mardi 23 décembre 2008

Day 3

Hier matin, surprise: mon sac est arrivé. Presque intact, d'ailleurs. Ce n'est évidemment qu'après que mon sac soit arrivé que le système informatique de suivi des bagages m'annonça la bonne nouvelle: on l'avait retrouvé! C'est beau, la technique...

Sinon, on a glandé. On a encore mangé trop. Jamais mangé autant de viande pannée et frite que ce week-end chez Papi hongrois. Et puis on a fini la Palinka. Pour ne pas demeurer en reste, il m'en a offert deux jolies bouteilles pour Noël, une à l'abricot, l'autre à la prune. J'en connais qui vont être contents.

Et puis on a déballé les cadeaux de Noël du Petit Coyote. Il était très content. Aussi.

Bref, ce matin, à l'aube, un chauffeur de taxi non polio m'a conduit à l'aéroport qui, suite à une grève persistante d'une certaine catégorie de personnel, m'offrit tout le confort ouaté d'une attente paisible et fort en avance. Je donne mon bagage, elle me le rend en me disant merci, mais maintenant il faut que j'aille le donner au terminal 2B, me trouvant au 2A. Au 2B, je fais la queue, je me retrouve avec les vols internationaux alors j'ai droit à toute l'offre sécuritaire. Mon passeport est contrôlé, je dois enlever ma ceinture, retirer mon laptop de sa housse, retirer mes chaussures. Pour ensuite me rendre compte que mon vol part toujours du 2A, que donc il me faut emprunter un corridor que l'on ne me laissera parcourir qu'après avoir contemplé mon passeport.

C'est nul. Je me trouve une prise électrique et le W-Lan habituel, juste pour me rendre compte que ca pue la cigarette. Oui, la Hongrie, dans son progressisme européen, en a oublié les lois de protection des non-fumeurs. Donc ca pue.

dimanche 21 décembre 2008

Air France me les brise

Oui, Air France me les brise. J'aime la complication: du fait de ma vie triangulaire, pour Noël, je prends un vol multi-stop. Je fais Munich-Budapest, Budapest-Paris puis Paris-Munich. Compréhensible, non?

Pour commencer, je fais Munich-Budapest en passant par Paris. Au moment de remettre mon bagage au guichet, mon cœur se serre. Pressentiment. Mon sac est plein de cadeaux de Noël pour le Petit Coyote. Enfin, plein: surtout niveau volume. Deux boîtes de Playmobil/Duplo, ca prend de la place. Mais bon, je donne le sac.

Dans le Munich-Paris, pendant l'embarquement, une buse innommable renverse son café sur moi et ma voisine. Je ne m'énerve pas. Elle si, mais elle est allemande. Après, elle passe son temps à me donner des coups de coude. Elle n'avait qu'à manger sa soupe quand elle était petite, moi oui alors je fais 1m90 et donc je prends de la place dans le siège du milieu, dans un A318.

A Paris, je suis en correspondance, mais ça ne fait rien, il faut quand même que je sorte pour rentrer à nouveau et repasser tous les contrôles de sécurité. Je shunte la queue, mais ca ne sert pas à grand chose, l'avion est en retard.

Dans le 737, je me retrouve devant une autre buse, femelle celle-ci, qui passe son temps à s'exclamer (c'est son premier vol) et à donner des coups dans mon dossier. Sandwich minable, mais on atterrit. Et là, le contenu de la soute défile. Mon sac: point. Je remplis le formulaire, avec les autres étrangers (bizarrement, pas de français dans les lésés de la logistique).

Il faut que je prenne un taxi, parce que pour changer et comme la mère de mon fils me l'a expliqué un court terme auparavant, je ne peux pas dormir chez elle à cause du piano, alors je vais chez le grand-père de Petit Coyote, qui habite dans la banlieue campagnarde. Le chauffeur de taxi passe son temps à me redemander le nom de la rue, comme si c'était une insulte ou un canular. Il parle à ses collègues à la radio, qui lui expliquent. Mais il prend la mauvaise sortie de l'autoroute (même moi je la connais, celle-la). Il erre dans la nuit, demande son chemin à une station -service ou commencent à se rassembler les accros locaux du tuning (il est 22h30, ce qui a dû être une R19 s'approche pleins phares). Il demande à d'autres gens, s'engage dans un dédale de rues. Trouve un panneau, s'enquiert une fois de plus de ma destination, soupire (bah non, je ne pouvais pas aller au n°1, avenue centrale). Ça fait une heure qu'on tourne, il trouve une autochtone qui veut bien le guider si on l'emmène. Elle doit avoir 16 ans et pue la cigarette. Finalement, on arrive.

Papi hongrois est accueillant, même s'il se demandait ce que je faisais. Je lui explique, dans un allemand à dessein très lent. Et puis en guise de bienvenue on s'enfile à deux une bouteille d'eau de vie de pêche jaune (il tient à la couleur, c'est important). Quand je vous dis qu'il est accueillant.

Le lendemain, confrontation avec la mère de mon fils, qui me l'amène, essaye l'intimidation ("si jamais tu racontes quoi que ce soit à mon père sur mon nouveau copain..."), je lui ris au nez, même si je n'ai pas de chemise ni slip de rechange et que je ne suis pas rasé, parce qu'Air France ne se manifeste pas. Sur la page de suivi des bagages, ils prétendent que mon sac se trouve dans le même vol qu'hier, 24h plus tard. On va voir demain, donc...

jeudi 18 décembre 2008

03:33

Trois, quatre cigarettes? Une odeur de défaite... 03:33. Rideau.


mercredi 17 décembre 2008

Déréliction

Depuis vendredi dernier, le Grand Coyote est une star, dans son petit microcosme corporate. Au point qu'il parle de lui à la troisième personne, ce con. Dans cette deuxième moitié d'année faste, il a travaillé, oui. Ce qui eut pour effet, la semaine dernière, la commande ferme de deux projets de taille respectable pour une somme non modique chez les fabricants de tracteurs. Alors tout le monde est content, en particulier son chef, le chef de son chef, voire même le chef de la branche allemande. Qui lui aurait même dit que la bonne nouvelle fut apportée au grand chef de la plantation mère, en France. Non, Grand Coyote n'est pas trader et il a gagné tout ca honnêtement et même pas complètement tout seul. Mais bon: heureux au jeu...

Cette dernière semaine de l'année n'est guère faste. On s'ennuie ferme, à la plantation. On meuble, on tempère. On dérive, on s'égare. Et puis il y a de nouveaux personnages. Moufette Opulente, qui a pris ses nouvelles fonctions dans la branche aviation (donc épandage). Grande Belette qui peut-être écrira une interview du Grand Coyote dans la Newsletter de janvier, quel insigne honneur. Et puis les autres, ceux avec qui on devra travailler l'année prochaine, beaucoup moins intéressants car désespérément masculins. Alors on boit, à la plantation. Et on planifie ses vacances, tant qu'à faire. Et on commande les cadeaux de Noel sur internet, parce que dehors, dans les magasins, c'est la jungle, non, pire, l'enfer. Pas productif.

