mardi 12 février 2008

Discofox et fin

Lundi soir, trou noir. Le matin, je me suis levé très tôt pour prendre le premier vol Lufthansa Budapest - Munich. Je me suis retrouvé, à peine réveillé (quoique si) dans un taxi relativement calme. Le conducteur ne portait pas de ceinture, certes, mais il était plus mesuré que certains de ses collègues que j'avais expérimenté auparavant. Le bolide (monospace Ford) ne l'aurait de toute manière pas supporté. Mais cette atmosphère nocturne où le matin est encore loin d'une bonne heure a son charme. Les rues, les néons, les zones industrielles et la rocade de l'aéroport, empli lui d'une vie irréelle.

Evidemment, le portique de contrôle sonne quand je passe dessous. Le portique à Munich, vendredi, n'avait émis aucune réserve. là, si. Il faut que j'enlève mes chaussures. Cela devient ridicule. Mais le wi-fi, de l'autre côté de la porte, fonctionne. Devant ma porte d'embarquement, je me connecte. En fait, je n'ai pas grand chose à faire. Le Blackberry m'a déjà confirmé ce que mon bon sens me criait: rien de nouveau durant ce week-end. Mais je badine sur lemonde.fr, j'ai une jolie voisine sur le banc, il est tôt, tard, chaipas.

Embarquement, décollage, le moment craint de la distribution de la collation. Quelques misérables carrés de mie pressés contre un jambon pâle et un fromage, sans goût, à peine dégelés. Ironiquement (sans doute), l'emballage de ce met quelconque vante la compagnie aérienne et un concept anglais (donc étranger?): flavour. Merci Lufthansa, merci, je n'en demandais pas tant. Ma voisine d'avant est quelques rangées plus loin. Atterrissage, encore trois quarts d'heure de S-Bahn, je lis le Financial Times. Le bureau, pareil à lui-même. Reparti pour un tour.

Je combats la frustration évidente d'une mâtinée sans âme suivie, à peine interrompue, par une après-midi creuse. Que diantre, la soirée me réserve le dernier cours, attendu: le discofox. Au premier abord, une bourrée à peine sophistiquée. Z n'a même pas le courage d'apparaître. Je ne la regretterai pas. Mais je suis, une fois de plus, tout seul. Allons. Juste B, très fatiguée. Et C, pareille à elle-même. Quelques nouveaux couples. Une paire d'allemands arrogants qui se roulent des pelles à toute occasion. Fastidieux.

Le discofox ne me laissa pas un souvenir impérissable. La seule révélation fut le type de musique sur lequel on danse cette chose. Des trucs de jeune, apparemment. La danse en elle-même est énervante. La répartition des masses et sécurisation de l'équilibre me laisse perplexe. On s'y fait. Bof. Je n'écoute plus, je suis déjà parti. Je parle juste à B. Qui parle, elle aussi. Banalités futiles, smalltalk, comme ils disent. Petite blague avec C. L'allemande arrogante prétend me révéler les secrets de la danse. "Tu ne dois pas regarder tes pieds, sinon c'est sûr, tu vas te planter". Je la laisse parler, jusqu'au moment où socialement, je sens qu'une phrase de ma part à son égard serait de bon goût. Je suis poli et constructif. La laisse dans son monde rêveur de pureté qualitative et de jolies choses qui font comme on leur dit, pas contrariantes. Je ne veux pas lui signifier que je ne regarde pas le sol, que je pense à autre chose, en fait. Et que je ne peux pour ceci poser mes yeux sur son insignifance puante de petite bourgeoise fascisante et ordonnée. Je ne la revois pas. Elle et son autre insignifiant s'arrangent pour rester ensembles malgré les rotations, hypnotisés par ces avenirs propres et conformistes de droite qu'ils lisent réciproquement dans leurs yeux.

Je passe un week-end chez les anciens socialistes désorientés, je me retrouve le lundi au bord de l'extrême-droite. Je n'ai jamais vu ou entendu le mot "étranger" (Ausländer) aussi souvent que maintenant, période fatidique d'élections, où se jouent les destins des nations. La Bavière repliée. Les turcs, les étrangers, ceux qui sont même pas de l'Union Européenne (disent les plus modérés). Ceux qui toujours, encore, ont pris sur eux d'aider ces paysans idiosyncratiquement isolationnistes à éviter, pour combien de temps encore, le mur de la consanguinité. Les pauvres. Je les regarde et je pense que si je dois rester ici, la vasectomie sera inéluctable.

Maintenant que le dernier discofox est passé, il me faut une nouvelle occupation. D'abord bien inhiber la St-Valentin. J'ai bien réussi jusqu'à présent, je crois, puisque je n'ai même pas remarqué l'agitation marketing autour de cette date. Jeudi, je fêterai avec un bon Bordeaux et ma XboX. C'est misérable, oui. Peut-être non. Je n'ai rien de prévu. M'en fous. Amour, ce soir, je t'honnis.

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