de décideurs et de gestionnaires dans notre entreprise de taille pourtant somme toute modeste se retrouve ici, à Munich, en nos bureaux soudain exigus et déparés de toute couleur festive.

Mais ça, c'est pour l'anecdote. Le sujet important, le voici, le voilà: on a des nouveaux téléphones! Aux regards curieux du monde incrédule je répondrai fermement: si! Des téléphones magnifiques, dont le pied, merveille de technologie, permet jusqu'à deux angles de fixation distincts: 15° et 40°. Des téléphones larges et noirs, avec un écran, un croix ronde de navigation, les touches standard et plein d'autres. Des téléphones VoIP, bien sûr. Qui nous donnent enfin un peu plus de consistance et de brillant, en comparaison avec nos vieux téléphones blancs Siemens, fidèles mais obsolètes.

Les autres touches, élégamment alignées en colonne latérale, ont cette particularité que l'on peut écrire un nom en leur vis-à-vis et qu'elles peuvent s'illuminer. J'ai ainsi sur le côté droit de mon téléphone (ou plutôt du téléphone posé sur le bureau que j'occupe temporairement depuis bientôt 10 mois) les noms de toutes les personnes qui font la vie de ces lieux: Belette stylée, Pangolin transparent, Girafe raide et les autres. Et la touche face à leur nom s'illumine de rouge s'ils sont en conversation téléphonique. Et la touche face à leur nom clignote de rouge si on les appelle. Sans doute que je dois avoir la possibilité incongrue de me mettre en contact direct avec eux en appuyant sur cette même touche. Mais je n'ose pas, il n'y a même pas mon nom sur la liste, en face de mon bouton, je le sais, j'ai regardé chez les autres.

Alors maintenant, à gauche du laptop, un petit peu en retrait, j'ai mon arbre de Noël aléatoire. Grand pangolin me glissa qu'il était heureux d'avoir ainsi à sa disposition un nouvel indicateur de la productivité de ses ouailles. Plus de trois touches illuminées de concert et le voilà heureux. Pendant ce temps, le bateau coule, lentement, sûrement. Peut-être pas cette année, peut-être pas la prochaine, mais inéluctablement. Alors on fait des Task Forces pour prévenir l'inévitable, discuter savamment de choses, d'autres, effleurant la remise en cause du pinceau positif de la construction, tournant résolument un dos déjà rond, au poil hérissé, aux vraies choses qu'ils faudrait mettre en branle, sérieusement, pas le temps, pas les ressources...

Tiens, quatre lumières simultanées, non, plus que deux. J'en soupçonne de téléphoner entre elles...

mardi 12 février 2008

Discofox et fin

Lundi soir, trou noir. Le matin, je me suis levé très tôt pour prendre le premier vol Lufthansa Budapest - Munich. Je me suis retrouvé, à peine réveillé (quoique si) dans un taxi relativement calme. Le conducteur ne portait pas de ceinture, certes, mais il était plus mesuré que certains de ses collègues que j'avais expérimenté auparavant. Le bolide (monospace Ford) ne l'aurait de toute manière pas supporté. Mais cette atmosphère nocturne où le matin est encore loin d'une bonne heure a son charme. Les rues, les néons, les zones industrielles et la rocade de l'aéroport, empli lui d'une vie irréelle.

Evidemment, le portique de contrôle sonne quand je passe dessous. Le portique à Munich, vendredi, n'avait émis aucune réserve. là, si. Il faut que j'enlève mes chaussures. Cela devient ridicule. Mais le wi-fi, de l'autre côté de la porte, fonctionne. Devant ma porte d'embarquement, je me connecte. En fait, je n'ai pas grand chose à faire. Le Blackberry m'a déjà confirmé ce que mon bon sens me criait: rien de nouveau durant ce week-end. Mais je badine sur lemonde.fr, j'ai une jolie voisine sur le banc, il est tôt, tard, chaipas.

Embarquement, décollage, le moment craint de la distribution de la collation. Quelques misérables carrés de mie pressés contre un jambon pâle et un fromage, sans goût, à peine dégelés. Ironiquement (sans doute), l'emballage de ce met quelconque vante la compagnie aérienne et un concept anglais (donc étranger?): flavour. Merci Lufthansa, merci, je n'en demandais pas tant. Ma voisine d'avant est quelques rangées plus loin. Atterrissage, encore trois quarts d'heure de S-Bahn, je lis le Financial Times. Le bureau, pareil à lui-même. Reparti pour un tour.

Je combats la frustration évidente d'une mâtinée sans âme suivie, à peine interrompue, par une après-midi creuse. Que diantre, la soirée me réserve le dernier cours, attendu: le discofox. Au premier abord, une bourrée à peine sophistiquée. Z n'a même pas le courage d'apparaître. Je ne la regretterai pas. Mais je suis, une fois de plus, tout seul. Allons. Juste B, très fatiguée. Et C, pareille à elle-même. Quelques nouveaux couples. Une paire d'allemands arrogants qui se roulent des pelles à toute occasion. Fastidieux.

