mardi 11 décembre 2007

Le trot du renard

Hier soir, comme dorénavant tous les lundis soirs jusqu'à épuisement du forfait, j'étais au cours de danse. La dernière fois, j'ai appris la valse tout seul avec une rombière bavaroise. Bon. Je fais la part des choses. Et puis apprendre... des rudiments en 1h30 chaque fois. C'est marrant quand même et il y a du potentiel, si. Donc j'y vais, je ne me défile pas. En plus, quand j'en sors, tard, je peux rentrer à pied dans la nuit, sous la pluie, quelque chose que (vous ne me croirez jamais) j'adore.

Hier soir donc, le sujet des 90 minutes était: le fox-trot. En français: le trot du renard. Idéal donc pour le coyote, en théorie. En pratique aussi. Mais hier soir, à ma grande surprise, je me retrouve avec des concurrents. Deux couples. Merdalors. Et pas des quadra/quinqua/sexa ou plus, non, des jeunes! Ils se roulaient de courtes pelles régulièrement, pour sans doute marquer par là leur complicité/dépendance/appartenance respective. Sinon, pas grand chose de plus à dire. Les mâles étaient anecdotiques, modèles standard locaux (quoique bruns, appelons-les A' et B'). Les femelles étaient aussi anecdotiques (l'une un peu moins, mais trop marquée par cette tendance fitness/jogging youpi youpi, je crois, appelons la A par opposition à B, l'autre), modèles locaux standard (dont une plus brune). Bon. Et moi, dans tout ça? Ben c'est clair, je suis tout seul là, alors je prends ce qui passe, en l'occurrence un modèle d'occasion solitaire, comme la dernière fois. "Grand coyote, tu es là pour apprendre, alors pas de préjugés ni de jugements hâtifs", me dis-je très constructivement à moi-même. Je me retrouve donc avec une munichoise d'âge indéfinissable (mais néanmoins avancé), veuve et un peu trop bavarde (appelons-la Z).

Le cours commence, on fait la théorie tout seul, d'abord, face au miroir. Le miroir, qui par un phénomène physique intéressant réfléchit dans les deux sens. D'où je constate que je fais bonne figure en comparaison avec A' et B', petite satisfaction personnelle, toujours bonne à prendre. Et que A tendrait plutôt à regarder mon derrière que celui de A' (elle a dû s'en rendre compte et compenser ensuite par un bisou baveux discret). B regarde les pieds. Le tour des dames. A a un bon rythme. B, je sais pas. Z a du mal avec le rythme, je commence à nourrir quelques soucis. Et puis le moment redouté arrive: la formation des couples. Allons-y. A-A'. B-B'. Z-Gc (votre serviteur).

Z a du mal avec le rythme. Moi, non. Il faut que je lui explique. Et puis le prof lui explique, aussi. Les autres batifolent, certes, mais sans grande synchronisation non plus. Et puis il met la musique. Je n'aurais jamais cru qu'on pourrait apprendre le trot du renard sur une bande son pareille (ça devait être Kool & the Gang). Bon. Z s'emmêle les pinceaux, s'excuse. Constructif, j'essaie de la rassurer et puis le prof s'en charge. Pendant qu'il lui explique, j'observe les alentours. Même spectacle que précédemment, pas de quoi stresser. On reprend. Z se débrouille beaucoup mieux. Très bien même. Je fais abstraction de la différence d'âge, de taille, du parfum agressif (composition ou volume?) et du fait qu'elle me pétrit le bras droit avec insistance, je suis zen. Sur l'heure suivante, rien à dire. Le prof s'occupe surtout de A-A' et B-B', ce qui est bon signe.

Soudain le prof a une idée de génie, dont je lui serai (temporairement) éternellement reconnaissant: on échange les partenaires. 2 fois 5 minutes. Je me retrouve avec A. Bonsoir. Pas mal, A, vous venez souvent ici? Bon, petits problèmes au niveau du pivot central, moi, j'étais calibré pour la petite vieille, pas pour la jeune élancée. "Hop hop, suivant!", dit le prof. Ah ben non alors, c'est pas juste, on vient juste de commencer. Je me retrouve avec B. Pas besoin de me fixer comme ça, tu n'as jamais vu un coyote? Je n'ose pas lui dire, mais la jupe longue serrée, pour la rotation, ça n'aide pas. Bref, c'était très mauvais, j'en suis presque content de retrouver Z à l'issue des 5 minutes. A-A' et B-B' se font des bisous pour se consoler de leur infidélité passagère, c'est beau. Z me pétrit le bras droit.

Dernier quart d'heure, on accélère le rythme. Les limites de la physique sont atteintes, force centrifuge ou pas. Et puis on arrête. Z veut m'offrir un rafraîchissement car je suis charmant. Je l'en remercie, la prie de m'excuser de mon refus car des affaires urgentes m'appellent en d'autres lieux. Elle m'avoue qu'elle se réjouit d'avance pour la semaine prochaine. Je regarde le planning: tango. Le dieu des coyotes me met à l'épreuve, c'est sûr, mais je serai à la hauteur...

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