Sinon, je suis partagé. Elle ne m'a pas rappelé. Moi non plus. Je sens le jeu stupide. Sauf que les voitures ne foncent pas l'une vers l'autre, mais s'éloignent plutôt. Trois jours encore. Je ne sais pas si je vais tenir...


dimanche 14 décembre 2008

Copains, copines

J'ai été bien brave, elle m'a dit qu'on pouvait se voir, mais qu'il y aurait un copain à elle et aussi une copine. Alors après mûre réflexion, j'y suis allé. Pas de raison, après tout. Au moins, j'ai eu à manger. Mais une chose est sûre, je ne suis pas près de la rappeler. Parce que la géographie bavaroise et les histoires de leurs copains/copines de l'école d'avant, bon...

On m'a dit que c'est un signe qu'elle veut ralentir, reprendre de la distance. Vraiment? Je ne serais pas arrivé à cette conclusion de mon propre chef. Ou alors qu'elle voulait me faire tester par des personnes de confiance. Enfin bon, il semble bien que je puisse partir en vacances, seul mais sans regrets...


mercredi 10 décembre 2008

En roue libre

Effectivement, je suis en roue libre. Je ne suis pas le seul, non. Quantités d'autres sont en roue libre ces derniers temps. Renard crispant est en roue libre. Suricate myope est en roue libre, depuis plus longtemps d'ailleurs. Même notre grand Pangolin transparent, bien que très occupé, semble lui aussi être en roue libre. Carcajou philosophe, lui, n'est pas en roue libre. C'est un gars bien, lui. Il a un plan. Sans doute.

Les fêtes de fin d'année approchent, les dernières semaines furent rudes, la crise, oui, la fameuse crise, nous aurait-elle atteints? La récession, pouah, horrible mot, horrible réalité adverse. Mais non, la roue libre n'est pas une mesure d'économie d'énergie. C'est plutôt le signe d'une indécision coupable, de surcharge. Le temps nous a rattrapés. Pas la vie. On se retrouve devant des comptoirs en bois à attendre sa tasse de Glühwein, dans la foule frigorifiée. On fait la queue dans les magasins de jouets. Et on tombe amoureux, un petit peu, pas trop, suffisamment.

Je tiens d'abord à tirer quelque chose au clair. Ça fait deux ans que ça ne m'était pas arrivé dans cette mesure. Voire plus, puisqu'avant, avec la Mère de mon Fils, on ne s'aimait plus et ça a duré un bon moment avant l'inéluctable. Alors c'est nouveau, pour moi. Cela me pousse à adopter un comportement irrationnel, voire absurde. C'est compliqué. C'est facile. Le grand huit, quoi, la cyclothymie horaire.

Il y a à peu près un an, j'écrivais dans ces pages (ou plutôt les précédentes) que je voulais changer d'air. Je tuai mon avatar d'alors pour (re)devenir moi, non sans une diatribe d'épilogue, en anglais. Non, je n'étais pas bien, à ce moment-là. Mais déjà à l'époque, il y avait Tracey. Elle est toujours là, toujours avec le même air, parfois remixé, mais encore et toujours si vrai, même 12 ans après.

Elle disait:
My heart is that much harder now
That's what I thought before today
My heart is that much harder now
I thought that it would stay that way, before today
Before today

Et le grand Coyote, si fier, si arrogant, se retrouve confronté à sa destinée, à poursuivre une fille, il ne sait même pas de quelle espèce, il n'a même pas eu le temps d'y penser, ce con. Alors il se censure. Parce qu'en fait, il préférerait écrire des messages intitulés "Mon dimanche avec Elle" avec des photos de petits oiseaux et des couchers de soleil. Mais s'il disait ça, il casserait son image...

Pourtant, il est bien embêté. Il en a même arrêté de jouer à la Xbox. Parce que, comme toutes celles de son espèce, elle est difficile à joindre. Parce que, comme d'habitude, dans 10 jours ce sont les vacances. Elle rentrera dans sa patrie, lui aussi. Et puis quoi, il faudra attendre, poursuivre, essayer de la rattraper au début de l'année prochaine? Pas le choix. Ou alors se prendre un vent tout de suite, si c'était aussi simple. Parce que le grand Coyote, ce con, il ne peut pas s'enticher de cibles anodines, non. Il lui faut des choses plus compliquées, aux conséquences possibles plus fâcheuses.


Parfois, le grand Coyote m'énerve. Mais cette année, je ne le laisserai pas tomber. Merci encore, Tracey.


dimanche 7 décembre 2008

Situations absurdes (vol. 2)

Ou comment je me retrouve à l'aéroport, bondé, pourtant j'arrive à me connecter au W-Lan sans problèmes: je suis bien content.

Où je vérifie le vieil adage: "Elle arrive toujours à me joindre, moi je n'arrive jamais à la joindre": elle fait chier, mais bon après tout, on n'est sortis ensemble que deux fois.

Où la mère de mon fils fait pression pour que je me ramène le plus vite possible au début des vacances: elle fait chier, mais bon après tout, ça n'a plus aucun effet sur moi.

dimanche 30 novembre 2008

Situation absurde...

... ou comment je me retrouve dans les toilettes des femmes avec l'une bien échauffée par l'alcool, qui me demande si l'autre me plaît, m'assure qu'elle (l'autre) est formidable mais que je devrais être prudent et ne pas en attendre trop...

vendredi 28 novembre 2008

Spéciale dédicace

La Tracklist du moment, spéciale dédicace à Benz* de Seattle, qui se confronte en ce moment à la condition humaine. On écoutait déjà des trucs comme ca, quand on était jeunes. En fait, on est toujours jeunes...

Ladyhawke - Back of the Van (Fred Falke Ultimate Mix)


The Energies - Born again Runner (Fred Falke Remix)


Kish Mauve - Lose Control (Fred Falke Remix)

mercredi 26 novembre 2008

Grosse fatigue

Entre les changements structurels sinusoïdaux de mon entreprise et la vie de patachon subie mais acceptée avec joie, il ne me reste pas grand temps pour faire les vraies choses bien, les choses qui comptent. Si, un week-end sur deux.

Or ce week-end sur deux est agréablement consacré au renouvellement des raisons de désaccord avec la mère du Petit Coyote, aux argumentations fallacieuses de celle-ci, à ma mauvaise foi en réaction et à la constatation que moins on se voit, mieux c'est. Et puis Petit Coyote, lui, en plein Œdipe, me tape. Pas vrai... Un petit monstre d'1m05/15kg, qui me tape, moi, 1m88/82kg et je n'ai que le droit de me défendre. Et il y met du cœur à l'ouvrage, à jouer aux chevaliers. Heureusement que j'avais le bouclier.

Et puis aussi: mauvaise foi (il doit avoir cela de sa mère). En pleine joute, il jette son épée avec le sourire et crie "Ça y est, j'ai vaincu Papa!". N'importe quel psychologue enfantin vous chantera les louanges de cette preuve vivante d'un développement harmonieux. Moi, j'attends ma revanche, ah! (Oui, le bon Dr. M m'avait prévenu).

