samedi 5 juin 2010

Bunker

Samedi à Paris, pas envie de sortir. Déjà je temporise, je glandouille et puis quand même, je prends le chemin du dehors. Avant, je mets ma combinaison de guerre sociologique: les lunettes de soleil et l'iPod. Pas de contact visuel, pas de son, je ne parle pas et je ne touche que des choses secondaires et à priori non bactériologiques.

Au Carrefour Market, la foule des grands jours, des petits vieux et des quelconques qui s'accumulent pour acheter vite fait leurs plats cuisinés du week-end. Plein de monde au rayon des boissons. Plein de monde au rayon des boissons alcoolisées. C'est fou. Moi non, j'ai encore du whisky et je crois que ce soir ou même plus tôt, je vais réessayer ce single malt 15 ans d'âge qui me fascine et me nargue, au bord de l'étagère.

J'achète des choses secondaires, même pas importantes, sans âme ni but, comme une ex-amie allemande de sinistre mémoire. Des trucs pas trop gras mais pas parfaits non plus, bonne conscience sélective et restes d'hédonisme. Les petites vieilles s'accumulent à la caisse. Je trouve une caisse pas trop chargée, mais des petites vieilles me suivent. Elles me doublent pendant que je paye et me bloquent le chemin de la sortie. Elles s'esclaffent, convaincues qu'elles sont cool, comme Sex & the City 30 ans après. Je les méprise et je sors.

Dehors, plus loin je vois Grande Belette. Non, pas elle bien sûr, mais sa projection dans 25 ans. Botox et médiocrité, chien ridicule calé compulsivement sous le bras, sourire mondain mais triste. Combien de femmes comme elle, ravagées par la superficialité et la médiocrité, ont perdu tout relief, tout intérêt, pour devenir les potiches sans âme d'une société perdue? Merde, je pense encore à elle... J'ai bien compris avec Cuculidée Malchanceuse qu'on ne peut pas influer sur le destin de ceux qui comptent sans leur participation, sans leur accord. Alors pourquoi je ne peux plus penser à autre chose?

Dans la rue, il y a des filles magnifiques, seules ou pas. Même celle qui sont seules ont cet éclat. Certaines me regardent en coin en me croisant. Donc pas indifférentes? Des années de rien remises en question, c'est trop, il faut que je retourne à ma batcave.

Je rentre dans le bunker, je referme la porte à double tour et je retire la combinaison susdite. Retour vers le temps perdu, avec un frigo plus plein, imparfait mais nourrissant, éventuellement. Et du whisly, encore, toujours, en regardant Dr. House. Il est 15h un samedi à Paris, je bois... C'est pas bon signe.

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