
Certes, du point de vue de l'ouverture sociale, cela laisse encore à désirer. Ceci étant dit, même autiste numérique, je laisse encore ma place assise aux nécessiteux estropiés ou débiles dans le métro. Samedi même, alors que je me dirige vers mon appartement après un long combat dans la mer humaine des week-ends précédant Noël, arrive la station HBf. Je suis monté avant, pour éviter le flot et subséquemment, je suis assis sur mon postérieur sur les sièges en bois latéraux, ceux qui font tant pour le maintien des contacts humains en phase d'accélération et de décélération. A HBf, donc, ils se ruent, tous, comme des sauvages, vers les quelques sièges libres, prêts à bousculer quiconque serait sur leur chemin pour cette maigre contrepartie. Une femme d'âge avancé quoiqu'indéfini, reposant sur deux béquilles, se traîne péniblement jusqu'au milieu de la plate-forme alors que tous, fusant autour d'elle, ont déjà trouvé leur place. Et ils font mine de ne pas l'avoir vue, expirant bruyamment leur effort physique soudain ou dépliant un journal-paravent. Alors bon, je me lève et je lui laisse ma place. Bien sûr, elle est trop fière pour m'en remercier, grommelle quelque chose d'indéfinissable, de guttural et s'assied. C'est inouï le nombre de gens fiers qui pourraient passer pour impolis, dans cette ville. Heureusement, je les connais, je ne m'en formalise plus trop. Le moment drôle furent mes trois stations restantes de contemplation narquoise des petits satisfaits courbés précédemment cités, qui s'enfonçaient encore plus derrière leur journal ou observaient benoîtement les textures du tunnel, derrière la vitre. Le tout sur un fond de house électronique savamment mixée par Sister Bliss. Mais ça, ils ne le savaient pas.


Pour préparer les rendez-vous, même tactique. Un client difficile en vue ou une négociation salariale: Daft Punk. Une femme: Everything but the Girl. Un ami de trente ans: Oasis. Et mille autres variations. Mais ma dernière trouvaille est assez efficace. Dans le métro atone des matins et des soirs sans lumière, écoutez des trucs vraiment rigolos. Les autochtones seront déstabilisés par votre hilarité déplacée. Ils vous regarderont comme une bête curieuse mais seront désarmés. Non, ils ne vont pas se remettre en question, bien sûr. Alors moi, certains matins, j'écoute les réquisitoires de Desproges, rafraîchissants de leur mauvais goût outrancier et leur finesse verbale. Un truc qu'ils (les zombies métroportés) ne peuvent pas comprendre, surtout ceux-là. Cassés.
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