Sinon, bah le reste de la semaine: je bois. Terrible. Déjà, rien que cette semaine. Lundi, une bouteille de Beaujolais village 2008 avec Suricate Myope. Mardi, un fond de rosé d'Anjou trouvé dans mon frigo, très bon d'ailleurs. Mercredi, avec le Bouledogue Breton, un Touch Down et un Radler. Jeudi, planifié, un bon Bordeaux chez Carcajou Philosophe, son frère et son beau-frère (qui n'est autre que Suricate Myope, je sais, c'est un peu compliqué, mais on s'y fait). Vendredi, planifié, soirée Sekt avec les Deux. Samedi: déprime. Dimanche: déprime. Lundi, on recommence.

Et puis c'est Noel qui arrive et moi, cette année, j'aime pas Noel. Pas envie. J'ai aussi tendance à faire des trucs qui contredisent mes principes élaborés avec soin et exposés ici, parfois. Compliquée, cette fin d'année...


dimanche 9 novembre 2008

Temps mort

Marre des nécromorphes. Non, vraiment. D'abord, ça veut rien dire, "nécromorphe". Encore une idée d'américain illettré. Il faut dire aussi que moi, dans la catégorie "achat impulsif", j'ai encore battu des records, l'autre jour. Il fallait que je l'achète, forcément, ce jeu. Même si les critiques sur internet disaient que c'était très bien mais super stressant. Enfin, surtout pour ça. Forcément.

Aller regarder des films d'horreur chez le bouledogue breton, c'est une chose. Surtout ceux qui ne font pas peur, par démesure grand-guignolesque dans l'hémoglobine ou autres choses rouges et visqueuses. Le bon Dr. M. me l'avait dit aussi, d'ailleurs. Cette recherche de la peur, des choses qui stressent. Il y en a qui font du saut à l'élastique. Moi, non. Moi, je joue à "Dead Space". Au lieu de m'occuper de ma réinsertion sociale, mais ça, c'est une autre histoire (qui avance aussi, il ne faudrait pas croire).

Bref, depuis que je suis rentré dans ce vaisseau stupide en orbite lointaine, j'en bave. C'est toujours tout noir, tout étriqué avec des bruits bizarres et des sécrétions étranges sur les murs, sans compter ces saloperies de nécromorphes qui me tombent dessus aux moments les plus inattendus. Bon d'accord, "inattendus", pas trop, à force de jouer à des trucs comme ca, d'avoir vu l'intégrale d'Alien des tas de fois ainsi que d'autres documentaires d'époque, on finit par développer un sixième sens. Mais non, ca ne suffit pas. Marre, je dis. J'en peux plus, de découper des membres d'abominations au cutter à plasma, j'en peux plus, de courir sur des passerelles métalliques avec des saloperies mal intentionnées qui me poursuivent, j'en peux plus, des tentacules géants qui surgissent des murs. J'ai bientôt plus de munitions. Ca va mal finir.

Bon alors je vais plutôt prendre l'air. . Et en rentrant, je me jure que je ne rejouerai pas à ce jeu avant... disons... demain. Bon. Je suis têtu, je jouerai jusqu'au bout, même si ça doit me prendre 6 mois (puisque j'arrive rarement à y jouer plus d'une demi-heure de suite). Et quand je l'aurai fini, j'enterrerai le DVD dans une endroit écarté. Et je n'achèterai pas la suite, je ne jouerai plus qu'à des jeux avec des autos. Et encore...


lundi 3 novembre 2008

Ma nuit au Kempinski

Ça avait commencé comme un dimanche normal. Enfin presque. Il fallait que je fasse un aller-retour sur Budapest pour déposer le Petit, le rendre à sa mère et repartir aussi sec. La première partie fut réussie. Alors après avoir accompli ma tâche forcée de père célibataire, voilà que je replonge dans les méandres de Ferihegy, passe les contrôles, remets ma ceinture et trouve une place. Je sors le laptop: que dalle, pas de W-Lan pour toi aujourd'hui (contrairement à ce matin), trop de monde, sans doute. Alors je lis un livre, que dis-je LE livre qui se trouve dans mon sac. Et j'attends.

Sur l'écran plasma suspendu au-dessus du comptoir, l'on nous annonce que le départ est retardé. Et puis on nous amasse quand même dans un autobus qui nous amène tout près d'un avion si minuscule qu'il en serait presque risible, n'était sa tâche ô combien importante de me ramener chez moi. Mais les portes de l'autobus restent closes et l'on constate un certain remue-ménage dans l'avion et autour. Un gars sûrement très important passe son temps ostensiblement au téléphone. Je dis "ostensiblement" car dans sa manière de téléphoner, il ne peut échapper à personne qu'il téléphone, même sans le son (ce qui était le cas, car en-dehors du bus). Dans le bus, maintenant depuis 15 minutes devant le De Havilland 800 et quelques à grosses hélices noires sinon aux couleurs d'Augsburg Airways, la révolte gronde. Une grosse hongroise manque de défaillir, ne serait-ce la présence d'esprit de quelqu'un d'ouvrir un vasistas. Et puis un gros hongrois râle dans l'interphone avec le chauffeur, ce qui a pour effet immédiat d'activer l'air conditionné.

On assiste encore 15 bonnes minutes au ballet empressé des décideurs et techniciens autour de l'avion et non, ca n'a pas l'air bon du tout, puisque le bus redémarre et nous ramène au terminal. Là, dans un hongrois parfait puis dans un anglais approximatif, le gars qui téléphonait avant nous explique que le moteur est (peut-être) cassé et que nous attendons tous sagement la décision de la Lufthansa de réparer et/ou de décoller. 30 minutes plus tard, les dés sont jetés, le petit commandant de bord arrive et dans un allemand parfait nous présente ses excuses et annonce que ce serait réparable, mais que le temps qu'on arrive, l'aéroport de Munich serait fermé et que donc il faudrait se poser à Nuremberg pour attendre éventuellement un transport terrestre. Beuh.

Alors j'écoute mon instinct et je me mêle (pas trop) incognito à une foule de business men qui sont partis comme des flèches. Et je em retrouve au guichet Lufthansa, dans le hall, en 4ème position d'attente de solution. Un petit quart d'huere et je vois tous mes braves co-passagers arriver, la mine défaite et se placer dans une file d'attente longue, mais longue. A n'en plus finir. Et puis c'est mon tour et on me dit qu'un taxi va venir me chercher pour m'emmener au Kempinski. Je sais pas ce que c'est que le Kempinski. Jamèzété. Que là-bas, j'aurai une chambre, un dîner et un petit déjeuner et puis un autre taxi qui m'amènera à ce même terminal, demain matin, pour le vol de 07:05, heure heureuse sinon matinale des transferts intraeuropéens. Alors j'y monte dans son taxi, payé cash par l'hôtesse du guichet Lufthansa et je me retrouve dans une seat qui ne paye pas de mine, mais le chauffeur écoute l'aöbum "Meddle" de Pink Floyd et essaye de me causer un peu en anglais. Donc il est sympathique.