Le discofox ne me laissa pas un souvenir impérissable. La seule révélation fut le type de musique sur lequel on danse cette chose. Des trucs de jeune, apparemment. La danse en elle-même est énervante. La répartition des masses et sécurisation de l'équilibre me laisse perplexe. On s'y fait. Bof. Je n'écoute plus, je suis déjà parti. Je parle juste à B. Qui parle, elle aussi. Banalités futiles, smalltalk, comme ils disent. Petite blague avec C. L'allemande arrogante prétend me révéler les secrets de la danse. "Tu ne dois pas regarder tes pieds, sinon c'est sûr, tu vas te planter". Je la laisse parler, jusqu'au moment où socialement, je sens qu'une phrase de ma part à son égard serait de bon goût. Je suis poli et constructif. La laisse dans son monde rêveur de pureté qualitative et de jolies choses qui font comme on leur dit, pas contrariantes. Je ne veux pas lui signifier que je ne regarde pas le sol, que je pense à autre chose, en fait. Et que je ne peux pour ceci poser mes yeux sur son insignifance puante de petite bourgeoise fascisante et ordonnée. Je ne la revois pas. Elle et son autre insignifiant s'arrangent pour rester ensembles malgré les rotations, hypnotisés par ces avenirs propres et conformistes de droite qu'ils lisent réciproquement dans leurs yeux.

Je passe un week-end chez les anciens socialistes désorientés, je me retrouve le lundi au bord de l'extrême-droite. Je n'ai jamais vu ou entendu le mot "étranger" (Ausländer) aussi souvent que maintenant, période fatidique d'élections, où se jouent les destins des nations. La Bavière repliée. Les turcs, les étrangers, ceux qui sont même pas de l'Union Européenne (disent les plus modérés). Ceux qui toujours, encore, ont pris sur eux d'aider ces paysans idiosyncratiquement isolationnistes à éviter, pour combien de temps encore, le mur de la consanguinité. Les pauvres. Je les regarde et je pense que si je dois rester ici, la vasectomie sera inéluctable.

Maintenant que le dernier discofox est passé, il me faut une nouvelle occupation. D'abord bien inhiber la St-Valentin. J'ai bien réussi jusqu'à présent, je crois, puisque je n'ai même pas remarqué l'agitation marketing autour de cette date. Jeudi, je fêterai avec un bon Bordeaux et ma XboX. C'est misérable, oui. Peut-être non. Je n'ai rien de prévu. M'en fous. Amour, ce soir, je t'honnis.

mardi 5 février 2008

Un nouveau vainqueur

Je ne sais pas si je l'ai déjà évoqué, mais suite à la désaffection successive de deux managers dans notre bureau l'année passée, l'embauche d'un remplaçant était un phénomène prévisible et inéluctable. L'individu commença donc vendredi dernier dans la joie et l'allégresse. Un inconnu il n'était point totalement puisqu'il apparut officiellement déjà dans quelques meetings précédents. Il n'empêche qu'il ne s'est jamais vraiment présenté et qu'aujourd'hui, outrecuidant, saisissant l'excuse du déjeuner, il m'apostrophe par mon prénom...

Nouveau manager, nouvelle éducation, à refaire. Il va nous les briser menu pendant une bonne année, avant de comprendre vraiment de quoi il retourne. En attendant, tout petit dans son costume, le nez au vent, il faut néanmoins supporter ses questions constructives et ses propositions du futur. Car il est vraiment tout petit et tout seul dans son costume. Je ne l'étiquetterais pas d'insignifiant, mais presque. Néanmoins, pangolin transparent nourrit de grandes espérances en cette créature, justifiées officiellement par son parcours universitaire précédent. Comme si aucun des employés de cette entreprise n'avait un parcours universitaire digne de ce nom...

Bref, il me dit que belette stylée lui a dit que je détenais des clés de son acclimatation en tant que responsable de certaine formation stratégique. Beuh. Belette stylée, quand le pangolin est en vacances, elle se la pète complètement. Genre: c'est à moi d'assurer la formation du petit nuisible baveux qui vient d'arriver. Et en plus je devrais être content parce que 1) c'est un signe de confiance 2) c'est une énorme responsabilité, pas donnée à tous. D'où une joie toute intérieure (j'intériorise beaucoup). On verra bien.

Par contre il va falloir lui trouver un totem, au nouveau. Quelque chose comme louveteau putride, ça lui irait bien. Il faudrait aussi intégrer le fait qu'il a indéniablement une tête de vainqueur...

On me reprochera, à juste titre, d'être bête et méchant envers ce nouvel arrivant empli d'un espoir juvénile qui touche à la grâce et moi, le cynique subversif, qui piétine ses plates-bandes avec délectation... J'ai honte. Mais en fait: non.