J'aurais jamais cru. Non, vraiment. Et puis un jour j'ai écouté du MC Solaar. Bon d'accord, c'est un pic, un cap, une péninsule, chez nous. Du texte de haut niveau, au moins au début. Sinon le rap, c'est pas mon truc. Le hip-hop encore moins. Le R&B, bof. C'est dur de faire la différence, quand on ne suit pas, comme moi.
Ce week-end, je m'accorde une petite folie musicale. Un truc de fous. J'acquiers un album de hip-hop! Seigneur (si tu existes). Il faut se diversifier, pour survivre, non? Je ne vais pas écouter du Poum Tchac toute ma vie, quand même. De là à écouter de l'opéra avec une délectation systématique le soir dans ma cave avec mon verre de whisky, comme dans la pub, il y a un monde. Grand coyote, pas vieux coyote, pour courir dans le désert, il faut un bon rythme, pour chasser dans la jungle, il faut de bonnes basses. Et puis je me souvenais quelques bons clips d'il y a quelques années. Alors j'ai pris Speakerboxxx/The Love Below d'OutKast, un cru 2003.
Le premier disque, bof, il faudrait que je le réécoute, pas trop envie pour l'instant. Mais le deuxième, The Love Below. Ha! Calmé, cassé. C'est bon! Hachement plus créatif que je n'aurais jamais cru. A la base c'est toujours du Poum Tchac, certes. Pas le Poum Tchac de mon habitude, moins vite peut-être et puis pas forcément Poum Tchac mais plutôt Poum Tchac-Tchac Poum-Poum Tchac Tchac. Enfin, je me comprends... Et puis les textes... Ah, enfin du texte... Avec un autocollant supplémentaire "Parental Advisory Explicit Lyrics", les meilleurs (considérant l'effarante inanité des censeurs américains). Ça m'a rafraîchi, ça fait du bien.
Belette stylée aussi semble bien aimer les textes inconvenants. L'autre jour, elle arrive dans mon bureau, dithyrambique, brandissant une boîte plastique carrée contenant un disque de polycarbonate qui, placé dans un appareil idoine, produit en retour une vibration rythmique de l'air ambiant appelée musique. Dingue, ça. Je fais mine de m'y intéresser et je lui promets que je vais lui dire ce que j'en pense, parce qu'elle, déjà, elle ne se sent plus: "C'est français, c'est super. Je l'ai vue en première partie de Mika et c'était mieux que Mika!". Bon. Moi, Mika, à part Relax sous la douche, et encore (question de tessiture)... Alors j'écoute.
Belette stylée écoute Yelle. Moi, je en savais même pas que ça existait. Si j'en crois mon anglais, le nom n'est pas très engageant. Mais c'est français alors oui, je me sens coupable d'être loin de ma campagne natale et des dunes battues de vent de mes vacances et je me force à écouter. C'est gentil, oui. Sympathique, sans doute. Tendance, sans conteste. Mais de là à dire qu'il y aurait une once de créativité là-dedans... Je suis méchant. C'est juste pas mon truc. Il paraît, dixit Wikipedia, que c'est de l'électro-punk, influencée par son compagnon DJ Grand Marnier (sic). Bon. Belette stylée revient deux heures plus tard, me demande ce que j'en pense. Je lui tends son CD avec cette expression qu'ont les chirurgiens dans les séries américaines quand ils doivent annoncer à la famille qu'il ne passera pas la nuit. Elle est un peu vexée. Je lui dis que ce n'est pas grave. Et je lui traduis un morceau du refrain de sa chanson préférée, histoire de faire bonne mesure informative:
Je veux te voir, dans un film pornographique
En action avec ta bite, forme potatoes ou bien frites.
Elle fait bonne mesure, elle aussi, me dit qu'elle aime ça. Je lui dis que ça lui va bien. Elle s'en va. La musique, pas les textes. Elle revient. Je la rassure sur ses doutes musicaux de jeune belette germanique. Les nôtres, de jeunes belettes françaises, portent bien Tokyo Hotel en triomphe, alors... Il paraîtrait même que du coup, elles veulent toutes apprendre l'allemand. Diantre. Moi, en matière de leaders de groupes androgynes, je préfère Placebo. Rien de tel pour bien déprimer. Cent fois mieux que les gesticulations criardes de teenagers d'outre-Rhin. Quand je dis d'"outre-Rhin", je veux bien sûr dire "côté est". Désolé, j'oublie, parfois.
Aujourd'hui, on est sérieux, on travaille. On spécifie des trucs, pour des radios de tracteurs. Marre des tracteurs. J'écoute L'amour ci-dessous, pour me remonter.
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