Arrive le Kempinski. Ah ben ca. Un peu luxueux, nonx? Un gars en bleu m'ouvre la porte de mon taxi tout miteux et j'ai soudain un peu honte. Les salauds. Moi qui suis en casual sunday, sans cravate ni Blackberry, avec mes chaussures pour marcher dans la neige... Bref, le gars de la réception tique un peu, mais se reprend très vite et m'indique les formalités. Je me retrouve dans un des restaus du Kempinsi et l'on me sert, à la discrétion de certaine compagnie aérienne susnommée, des spécialités hongroises, dont une soupe au goulash fort honnête, mais trop chaude, mon palais délicat d'européen de l'Ouest (avec un grand O) s'en souvient. Puis je maudis de ne pas avoir de slip de bain (ni de pyjama, d'ailleurs) pasqu'au Kempinski, ya une scipine, pardon, une piscine, spa, tout ca tout ca. Et qu'avec le mal de crâne que je me traîne, ce serait pas mal. Mais bon, je me contente d'une douche stéréo avec le son de la télé, adroitement ajustée sur France 24. On ne se refait pas.

J'ai pas bien dormi. Pas à cause de l'équipement confortable de la chambre à 100.000 Fonrints (soit 387 € au cours actuel). Il y a du pay per view pour adultes et l'on me promet de l'action mammaire comme j'en ai rarement vue, sans tabous ni chichis. OK. Mais moi je veux internet. Et internet, c'est gratuit par W-Lan dans le lobby, mais il faut payer dans les chambres... Et puis j'ai toujours mal au crâne. Un coup d'oeil au mini-bar, puis à la carte des prix, me rafraîchit. Bon allez, soyons fous: Je vais prendre de l'eau gazeuse. Et puis je dors et il est déjà 4h30, soit l'heure de se lever pour prendre un taxi à 5h. En bas, il y a du jus d'orange frais et des croissants quelconques. Le réceptionniste a une grosse moustache et l'air méchant, m'est par conséquent antipathique et c'est réciproque. J'y dis qu'il a qu'à me commander un taxi. Et le taxi arrive.

Le taxi ne fait pas de bruit, sans doute à cause du brouillard épais sur la ville. A l'arrivée, le chauffeur vient avec moi jusqu'au comptoir Lufthansa pour se faire payer. Et moi je repars, dans la queue pour se faire contrôler. Je suis pas réveillé: j'ai tout enlevé, ceinture, montre. Sauf mes clés. Donc ca sonne. Le gars qui me fouille doit avoir l'habitude, il voit ce que c'est, me laisse passer. Je m'assieds, ce coup-ci, c'est bon, j'ai internet. Alors je tape. Un souvenir d'une nuit au Kempinski, d'un lundi matin en fanfare et d'hier soir où, peut-être que c'est bien, je n'ai pas passé d'heures dans le noir à démembrer des nécromorphes. Triste, non?

mercredi 15 octobre 2008

Pleine lune

Ce soir, en rentrant, j'ai vu la pleine lune. En tout cas, elle avait l'air pleine. Et c'est bien ce qui m'ennuie. Puisque déjà, ce week-end, à Budapest, elle avait l'air pleine. Et dimanche soir en allant prendre l'avion du retour. Et Dimanche soir en atterrissant et après le métro. Toujours pleine, incontestable. Et comme depuis vendredi j'ai une concentration de trucs inattendus qui m'arrivent, je me demande... Ou alors je suis amoureux.


lundi 22 septembre 2008

Le cercle de Minuit

Samedi soir sur la terre, en Bavière, plus précisément (lieu annuel de prédilection des alcooliques anonymes et internationaux). Alors on est tous beaux et intelligents et on est assis dans un bar à la mode qui se donne un alibi de restaurant italien, sous la forme d'un serveur arrogant et d'une carte écrite en cette langue transalpine. Par arrogant, je veux dire qu'il pose les deux bouteilles du cocktail apéritif sur la table et s'éloigne. Lorsqu'on lui fait remarquer qu'il peut servir les verres, il répond d'un faux sourire qu'il croyait que nous le fassions nous-mêmes car il ne peut pas savoir quel dosage nous souhaitons, tous une vingtaine que nous sommes... Et puis plus tard, il amène la carte, la pose au bout de la table et repart. Il revient pour prendre les commandes, avec le sourire précédent. On lui fait remarquer qu'il pourrait traduire les plats. Ah bah non, il n'y avait pas pensé.

Ce "restaurant" au service si remarquable s'appelle "La Stanza", est sis à la station de U-Bahn "Lehel" et faites-vous plaisir: n'y mettez jamais les pieds. Ceci étant dit, peut-être serait-il bienvenu que j'explique ce qui m'amena là et en quelle compagnie, puisqu'auparavant, j'étais au musée. C'est beau, la culture. J'y reviendrai.

18h et quelque. Je me perds dans la ville qui m'abrite depuis bientôt neuf ans. Ce qui me permet de demander mon chemin à une jeune femme au sourire agréable qui s'avéra aussi étrangère que moi, bien que topologiquement indiscutablement plus douée. Bref, je perds dix minutes parce que j'étais parti du mauvais côté. Et puis j'arrive devant un bâtiment à l'architecture suspecte, pas rasé (il y a 60 ans). Et en un tourbillon de minutes, je me retrouve à la traîne d'un groupe en visite guidée, déjà plongé dans l'admiration d'objets hétéroclites accompagnés de petites notices sur les murs. Groupe presque équilibré, puisque chacun y a sa blonde et qu'elles parlent entre elles dans un langage de l'Est. Aussi, qu'allait-il faire en cette galère? Il y a deux blondes de trop. Mathématiquement.

Au milieu de la salle centrale de l'exposition trône une BMW de course. Peinte en blanc et couverte de slogans édifiants, destinés à nous faire réfléchir sur la vie, la mort, la société, l'argent, nos destinées putrides de consommateurs décérébrés. Les gens s'extasient. Et plus loin des agrandissements de dessins sur Post-Its. Et des photos de gens. Et une peinture réaliste avec un Picsou géant. J'ai honte de mon inculture crasse, qui ne me fait pas apprécier ces belles choses. L'une des blondes surnuméraires est très jolie.

15h et quelque. Je reprends du rosé de Provence avec le risotto familial du fou napolitain. On a bien mangé. Il nous reste encore une armoire à déplacer. Elle sera vite démontée puis remontée trois étages plus bas. Entre temps, on aura bu un café et trois Cointreau pour faire bonne mesure. Du coup on s'amuse bien et on joue avec sa fille à construire des trains et chasser le lion, jusqu'à ce que la maman nous renvoie à notre devoir de déménageurs. Je vais être en retard.

19h et quelque. Les blondes sont parties devant, c'est la nuit, il fait froid. J'attends à un feu avec le bouledogue breton. Eux non plus ne sont pas très bien organisés, puisqu'il ne savent pas exactement où se trouve cette trattoria vantée où nous devons fêter. On fait toujours les mêmes blagues, dans la rue. Et puis là, le bouledogue se retient, sa blonde n'est pas loin devant, après tout. C'est pas du jeu. Les rues sont vides. C'est vrai, aujourd'hui était le premier jour de l'Oktoberfest 2008.

