jeudi 20 décembre 2007

Liquides mousseux

Hier, journée paisible entre toutes. La fête de Noël de notre entreprise bien-aimée et qui nous le rend bien. Et pour ce faire, nous partîmes vaillants et chaudement vêtus dans un bus de lusque, pardon, de luxe, direction dehors, la campagne, la ruralitude et le désert céréalier. Au milieu du rien, donc, se dresse une étrange bâtisse. Avec des festons en bois, jolis sans doute pour la localité, dont on devine la fierté altière et l'historicité authentique jusque dans la teinte des poutres de bois lasuré et surtout cette lueur dans le regard des autochtones (non, pas les vaches).

Bref, on est allés visiter une brasserie, une fabrique de bière, quoi. Tout le monde se disait que ce serait bien de visiter un brasserie, surtout moi, qui n'arrive pas à m'intégrer dans l'étrangeté environnante, alors se pencher un instant sur les mœurs agricoles et alcooliques des primitifs locaux, c'est bien. C'est faire preuve d'ouverture d'esprit, essayer de comprendre une autre culture au travers de ses coutumes. J'étais drôlement fier. Et en plus, il y avait une dégustation. Je me refuse à penser que ce dernier point ait eu un poids particulier motivant le choix de ce lieu plutôt qu'un autre pour nos réjouissances de fin d'année.

Pangolin transparent nous fit un discours admirable d'autant que relativement court, sans doute sublimé par le caractère cristallin de la nappe phréatique fossile sous nos pieds, dont nous ignorions alors encore jusqu'à l'existence. Une existence qu'il nous fallut ignorer encore quelques instants, le temps que le directeur de la brasserie nous explique, dans son langage local (non, pas les grognements), que c'était drôlement bien d'être une entreprise familiale de génération en génération. Et que sinon il était content de nous voir pour nous expliquer des trucs, mais qu'avant, il nous faudrait revêtir des lunettes polarisées pour voir un film documentaire (bien qu'apologique) en 3D sur le lieu où nous nous trouvions. Ah, le houblon tridimensionnel! Une expérience inoubliable. Un peu années 80, mais bien, sinon, hein, on ne peut pas leur en vouloir, après tout, s'ils ne sont pas des gens de la ville qui ont tout vu, tout vécu, des gros blasés de la vie, quoi.

Après, on a visité la brasserie, qui n'est en fait qu'une immense installation de chimie industrielle entièrement automatisée. Moi, la chimie... En plus, moi, la bière... Mais non, me dis-je, c'est cul-tu-rel, arrête de récriminer et fais attention à ce que dit la dame. Révélation de l'existence de la nappe d'eau pure d'il y a 15000 ans sous nos pieds, là, qui coule d'un robinet étincelant. Première dégustation. Après, je n'ai plus rien compris, parce qu'elle enchaînait les termes techniques abscons et consultés. J'ai cru comprendre un instant qu'il y avait une colonie de moules dans les tuyaux pour filtrer, mais l'on m'en dissuada par la suite. Bref, rien compris, sauf l'esthétisme froid et métallique des tuyaux vibrateurs et des pompes hydrauliques périodiques. Et puis des dégustations. Encore des tuyaux, des cuves, toutes plus récurées les uns que les autres, un enfer étincelant et labyrinthique, du plus profond de mes cauchemars du noyau dur de chimie industrielle en deuxième année (signe de croix).

Révélation: il existe plusieurs types de bières. Elles sont toutes différentes. Quand la couleur ne suffit pas, on invoque des compositions, des pourcentages, un taux d'alcool. On essaye. Et on mange bien gras pour ne pas perdre le fil. Révélation: tout ceci est terriblement écologique, voire "Bio" (même si cette dernière qualité n'est pas criée sur les toits). Empreint de tradition. Importante, la tradition, dans notre monde sans racines en déréliction globale. Par exemple, les cochons qu'on mange, ils sont nourris avec les restes de trucs dans les cuves et les filtres. Ça arrange tout le monde et en plus ils sont contents (le cochon n'est pas une créature très exigeante, aussi bien culinairement que pour le choix du programme télé).

Enfin bon, on m'accusera encore de négativisme subversif si je poursuis sur cette ligne. Nous rentrâmes contents plus tard, pas trop tard, pour compléter, en d'autres lieux de vie nocturne et enfumée, encore, jusqu'à l'année prochaine. De constater que l'expression corporelle hispanique (ou tout du moins de par là) a encore de beaux jours en tressaillements rythmiques sur les pistes de danses d'ici. Mais bon, il a passé "One more time" alors il ne peut pas être foncièrement mauvais, le DJ, il lui faudrait juste un cours de rattrapage. Et puis il y avait belette stylée, qui se fit draguer sans succès par quelques autochtones d'after-business. Et Dolce Gabbana en duo avec le bouledogue grand-breton.

Le dernier liquide mousseux de cette journée fut identique au premier, bouclant la boucle: le gel douche (modèle au citron survitaminé des îles, attrapé au lasso). Pas très écologique, ni recyclable. Bouh. Vilain. Mais dans deux jours, avec Petit Coyote, on ira voir l'océan, le vrai, l'inimitable, l'éternel. Et on sera contents.

1 commentaire:

Unknown a dit…

J'avais aussi compris ca pour la colonie de moules...
Mais en fait, nous n'avions que quelques heures d'avance: les moules (plus très fraiches) étaient là pour l'after-business !!