00h et quelque. La rame de métro sent vraiment très mauvais. Ça et là, des épaves de verre ou humaines, repoussées par les balayeurs ou les vigiles. La jolie blonde est effectivement bien jolie, mais elle n'a pas grand chose à dire. Elle a parlé polonais toute la soirée avec ses copines, alors mon anglais souterrain, tu parles. En fait, elle n'a rien à dire. Et après avoir vainement investi un certain temps de cette soirée à la recherche de défis intellectuels ou de conversations intéressantes, je ne suis pas au mieux. Tout gentil. Tout creux. Trop bu avant, pas assez après.

21h et quelque. Bozo le faux italien m'amène mon second risotto de la journée. Nettement moins bon que celui de l'après-midi. Je lui dis "Grazie" pour le dérouter, avec un sourire méprisant. A y réfléchir, j'ai mangé sans y penser. Une blonde diagonale me demande si c'est bon. Je ne sais plus ce que je lui ai répondu. Anecdotique. De toute manière, elles n'ont fait que se raconter des trucs en polonais toute la soirée. Très engageant.

23h et quelque. Ma voisine de gauche, polonaise, s'extasie sur l'une des pièces de l'exposition précédente et me demande mon avis car elle voudrait installer la même chose chez elle. Je ne l'en décourage pas et me force même à faire preuve de créativité en lui proposant des alternatives. Et c'est là qu'elle se rend compte qu'elle parle à un ingénieur. Comme son mari est ingénieur, elle ne se formalise pas. Elle me dit même que lui aussi était terrible, au début, mais que maintenant qu'ils sont mariés, il s'est beaucoup amélioré. Ah bon. Et puis après, je ne sais plus trop. Elle tient absolument à me prendre en photo. Et le bouledogue fait l'andouille.

22h et quelque. Ma voisine de droite est russe. La seule brune de la soirée. Elle s'est mariée avec un ingénieur allemand il y a trois mois et vient de s'installer à Munich. Avant, à St-Petersburg, elle était traductrice. Maintenant, à Munich, elle vend des costumes folkloriques très chers à la bourgeoisie locale (culottes de peau et décolletés à carreaux). Quelle ascension sociale! Quand je lui demande pourquoi Munich, au-delà de l'évidence de la présence de son mari: parce que c'est "une ville de culture". Qui sombre dans la boisson tous les ans, où les métros sentent alors ces indéfinissables relents de vomi, d'urine et de bière mêlés. Elle est très aérodynamique, mais j'ai envie de lui demander si elle n'a pas vendu son avenir à la sécurité illusoire de l'argent de l'Ouest. Et j'ai envie de demander à son mari sur quelle page web il l'a trouvée.

00h et quelque, un peu avant. Ma voisine de gauche s'en va, non sans m'avoir glissé que je suis une personne formidable. Je me demande sur quoi elle se base, je n'ai pourtant pas été grossier. Une autre polonaise, diagonale, se plonge une dernière fois dans la contemplation du catalogue de l'exposition précédente. Le tableau qu'elle préfère est le plus simple et le plus coloré, mais aussi celui où la guide avait donné le plus d'explications. Cette dernière remarque sonne la fin de cette soirée et la lente glissade vers les profondeurs chaudes du métro, tandis que quelques indigènes échauffés convainquent le DJ de passer des tubes de l'Oktoberfest. Non vraiment, il est temps de partir.


jeudi 18 septembre 2008

Articule!

Lundi matin, joie des retrouvailles dans notre séance hebdomadaire et liminaire de cohésion prophylactique. A cette occasion, toute ébouriffée de superbe stratégique (acquise lors d'un ardu workshop les vendredi-samedi précédents au bord d'un lac), la Hyène Rieuse se lance dans une bafouille passionnante aboutissant à la remarque suivante: "Je pense que cette instance est une très bonne occasion pour les consultants de mieux s'articuler avec leur manager". Ebloui, mais chafouin, je lui fais remarquer que cette phrase ne veut rien dire. Sans doute encore sous l'influence des endorphines acquises à l'occasion susnommée et aussi motivée par l'absence du Grand Pangolin (absence qui faisait de lui la représentation locale et temporaire de l'autorité suprême), la créature se rebiffe et me relance: "Mais non, c'est un vrai mot!". Navré de cette absence d'esprit, je lui rétorque: "Certes, mais point dans ce contexte, mon bon". Alors il a changé de sujet. Lavette.

Maintenant, quand je le vois dans le couloir parlant à quelqu'un, je ne manque pas de le féliciter sur son articulation, parfois, elle aussi, particulièrement transparente et de le remercier pour son engagement. En vérité je vous le dis: on vit une époque fomidable.

mercredi 27 août 2008

La Newsletter

Ce qu'il y a de fascinant, dans les entreprises modernes, c'est le besoin constant de communication. Déjà, quand j'étais petit, dans mon école d'ingénieurs, notre professeur de communication (qui menait une double vie d'artiste-peintre) nous contait la communication institutionnelle, la publicité, les entretiens d'embauche, nous préparait à ce champ lexical nouveau pour nous, où les mots ne veulent plus dire grand chose (quand ils existent).

Ainsi donc nous trouvons-nous, par la force des choses, dans une période de communication galopante. Ainsi donc recevons-nous régulièrement un rapport sur l'avancement des différentes activités (internes) liées à la fusion imminente de nos activités (internes et externes). Ecrit par notre groupe de chefs eux-même (ou plutôt leur porte-parole). Une délectation littéraire et une fête polychrome en format PDF. Il n'est point besoin de l'imprimer puis de l'essorer pour se rendre compte que cette bafouille numérique suinte la suffisance. Déjà, sur la page de titre, les mousquetaires nous gratifient d'un sourire de jeune mère devant le premier caca visqueux de sa progéniture toute neuve. Et de renchérir sur les actions actuelles, toutes en meilleure voie, toutes sous contrôle.

Un petit jeu participatif fut organisé pour donner un nom à notre élan commun. Deux consultants de Rottenburg-sur-Gerbe on gagné la considération globale avec un slogan/logo formidable et progressiste, que je tairai ici par pudeur et discrétion. La participation s'arrêta là puisqu'après, il fallait créer et peupler pas moins de douze groupes de travail sur des sujets aussi divers que l'organisation, les ressources humaines et l'intégration interculturelle (les indiens parlent aux chinois). La population fut directe et discrète: tout ce que nos quatre entreprises confondues comptent de porteurs de cravates, notre Who's-Who corporate, se retrouve ici. Chacun sa place de parking et son titre, la grande parade des vainqueurs. Et déjà l'on s'autocongratule, alors qu'au vrai travail effectif ne furent consacrées que 90 minutes dans une première journée de réunion fort médiatisée.

L'on tourne cette page électronique avec un sentiment de vacuité bruyante, le client n'attend pas, lui. Il affronte la crise, lui. Il n'a plus de sous et y réfléchit à deux fois, lui. Période sombre de croissance négative alors qu'au loin sourd la récession. Malheureusement, aucun de nos objectifs actuels n'intègre le développement durable. Je crois que nous sommes en train de passer à côté d'une énorme opportunité. Comme on dit ici.


mardi 26 août 2008

Débarras

Je me rends compte que cela fait bien longtemps que j'ai écrit dans ces lignes. Que cela ne m'a pas manqué. Que donc je vais bien, c'est fou. Mais voilà, la première semaine de retour est terminée, le premier week-end intermédiaire est passé. Et puis c'est Munich, les gens sont gros, déplaisants, roulent les R dans une langue étrangère et il n'y a même pas de chocolat à la fleur de sel dans les étals. On recommence.

Différences notables: le bureau est vide, presque. Deux bureaux vides, abandonnés. Des cartons sur les tables, les armoires fermées à clef et des piles de papiers. Girafe raide nous a quittés. Et c'est bien comme ça: elle est maintenant, pour sûr, dans un monde meilleur. Je lui ai piqué sa plante verte, son portemanteaux et deux bouteilles de bon Bordeaux, reliquats de cadeaux de Noël pour nos vénérés clients. Berger allemand nous a quittés. Et c'est bien comme ça. De toute manière, il n'y avait rien à récupérer, chez lui. Et puis il y a Chinchilla chic, notre nouvelle ressource humaine, arrivée après la défection de Belette stylée puis de sa remplaçante temporaire, Fouine albinos. Je n'arrive pas encore à m'habituer. Je dois couver quelque chose.

Ces temps-ci, je partage le bureau avec Louveteau putride et la Hyène rieuse, revenue hier, en pleine forme. Il va falloir, avec son ascension hiérarchique exponentielle. Sinon, la routine, quoi. J'en viens à regretter l'océan et les rillettes de sardine. Soupir.


vendredi 8 août 2008

Nouvelles neuves

De ces quelques semaines en Sarkozie Atlantique, je ne sais trop que retenir. Comme c'est la pause, que tout le monde est en vacances, même le gouvernement, on en profite pour emplir les écrans de bilans et autres analyses rétrospectives, en attendant les JO après le Tour. Moi, ca me laisse froid.

L'été, c'est la saison des catastrophes. Les orages, les montées brusques des eaux, les chutes alpines, les accidents de plaisance et les autoroutes engorgées. On est bien servi, cette année, avec quelques accidents bien glauques et autres meurtres bien sordides. Et puis les résultats de la croissance (ou plutôt de son absence), les hausses prévisionnelles, les hausses correctives, l'inflation, les cotisations, les participations, la rentrée parlementaire, le prix de l'essence et du kilo d'abricots.

Heureusement, Ouest France (le quotidien le plus vendu d'ici) nous rassure dans les pages locales avec des nouvelles empruntes d'une désuétude toute vernaculaire et bien confortable. Concours de pétanque, de lancer de bouses, cinéma de plein air dans un champ, puces, foires, tout est bien, fleure bon le rosé, ah! la Vie et cette ruralitude qui nous échappa si longtemps, citadins ingrats.

Pour me remonter, je regarde, d'un internet sporadique, les nouvelles de là d'où je viens. C'est-à-dire le courrier d'entreprise qui m'atteint toujours, même s'il est automatiquement répondu d'une missive polie et anglophone informant de mon absence prolongée. Et là, vendredi soir, alors que la nuit tombait sur la Bavière insouciante, une nouvelle ébranlait ma boîte aux lettres et sans doute les coeurs de ceux qui sont restés là-bas. Pangolin transparent, bien que vespéral à l'occasion, nous informe: deux personnes, que dis-je, deux piliers nous quittent. Girafe raide s'est choisi un nouveau destin, un nouvel abreuvoir, loin de notre entreprise nourricière. C'est triste, cette personnification de la droiture qui part. Et puis le berger allemand s'est fait virer. Ah non, il est peut-être parti de son plein gré. Bof, qu'est-ce que ca change? Il était quelconque et disputait son insignifiance à la platitude des ses réflexions (pour autant que l'on puisse les décrire ainsi). Du coup, on va avoir plein de place au bureau. Mais je suis méchant. Oui.

Sur cette méchanceté justement et dans un paysage audiovisuel presque aussi sinistré que celui d'où je viens, je me délectai facilement de quelques épisodes de Dr. House. Il est possible que j'aie raté ma vocation. Cet homme admirable, bien que fictif, m'inspire. Si.

Sinon je n'ai rien à dire. Que j'écoute un Best of de Stevie Nicks. Que je travaille à vaincre la peur de l'eau du Petit Coyote (qui est très brave). Que je mange trop, à défaut de boire suffisamment. Que les belettes d'ici me laissent froid et que ca m'inquiète. Que j'ai trouvé une voiture allemande immatriculée en Bavière avec un M devant (localisation indiscutable) juste devant le marché couvert et que je me sens traqué. Que je n'ai plus de coups de soleil. Que je ne suis pas allé chez le coiffeur. Feignasse.

P.S.: au coin de la rue, non loin du marché, je suis tombé sur l'internationale péruvienne. Ils jouaient "Sound of Silence" en playback à la flûte de pan. Les mêmes qu'à Munich, Florence, Venise, Budapest, Paris... Mais ici, quand même...


vendredi 18 juillet 2008

... and counting...

Voilà, fini... dernier jour avant les vacances. Tout réglé, tout reporté, tout refilé à d'autres (mes paquets de travail, comme on dit). Tout mis en jolis tas très ordonnés (mais pas classés). Et la réponse automatique des e-mails qui dit que je ne suis pas là. Maintenant, je n'ai plus qu'à faire ma valise et aller à l'aéroport. Aux aéroports, pour être précis. Youhou.


mercredi 9 juillet 2008

Liberté de la presse

Ces temps-ci, l'âme de la presse allemande se surpasse en termes de contenu et de liberté éditoriale. J'ai nommé: Bild. Avant, quand j'étais encore jeune et plein d'insouciance, le cheveu long flottant au vent tourbillonnant des possibles, j'écoutais les revues de presse internationale, qui citaient Bild comme référence allemande, ou alors BamS (autrement dit: Bild am Sonntag, la version du dimanche, encore plus riche que l'autre). Bon d'accord, ils citaient aussi Die Welt ou alors FAZ, mais Bild revenait souvent. J'imaginais quelque chose de respectable. Comme je me trompais...

Arrivé à Munich, en un jour quelconque, si je me souviens bien, je me retrouvai confronté à une réalité douloureuse: Bild, c'est du tabloid populiste et visqueux. Et ses clones aussi (AZ, TZ, variantes locales). Et il y a toujours une jeune fille à la poitrine dénudée en couverture, signe indéniable d'exigence éditoriale (en fait, il y a toujours un texte à côté de ladite photo, pour expliquer qu'elle a chaud ou travaille dans les médias). Chaque matin, la une sur le distributeur de journaux à l'entrée/sortie du métro. Chaque matin la même médiocrité suintante en gros caractères. Chaque matin l'hypnose baveuse des lecteurs au regard atone, dans les voitures bondées. Un peu plus de fascisme rampant, un peu plus de fange conformiste, l'atrophie du cerveau en couleurs vulgaires.

Ces derniers jours, le susdit organe de presse se concentrait sur l'histoire édifiante de l'agresseur du métro. Je ne cautionne pas les actes de cet individu, même si j'ai presque fini GTA IV. Il a tapé un petit vieux sur un quai de métro, sans raisons, par pure méchanceté, rage refoulée, conditionnement télévisé, bêtise ou consanguinité. Ce n'est pas bien, même si les petits vieux de Munich peuvent être particulièrement déplaisants (voir un post précédent). Alors les unes se succédèrent, sur les images des caméras de surveillance, sur les photos du petit vieux bandé, sur le visage de la bête, sur le petit vieux encore plus grabataire, sur des voitures de police. Témoignage du petit vieux: "Il faut l'expulser". Car il s'avéra que l'individu, en sus d'une évidente mauvaise éducation, n'était même pas de chez nous, pardon, de chez eux.

Du coup: feuilleton judiciaire. Une avocate pulpeuse affiche ses seins galbés en bas de la couverture, non, j'extrapole, pardon. Le malandrin, le malfaisant, est identifié, appréhendé, traîné devant la justice d'ici qui ne rigole pas, oh non, encore moins avec les petits vieux qu'avec les autos. On se félicite, recueille une fois de plus le témoignage de la victime. Et puis il y a deux jours, l'on se félicite qu'il soit décidé que le contrevenant, après avoir purgé sa peine en Allemagne, soit renvoyé dans son pays. Aujourd'hui, consternation: sur une image agrandie du fourgon qui le conduit en prison, l'individu affiche une ostensible et étonnante paralysie du majeur droit près de la vitre blindée. Alors on s'offusque et on se congratule en se disant que c'est bien fait. Une page de plus tournée au pays des saucisses molles et insipides, jusqu'à sa prochaine fin de peine et son retour au pays. Que d'émotions primitives. Georg Wilhelm Friedrich, Immanuel et tant d'autres se retournent dans leurs tombes.

Dans un prochain post, je vous parlerai de la télévision, qui remplit un format hebdomadaire des tribulations de starlettes désespérément creuses mais callipyges, confrontées à la "vraie" vie, c'est-à-dire les vaches, les champs, les poules, le bon sens paysan et le roulage des "R". Ça a déjà été fait avant, je vous l'accorde, mais pas avec le même accent.


lundi 7 juillet 2008

Pénurie bienvenue

Aujourd'hui, c'est lundi, pas de Blackberry (et ça rime en plus). La bête est morte, ce week-end, enfin, la batterie. Vide. Ce matin, il clignotait désespérément, rouge, manifestant son désaccord de derniers signaux stridents, sans même la force de vibrer encore. Et comme le chargeur est à la maison, ce n'est pas plus mal. Plus de rappels de meetings, plus de vibrations à chaque nouvel e-mail, plus d'appels, rien, l'autarcie numérique. Le calme, le désert. Si simple...

Les esprits forts me diront: pourquoi tu ne le fais pas si souvent? Pourquoi ne pas désactiver la vibration? D'ailleurs pour quelqu'un qui cultive avec autant d'opiniâtreté la subversion, le négativisme et l'insatisfaction, pourquoi s'affubler d'un Blackberry? Je ne leur répondrai pas, ils n'auront qu'à laisser un message sur le répondeur, que j'écouterai plus tard, éventuellement.

lundi 30 juin 2008

La solitude du pangolin

Oui, le pangolin est bien seul. Nous nous en rendîmes compte, Suricate myope et moi, lors d'un workshop haletant (avec un grand H), ce dernier vendredi. L'idée de départ n'était pas foncièrement mauvaise. Mais le déroulement, les participants, la fatigue de fin de mois et de fin de semaine aidant (n'aidant pas), il n'en resta qu'un petit monticule insignifiant et puant, échappé au contrôle, diarrhée corporate non retenue et déplorable.

Tout avait bien commencé. On était même content d'être là, en quelque sorte, pour la dernière apparition publique de Belette stylée, pour les gâteaux fourrés fournis et l'eau ferrugineuse sagement alignée par bouteilles de 10 cm³ tous les mètres, sur l'assemblage de tables circulaire. La constatation liminaire et calculée, que tout est bien et que l'on performe complètement. Les performeurs sont là, d'ailleurs, par exemple notre modèle à tous, aujourd'hui sans cravate hypnotique, un soulagement pour les yeux (les oreilles devront encore attendre).

Et puis, lentement mais sûrement, on dérape dans une mélasse plus épaisse et plus collante que l'on ne croyait, on s'enfonce dans des sables mouvants et grand Pangolin, même lui, a du mal. Triste réalité, tellement prévisible, néanmoins. Quelques-uns croient encore pouvoir influencer le destin, mais non. Il y a ceux qui n'ont pas fait leurs devoirs, ceux qui n'ont rien compris, ceux qui n'écoutent pas ou prennent des poses inspirées en pensant à leur Blackberry. La Hyène rieuse bat des records. Les autres brillent par leur insignifiance posée.

Grand Pangolin s'énerve un peu, sobrement, quand il se rend compte que les invités lui présentent des compte-rendus pipeau parce qu'en vrai ils n'ont rien fait de ces six derniers mois sur les tâches prévues. En lieu de saine colère hiérarchique, non, il se renfrogne. Le coup qui aurait pu être de grâce, ce fut la démission prématurée de la remplaçante de Belette stylée, avant même d'avoir vraiment commencé. Mais pic, cap, péninsule, le Pangolin tint bon. Alors sur ce workshop, bref, beaucoup de bruit pour pas grand chose, je pars prendre l'avion avant la fin. Les résultats et décisions, communiqués plus tard, demeurent un cocktail peu subtil de réchauffé et d'innovation incongrue. Je me félicite de constater, par exemple, que l'on a décidé de se diversifier avant même d'avoir consolidé le reste, mais plus rien ne devrait m'étonner...


lundi 23 juin 2008

...va falloir y aller...

C'est lundi et comme tous les lundis, c'est réunion au sommet (qui se résume donc au 6ème étage dans la nomenclature corporate). On cause, on cause, de choses pas intéressantes, mais alors pas du tout. Par exemple, Pangolin transparent, apparemment pas dans un de ses meilleurs jours, s'étonne que l'on lui fasse remarquer qu'il serait avantageux d'augmenter la qualité du suivi des besoins par une méthode audacieuse: documenter les besoins dans une liste commune faisant état de leur statut (i.e. nouveau, vieux, a pus), de leur origine (tracteurs ou bombardiers), de leur responsable (la hyène, la girafe...), etc. C'est vrai: on n'en a jamais eu besoin auparavant, alors pourquoi maintenant?

Il nous annonce que bientôt arrive le rendez-vous trimestriel de point sur les activités stratégique: le workshop Q2. Et il est content parce que nos résultats sont bons. Taquin, je lui demande si la corrélation entre ces améliorations et les actions entreprises a été prouvée. Il élude. J'insiste: en effet, si ces améliorations sont objectives, il nous appartient de nous assurer qu'elles ne sont pas dûes au hasard ou à une conjoncture propice pour au mieux les capitaliser et en assurer la reproductibilité. Il élude encore. Je lis dans son regard qu'il a déjà compris que cette journée sera longue.

Après, ça pipeaute. Fait étrange, je ne me souviens plus bien des détails des discussions. J'étais trop occupé à trier mes e-mails. Et Belette Stylée, du siège à côté, m'envoie un e-mail triomphant: c'est sa dernière réunion de ce type. Le temps passe. Et puis il est midi. L'heure à laquelle notre entreprise nous gratifie d'une communication exceptionnelle sur la stratégie des deux années à venir. Le Berger Allemand (qui grisonne, soit dit en passant) vient me chercher: présence requise dans la salle de réunion pour regarder du Powerpoint en gros sur le mur, avec le son de la conférence sur les hauts-parleurs crachotants du portable de Pangolin Transparent. Au bout de 5 minutes, même lui, pourtant toujours si exemplaire, trifouille son Blackberry et bientôt partout dans la salle, surgissent ces terminaux. Même le mien. Le Berger Allemand joue à un casse-briques ou approchant, regarde parfois anxieusement par-dessus son épaule (donc vers moi), pour ensuite corriger l'angle de son écran, s'assurant ainsi que je ne saisisse pas le contenu de son activité. Les autres font de même. Belette Stylée a pris son portable sur ses genoux et paraît très concentrée. Louveteau Putride ne fait aucun effort pour me cacher qu'il est sur G-Mail et consulte aussi les offres d'embauche sur les pages web de nos concurrents.

Je ne conterai pas en ces lignes les summums de rhétorique d'entreprise que nous entendîmes alors. Rien de bien inattendu en définitive. Martre Incorrigible s'énerverait encore, comme toujours, à leur énoncé. J'épargnerai ainsi un coup de sang à tout le monde en me taisant, mais en n'en pensant pas moins. Juste qu'il y aura encore plus de task forces (en anglais dans le texte) que d'habitude. Je redoute déjà les prochaines présentations de l'autre buse, celle qui colle toujours un joueur de fléchettes sur une page pour symboliser nos buts (véridique).

Ce qui m'amena, dans l'après-midi, à accomplir ma première tâche utile depuis des lustres: planifier mes grandes vacances d'été avec Petit Coyote, le seul, le vrai, l'unique, l'indispensable. C'est bête, j'y pense: je vais rater le début des nouveaux workshops et cetaera. Je serai sur la plage, à faire du Knowledge Management de la seule manière qui soit vraiment honorable et utile. Réviser mes vieilles terreurs, revoir mes vieilles amies: résistance des matériaux, mécanique des fluides, mécanique générale, littérature contemporaine ou classiques. Allez, on se casse, là où il y a la mer. Bientôt, très bientôt...


dimanche 22 juin 2008

Heureux au jeu

Par la force des choses et aussi l'entremise de Renard Crispant, je me suis retrouvé au McDonalds. Donc pour manger des hamburgers ou des choses approchantes. Le marketing implacable de l'entreprise susnommée nous gratifie en ce moment et depuis un bon mois sans doute d'un jeu concours grattage pour gagner des tickets pour la coupe d'Europe (c'était bien la peine).

La semaine dernière, je gratte les trois tickets. Je gagne (dans le désordre): un hamburger, une boisson gazeuse de 25cl et une glace. Vendredi, je n'ai qu'un ticket à gratter: je gagne une glace. Par esprit d'expérience, je propose à Renard Crispant de gratter ses deux tickets, puisqu'il semble que j'aie un don. Pas manqué: un capuccino et encore une glace. La caissière à qui je présente deux bons gagnants pour une glace semble étonnée de ma chance. Bah ouais mais: heureux au jeu...

vendredi 20 juin 2008

25% de quart de finale

Et crotte, voilà, ils ont gagné. Déjà qu'ils nous tannent quotidiennement en ce moment avec leurs commentaires et leurs drapeaux en plastique sommairement fixés à leurs tracteurs. On va encore pas pouvoir travailler pendant une semaine. Et tous avec leurs sourires narquois...

Mais comme disait Carcajou Philosophe, autant en profiter. Au moins, comme ça, il n'est pas question ni du Tour de France, ni des J.O.. De deux maux, il faut savoir choisir le moindre. Sinon? Bah rien. La routine, quoi...

lundi 16 juin 2008

Nocturne et la fin qui s'approche

Vendredi soir en rentrant de nuit, forcément éméché, d'un grand moment de rigolade (i.e. France-Hollande ou plutôt Hollande-France), j'ai rencontré une créature elle aussi nocturne, farouche et imprévisible: une belette. Non, une vraie. De là à dire si c'était vraiment une belette ou une autre sorte de mustélidé, mes connaissances des vertébrés homéothermes sont trop sommaires. Notre rencontre fut fortuite et brève, au détour d'une haie. Un éclair brun, une longue queue soyeuse et touffue, voilà... La vie insoupçonnée des villes, pas un bête chat, non, un furet peut-être, un putois sans doute, une créature frêle mais combative, pas encore abandonnée à l'adversité, un prédateur de la nuit. Une leçon de vie, comme dirait l'autre.

Ce week-end fut aussi riche en enseignements puisqu'il releva un pan de rideau sur le mystère de la démographie teutonne. Effectivement: les allemands ne se reproduisent pas ou peu, en tout cas moins que nous et les autres (sauf peut-être les japonais). Pourquoi? Une théorie séduisante, reportée indirectement par un allemand: la responsabilité des commerces (et du capitalisme, somme toute). En effet, jusqu'à il n'y a encore pas si longtemps, le samedi, les magasins fermaient strictement à 16h. Après 16h, il n'y avait plus rien à faire. Alors on s'occupait comme on pouvait. Et puis les lobbies commerçants et un gouvernement (à posteriori) irresponsable rallongèrent les horaires d'ouvertures des magasins le samedi jusqu'à 20h (une heure normale, somme toute). Ils ne se doutaient pas qu'ils allaient ainsi participer au déclin de leur belle nation (formule toute rhétorique). Ils ne manquerait plus que, dans le cadre de la crise énergétique mondiale, les fournisseurs en énergie suppriment les heures creuses (Desproges: "quand on baise avec la lumière allumée") pour porter ainsi un coup fatal à une pyramide des âges déjà bien anorexique. Moi, en ce qui me concerne, j'en suis toujours à un enfant par femme et ça me suffit pour l'instant.

Lundi, c'est l'autre belette qui attend. Dans ces deux dernière semaines, elle va former intensivement sa remplaçante, ici en ce lundi pour la première fois. Il va falloir lui trouver un nom. Jeune, petite, blonde, pas très rassurée ou encore sur la défensive. On ne va pas lui chercher un totem maintenant, c'est trop tôt, on va plutôt occuper ces deux dernières semaines à un deuil plus travaillé de belette stylée, qui nous quitte pour mieux (sinon ce ne serait pas la peine). Snif. Ou presque.